Be Bad !

Vu à Deauville, Youth in Revolt, les 400 coups de Michael Cera

Miguel Arteta est un réalisateur intriguant, un auteur dérangeant. Il confirme tout le bien qu’on pensait de lui avec cette odyssée adolescente complètement délirante.

Le début du film fait immédiatement penser au récent Les beaux gosses pour sa décomplexion totale à dépeindre les mœurs masturbatoires des jeunes mâles puceaux. Nick Twist, joué par l’éternel ado déguingandé Michael Cera, est un gentil garçon, cultivé, rêveur et surtout complètement coincé. Il va rencontrer l’Amour (avec un grand A) lors d’une semaine de vacances avec sa mère et son loser mythomane de beau père (le génial Zack Galifinakis découvert récemment dans Very Bad Trip). L'élue de son coeur s'appelle Sheena, une idéaliste passionnée par la France et qui, de façon totalement incompréhensible pour lui, va tomber sous son charme.

Rentré chez lui, il n’aura plus qu’une idée en tête, partir la rejoindre. Pour cela, il lui faut faire déménager son père (Steve Buscemi, 2eme apparition en compétition officielle à Deauville cette année !) près de là où habite sa dulcinée et surtout convaincre sa mère d’aller le laisser habiter chez son père. Nick va alors se créer un double intrépide, François Dillinger, qui va l’entrainer bien malgré lui de catastrophes en catastrophes pour le plus grand plaisir du spectateur entrainé dans sa folle sarabande.

Le film s’ouvre sur un générique en pâte à modeler et se conclut sur un dessin animé. Entre les deux, on a l’impression d’assister à une fable humoristique, dans un tourbillon de folie joyeuse et contagieuse où tout peut et va arriver. Comme toujours dans ce genre de film, la bande son est au diapason et propose son lot de morcraux pop imparables. Youth in Revolt n’apporte certes rien de véritablement novateur à la thèse traité à outrance au cinéma de l’adolescence en tant que transition semée de doutes entre enfance et âge adulte mais la déclinaison offerte par Miguel Arteta donne une pellicule colorée, sympathique et rafraichissante. Pas aussi naïf qu’il veut le faire croire, plus subversif qu’il n’en a l’air, voilà un film drôle et intelligent. C’est un plaisir bien trop rare pour s’en priver.

Emmanuel Pujol