Y-a-t'il un flic pour sauver la reine ?

Pour les plus jeunes d'entre nous, ZAZ n'est pas une interjection issue de Pif magazine (il existe encore, celui-là ?), mais le sigle d'un trio de réalisateurs ayant bercé la jeunesse de votre serviteur avec 4 machines à rire incontournables des années 80: Jerry Zucker, Jim Abrahams, David Zucker, avec les diptyques Y a-t-il un pilote dans l'avion, et Y a-t-il un flic... J'oublie volontairement les 2e et 3e suites ...Pour sauver Hollywood et L'Humanité (dont la seule présence d'Ophélie Winter suffit pour convenir de la qualité du film), marquant l'essoufflement du petit groupe et l'envie pour certains de faire carrière solo (Jerry ira faire un Lancelot de carton-pâte, et David jouera les utilités de secours sur la saga Scary Movie). Pour nous, enfants de l'époque Jeanne Mas et Patrick Roy, le lieutenant Frank Drebin incarne sans aucun doute l'ultime bastion de la connerie cinématographique, le graal de l'humour. Ben oui. Mais on a grandi depuis, et le film a vieilli, et Sauver la Reine s'avère une mission bien moins rigolarde que dans nos souvenirs.

Après une entrée fracassante qui torture des zygomatiques n'ayant plus trop l'habitude de fonctionner au cinéma, le film s'étiole et l'on se surprend à étouffer un baillement devant cette accumulation de gags ayant largement dépassé leur espérance de vie. Laurel & Hardy se posent en pères spirituels du personnage incarné par Leslie Nielsen (naturellement drôle), mais le clin d'oeil au spectateur,notamment, fait vraiment dépassé.

La parodie et le non-sens qui ont érigé les Pilote dans l'avion au rang d'oeuvres cultes peinent à s'imposer au milieu de cet humour tarte-à-la-crème légèrement désuet. Cela fait sourire, à l'image du running-gag sur la voiture de Drebin, mais ne déclenche pas un éclat de rire à la seconde, comme par le passé.

Reste que l'on ne s'ennuie pas : le rythme est suffisamment alerte, la mise en scène, minimale, laisse le comique s'installer dans le cadre, et le casting s'amuse de ce faux premier degré.

A croire quand même que le passage de la série Naked Gun, créée par les ZAZ themselves, s'est avéré un exercice plus difficile que prévu, tant on a l'impression de voir un épisode qui durerait trop longtemps. Différence faite avec la suite de ...La Reine - Y a-t-il un flic pour sauver le Président ? -, irrésistible, réellement loufoque, dernière inspiration connue des ZAZ français, les Nuls, pour La Cité de la Peur.