Titre VO : Wendy and Lucy
Un film avec Will Patton , Will Oldham , John Robinson , Wally Dalton , Larry Fessenden
Genre : drame - Durée : 1h20 - Année de production : 2008
Date de sortie cinéma : 08 Avril 2009
Distributeur :
Wendy, accompagnée de son chien Lucy, a pris la route de l'Alaska dans l'espoir de trouver un petit boulot et comencer une nouvelle vie. Lorsque sa voiture tombe en panne dans une petite ville de l'Oregon...
Kelly Reichardt signe là un pur film d’art et d’essai trendy, de l’indy classieux qui aurait presque plus sa place dans une galerie d’art contemporain que dans une salle de cinéma. Par petites touches, sans artifices aucun (lumières naturelles, pas de musique si ce n’est celle fredonnée par Wendy) et presque sans dialogues, elle dépeint une Amérique différente, celle des sans-grades, des laissés-pour-compte qui ne doivent qu’à leur seule volonté la rage de (sur)vivre. L’interprétation minimaliste de Michelle Williams (il est difficile d’en exprimer autant en en faisant aussi peu) donne pourtant à son personnage une vraie épaisseur : Wendy est une frêle jeune femme solitaire, courageuse et déterminée au regard dur et mélancolique.
Emmanuel Pujol
Avec son second film, la réalisatrice ose le road-movie immobile, car tout, dans le scénario, l'esthétisme et la réalisation rappelle le genre road-movie existentiel, mais au lieu d'une route droite (comme Une histoire vraie de David Lynch) ou sinueuse (comme Into the wild de Sean Penn), Wendy a une trajectoire concentrique, dont le centre est un parking et le rayon variable au gré des (més)aventures de la jeune femme. Inscrite dans une tendance du cinéma indépendant américain parfois un peu poseuse, la réalisatrice compose parfois de jolis plans artys au détriment du rythme, imposant ainsi quelques longueurs à un film pourtant très court. Mais reconnaissons-lui sa véritable capacité à exploiter le maximum d'une intrigue minimaliste, qui, sans lourdeur, parle d'une Amérique pas si clinquante, où la sinistrose du chômage, des petits boulots, de la pudibonderie (que de conséquences pour un petit vol.. ) enferme les gens dans un repli sur soi, annihile les grands espoirs, au point que ceux-ci se concentrent sur quelques parties infimes du quotidien, et ainsi un chien prend alors une (trop) grande place dans le cœur et l'âme. En phase avec l'univers de la réalisatrice, Michelle Williams exprime peu physiquement, mais le visage et le regard en disent long, non pas sur le passé de Wendy (on n'apprendra rien d'elle) mais sur son mal de vivre et sa rupture consommée avec ses proches. Un récit qui aurait pu être plombant, qui frôle même le glauque sans toutefois l'atteindre, mais qui est relevé par quelques lueurs positives, puisque si le thème récurrent du film est la solitude, on y voit aussi l'ouverture d'inconnus envers une jeune femme un peu paumée, ce qui permet d'envisager la fin du film, triste mais porteuse aussi d'un frêle espoir...
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