Walk the line

Amusant de faire la liste des points communs entre Ray et Walk the line. Sortis à un an d'intervalle quasi-jour pour jour, les deux films ont vu leur acteur principal partir ultra-favori pour les Oscars (Jamie Foxx l'a eu, et Joaquin Phoenix le mérite mille fois plus). Mais surtout, passés ces détails, les films se ressemblent tant dans leur sujet (grandeur et décadence d'un musicien célèbre) que dans leur construction. Comme Ray Charles, Johnny Cash a vécu dans sa jeunesse un terrible drame familial. Comme lui, il a connu un succès fulgurant et instantané. Comme lui, il a baisouillé à droite à gauche malgré l'amour qu'il portait à LA femme de sa vie. Avant de tomber dans la dépression et la drogue (mais Johnny préfère les cachetons plutôt que la poudre). S'il est étonnant de voir autant de ressemblances entre les vies de deux musiciens très différents, voilà sans doute le plus stupéfiant : là où Ray était une gentille bio propre sur elle, avec reconstitution appliquée, récit bien exhaustif et costumes bien repassés, Walk the line est le récit déchirant et enthousiasmant de la vie d'un homme qui peine à distribuer son amour et finit par déconner à force de chanter des chansons pour les taulards. Impertubable film d'amour, Walk the line emporte le morceau grâce à son duo magique (Joaquin & Reese, purement géniaux, se passent de play-back et interprètent eux-mêmes tous les morceaux), à sa réalisation réfléchie et toujours juste (étonnant de la part de James Mangold), et à son scénario impec, qui épouse les codes du biopic sans tomber dans l'académisme. Si en plus vous préférez la musique de Johnny Cash à celle de Ray Charles (et c'est mon cas), Walk the line est vraiment fait pour vous. Sinon, voyez-le quand même.