Titre VO : There Will Be Blood
Un film de Paul Thomas Anderson avec Daniel Day-Lewis , Paul Dano , Dillon Freasier , Russell Harvard , Kevin J. O'Connor
Genre : drame - Durée : 2h38 - Année de production : 2007
Date de sortie cinéma : 27 Février 2008
Distributeur :
Lorsque Daniel Plainview entend parler d'une petite ville de Californie où l'on dit qu'un océan de pétrole coulerait littéralement du sol, il décide d'aller tenter sa chance et part avec son fils H.W. à Little Boston. Dans cet endroit perdu où chacun lutte pour survivre et où l'unique distraction est l'église animée par le charismatique prêtre Eli Sunday, Plainview et son fils voient le sort leur sourire. Même si le pétrole comble leurs attentes et fait leur fortune, plus rien ne sera comme avant : les tensions s'intensifient, les conflits éclatent et les valeurs humaines comme l'amour, l'espoir, le sens de la communauté, les croyances, l'ambition et même les liens entre père et fils sont mis en péril par la corruption, la trahison... Et le pétrole.
Paul Thomas Anderson a touché du doigt l'extraordinaire avec son talentueux "There Will Be Blood". L'épopée , qui couvre 30 ans de la vie de Daniel Plainview (Daniel Day Lewis), un baron du pétrole au comportement violent dans la Californie du début du 20ème siècle, est porteuse d'une rage communicative. A croire que le réalisateur s'est nourri essentiellement des œuvres du petit Kubrick illustré.
En raison de son sujet, de ses grands paysages de Western et de son magnat de protagoniste, le film d'Anderson a déjà été comparé, à tort, à "Citizen Kane". Mais la comparaison ne pourrait rendre compte du portrait assez intransigeant qui est fait du culte de la personnalité et de l'avarice. En tant que révélateur de la colère d'un homme démesurément antisocial, le climat émotif se rapproche quant à lui beaucoup plus d'un "Raging Bull", véritable décharge électrique pour spectateurs ankylosés.
Le travail est ici porté sur l'intensité de l'acteur, qui explose complètement à l'écran et nous laisse tous béat. L'interprétation de Day Lewis est fascinante d'implication. Le Plainview qu'il s'est approprié, qui commence en tant que prospecteur en 1898, trouve son premier gisement de pétrole en 1902 et avale voracement la terre de Californie centrale jusqu'à une confrontation avec ses grands rivaux de la Standard Oil, apparaît d'une force et d'un charisme démesuré. Avec son regard mi-requin mi-rapace Day Lewis transfigure le pouvoir d'intimidation de son personnage. Mais Plainview est capable, quand il le faut, de se parer du charme le plus efficace. Un talent brut qui marche au super !
La VO semble indispensable pour rendre justice également au travail d'accent réalisé par l'acteur, sorte de patchwork texano-britannique râpeux seyant parfaitement au personnage. Le travail d'évolution du caractère de Plainview est renforcé par un scénario qui met l'accent sur la misanthropie et l'isolement émotif du personnage à mesure que se développe son pouvoir. La musique de Greenwood par ses aspects inquiétants participe au brio de l'ensemble.
Bien qu'il fournisse une description sans réserve du capitalisme , Anderson ne cherche pas à parsemer à toute force son œuvre d'allégories politiques. Mais là ou il nous bluffe, c'est réellement dans le cisèlement psychologique de son protagoniste principal, dans la gestion du rythme et dans le maintien d'un atmosphère pesante avant le climax final. Jouant avec l'absence de dialogue, la temporisation ou au contraire l'explosion de violence, Anderson domine son sujet du début à la fin, et le pire c'est que ça lui semble aisé.
Magnifiquement filmé par Robert Elswit et conçu par Jack Fisk, qui a recréé à partir de zéro les villes qui ont grandi autour des gisements de pétrole, " There Will Be Blood" est un film physiquement piquant, témoignage d'un genre radicalement différent d'épopée historique, qui évite allègrement les clichés de la période. Mais finalement c'est par ses échos de modernité que le film et sa férocité ambiante nous glace. Quand Anderson nous met face à un Maelström d'émotions à la beauté terrifiante, il ne nous donne pas toutes les clés, on est un peu perdus, il y a du sang et on se surprend à en redemander.
UN FILM D'EXCEPTION! «There Will Be Blood» est une oeuvre à ne pas manquer. Et déconseillée aux âmes sensibles. Une bande-son oppressante, peu de paroles (mais bien choisies) et un rythme lent hypnotisent le lecteur pendant 2h38 de pur suspense. Daniel Day-Lewis (»My Left Foot», «Le dernier des mohicans», «Gangs of New York») et Paul Dano (»Little Miss Sunshine») interprètent respectivement et avec brio un pétrolier sociopathe et un prétendu prêtre-prophète allumé, deux personnages qui illustrent le maître mot du film: la Démence. La démence humaine, sans limites. Un film inquiétant, violent, un film dont on ne sort indemne mais dont l'acte final vaut le détour et se conclut par de grands éclats de rire, de rire éberlué, cynique, railleur, d'un rire fou... «I am a false prophète, and God is a superstition!» Inoubliable. Déjà culte. A VOIR ABSOLUMENT.
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