Thelma, Louise et Chantal

Thelma, Louise et Chantal, trois drôles de dames sur la route

Une comédie française sous forme de road-movie traitant de la crise de la cinquantaine de trois femmes aux caractères bien différents ? Si l’on pouvait craindre le pire – surtout que Foon, le premier essai collectif de Benoit Pétré, était raté dans les grandes largeurs -, force est de constater que cette gentillette et totalement inoffensive comédie ne laisse pas complètement ses spectateurs sur le bord de la route. Essentiellement grâce à son trio de comédiennes sur le retour au dynamisme contagieux (cela faisait bien longtemps que Caroline Cellier, Catherine Jacob et Jane Birkin n’avaient plus tenu le haut de l’affiche) et à une bande-son réjouissante (composée par Keren Ann de réinterprétations modernes de classiques de la chanson française avec Vanessa Paradis ou Mélanie Laurent derrière le micro, bien vu !)

Parfois mélancolique, visant juste par intermittence, le portrait de ces trois femmes n’évite cependant pas toujours l’écueil d’une vulgarité facile. Et même si le rythme du film se tient globalement, il est dommage de constater que certaines scènes totalement ratées succèdent à des jolis moments d’amitié et de complicité. Sans parler de certains passages obligés qui ne fonctionnent pas, telle cette rencontre avec le bel éphèbe canadien gay ! Ce défaut culmine dans le mariage final, but du trajet où les gags franchouillards les plus éculés se succèdent sans grande conviction et où Thierry Lhermitte cachetonne tristement - une fois de plus.

En voulant rendre hommage à sa mère et à ses amies quinquagénaires, Benoit Pétré s’est lancé dans un projet indéniablement sympathique. Et même si le résultat est assez maladroit, la sincérité se sent à l’écran. Les trois personnages principaux (ne cherchez ni Thelma ni Louise ni d’ailleurs Brad Pitt, le titre n’est qu’un clin d’œil au film culte du même nom…) ne sont certes pas caractérisées psychologiquement de façon très fine, ce sont des archétypes entre la vieille fille faussement coincée, la femme au foyer malheureuse de sa vie et en pleine déprime (le running-gag du chien mort n’est pas des plus drôles) et la pseudo-libérée sexuelle qui souffre en réalité de sa solitude derrière une façade de grande gueule… Les rencontres qu’elles vont faire en route ressemblent tout autant à des caricatures plus qu’à de vraies personnages.

Aussitôt vue, aussitôt oubliée, Thelma, Louise et Chantal est un divertissement sans prétention qui pourra sans doute séduire son cœur de cible (je vous laisse deviner de qui il s’agit) pour une petite soirée télé…. Ah le film sort sur grand écran… Bon…

Emmanuel Pujol