Titre VO : The Road to Guantanamo
Un film de Michael Winterbottom , Mat Whitecross avec Riz Ahmed , Christopher Fosh , Mark Holden , Jason Salkey , Jacob Gaffney
Genre : drame - Durée : 1h35 - Année de production : 2005
Date de sortie cinéma : 07 Juin 2006
Distributeur :
Entre documentaire et fiction, l'histoire de trois Musulmans détenus durant deux ans au camp de Guantanamo avant d'être relâchés faute de charges.
Un film documentaire qui se veut choc mais peine à instaurer vraiment quelque chose. La première heure quasiment raconte la virée de quatre copains, de façon très brouillone, alternant les images d'archives et faisant des bonds dans le temps qui sont quelque peu digeste. Après une heure, on arrive enfin au but : Guantanamo. Mais quelle Guantanamo, au lieu de la critique acerbe que j'attendais, on assiste un déballage de scène plus ou moins cohérentes entre elles, entrecoupés de flash back qui tapent en plein dans l'émotion mièvre. On a du mal à plaindre ses protagonistes perdus dans les rouages d'une entreprise qui ne le concernent pas, et le pire reste les soldats américains, tous des sosies du très méchant et sadique soldats américains. Vous l'aurez compris un film anti-américain qui crache des arguments sans les assembler et nous livre une oeuvre oscillant entre phamphlet et histoire vrai sans jamais réussir à atteindre son but : Guantanamo, un comble vu qu'ils connaisaient la route.
The Road to Guantanamo est sans conteste un docu-fiction nécessaire. Mais il est regrettable que Winterbottom n’ait pas réussi à rendre passionnant son métrage. Les personnages manquent de consistance et d’humanité. Jamais on ne sent leur incompréhension face aux évènements, jamais on ne sent de désir de révolte, jamais on ne sent d’espoir, jamais on ne sent rien. Ils subissent. C’est tout. C’est sûrement ce constat auquel Winterbottom veut nous amener : ces hommes ont subi l’oppression sans pouvoir manifester la moindre émotion. Loin de moi l’envie de renier l’importance de l’existence de ce genre de film mais il ne faut pas oublier qu’il s’agit ici de cinéma. Et au cinéma, il faut réussir à passionner le spectateur. Ce n’est malheureusement pas le cas. La phase la plus intéressante du film, au moment où les 3 prisonniers arrivent à Cuba, arrive trop tard pour susciter un réel intérêt. C’est vraiment dommage. Si seulement c’était Greengrass s’était attaqué au sujet...
Il y a des films indispensables. Non pas qu'il soit fondamental de les avoir vus à tout prix, mais le simple fait de leur existence est rassurant et essentiel. Grâce au film de Michael Winterbottom, on gardera à tout jamais une trace de l'existence des camps de l'humiliation de Guantanamo Bay. Seulement voilà : un film qui n'est qu'un témoignage n'a pas grand chose d'intéressant. Il ne faut pas oublier que nous sommes au cinéma, et qu'il est donc nécessaire de ne pas faire un simple reportage comme ceux qui iront moisir dans les archives de l'INA. Winterbottom l'a bien compris, et c'est une bonne nouvelle. Au début, cependant, «The Road to Guantanamo» fait un peu peur. Le film est d'abord un montage binaire : commentaire d'une victime (»on a pris l'avion pour aller au Pakistan») / illustration (le «héros» dans l'avion pour le Pakistan), etc., le tout étant tellement redondant qu'on n'a d'ores et déjà plus aucun espoir de voir un vrai bon film de cinéma. Ennuyeuse et prévisible, la reconstituion docu-fiction (terme très à la mode) n'apporte rien, et on baille. Et puis, sans trop savoir pourquoi, Winterbottom semble se resaisir. Bizarrement, ce revirement se produit à l'instant même où les trois personnages principaux arrivent «enfin» à Guantanamo. Alors les témoignages face caméra se font plus rare, et le film peut commencer. Alors, avec une crédibilité optimale, Winterbottom dissèque de façon presque clinique les mécanismes de Guantanamo. Humiliations, harcèlement moral et physique : le genre d'exactions qui vous poussent soit à tomber illico dans la dépression nerveuse, soit à vous blinder et à devenir une sorte de machine, inviolable et sans sentiments. Documentaire pourvu de vraies qualités filmiques, «The Road to Guantanamo» montre que le barbare n'est pas celui qu'on croit. Nos trois personnages sont des anglais d'origine pakistanaise qui passaient par l'Afghanistan pour se rendre au mariage de l'un d'entreux. Rien à voir avec Ben Laden. Aucune preuve contre eux. A peine une suspiscion. Pourtant, personne n'hésitera à les enfermer et à les traiter comme des ersatz d'animaux. C'est absolument révoltant, et ça fait froid dans le dos. Non pas que faire subir ce genre de sort à des vrais terroristes soit acceptable, mais qu'on le veuille ou non, c'est toujours plus intolérable lorsque des gens ordinaires sont touchés. Winterbottom montre que tout cela pourrait arriver à chacun d'entre nous : il suffirait qu'un gouvernement étranger décide de faire la chasse aux Européens imberbes, et n'importe qui pourrait se retrouver menotté, la tête dans son urine, sans aucune dignité. Rien que pour cela, «The Road to Guantanamo» est un film qui vaut de l'or.
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