Titre VO : The Informant!
Un film de Steven Soderbergh avec Matt Damon , Scott Bakula , Joel McHale , Tom Wilson , Allan Havey
Genre : thriller - Durée : 1h47 - Année de production : 2009
Date de sortie cinéma : 30 Septembre 2009
Distributeur :
Quelle mouche a donc piqué Mark Whitacre ? Pourquoi un des cadres supérieurs les plus brillants du géant agroalimentaire Archer Daniel Midlands (ADM) décide-t-il soudain de dénoncer les pratiques de sa société et de devenir le chevalier blanc du consommateur ? Se prend-il pour un justicier ? Un héros ? Espère-t-il une médaille ou la reconnaissance éternelle du bon peuple ?
Avant d'obtenir tout cela, Whitacre va devoir fournir au FBI des preuves concrètes des manoeuvres illicites d'ADM. Porter un micro, jouer les agents secrets... L'ennui, c'est qu'il a
tiré lui-même des profits non négligeables des dites manoeuvres, et que son témoignage, pour le moins... fluctuant, risque fort de compromettre le travail des enquêteurs. Peut-on se fier à cet homme à l'imagination galopante? Y a-t-il la moindre parcelle de vérité dans ses allégations ?
Steven Soderbergh est un réalisateur éclectique - qui passe du pur divertissement au film indie intello - doublé d'un vrai bourreau de travail. Pour preuve, The Informant est son ... 4eme film à sortir en salles en France en 2009 après le dyptique sur le Che et The Girlfriend Experience. Je ne pense pas m'avancer en affirmant que c'est un record, même Woody Allen ne fait pas mieux!
Le réalisateur américain dirige ici pour la 5eme fois Matt Damon, un Matt Damon méconnaissable, adepte pour l'occasion de la fameuse méthode Actor's Studio puisque l'acteur a pris 15 kilos et s'est laissé poussé une moustache vintage pour le rôle. Car The Informant s'inspire d'une rocambolesque histoire vraie, celle d'un cadre supérieur chez Archer Daniel Midlands, une grande entreprise d'agro-alimentaires, devenu taupe pour le FBI. Une histoire d'espionnage dans le milieu industriel avec pots-de-vin et manipulations, cela n'a semble-t-il rien de bien original. Oui mais voilà , Mark Whitacre, l'apprenti espion, est un cas totalement à part, un mythomane congénital à la candeur désarmante qu'aucun romancier n'aurait pu inventer.
Et Soderbergh a clairement choisi de traiter le sujet sous l'aspect de la comédie pétillante en faisant parler en voix off ce Mark Whitacre. Et c'est un euphémisme que de dire qu'il parle beaucoup. Atteint de soliloquite aiguë, il dispense aux spectateurs toutes ses pensées intimes de manière totalement décousue, entre ambition illusoire, réflexions absurdes et immenses idéaux moraux. Cela rend certes le film très bavard mais permet de vraiment comprendre ce personnage hors-normes et de le rendre à la fois pathétique et drôle.
Seul bémol, le film met beaucoup de temps à démarrer, la mise en place des personnages et de l'intrigue occupe bien une première moitié du film où il ne se passe presque rien. Mais le feu d'artifice de la dernière demi-heure vaut à lui seul le détour: les mensonges de plus en plus énormes de Whitacre rendent les situations ahurissantes et franchement cocasses.
Petit détail, même si l'action est censée se passer au début des années 90, Soderbergh a fait le choix amusant et pleinement assumé de donner à son film une couleur très début des années '70: teinte beige des décors, costumes mal coupés avec cravates improbables, mobiliers désuets... . Il a clairement expliqué son choix en conférence de presse à Deauville en avouant une fascination particulière pour la décennie 1965-1975.
Autre choix - payant - du réalisateur, celui de ne confier de rôle à aucune tête d'affiche et de n'entourer Matt Damon que d'acteurs peu ou pas connus (exception faite - peut être - de Scott "Code Quantum"Bakula). Cela donne une dimension encore plus réaliste au film, le spectateur pouvant se concentrer entièrement sur les personnages et l'intrigue et non pas sur la performance de tel ou tel acteur - comme cela pouvait notamment être le cas dans Ocean's Eleven où le plaisir du spectateur venait aussi du cabotinage général d'un cast de stars.
The Informant n'est pas un film d'espionnage qui se prend au sérieux, c'est une fantaisie légère, une pochade sympathique au scénario rocambolesque et à la tendance légèrement verbeuse. Croix de bois, croix de fer, si je mens, ... de quoi aurais-je l'air!
Emmanuel Pujol
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