The Immigrant

D'entrée de jeu, on est conquis par le cadre minutieux dans lequel ce superbe mélodrame va se dérouler. Le New-York des années 20 y est soigneusement reconstitué, aucun détail ne manque et nous sommes comme cette immigrée, impressionnés par le Nouveau Monde et la célèbre porte d'entrée qu'est sa plus grande ville, bouillant melting-pot en devenir. On croirait presque deviner une couleur sépia imprégner l'écran, tellement ce retour en arrière est visuellement fort.

Ewa, la polonaise déracinée du titre, accompagnée de sa soeur, viennent y chercher une vie nouvelle et la noirceur présente tout le long du film se lit d'emblée sur leurs visages car le pressentiment que rien n'est gagné est déjà, consciemment ou inconsciemment, présent dans leurs esprits. Il y aura peu de péripéties et on a quasiment l'impression d'assister à un huit-clos, somptueusement mis en scène, avec une sobriété qui permet de laisser la part belle aux acteurs qui vont transcender ce drame époustouflant. En effet, Marion Cotillard incarne cette immigrée avec ce qu'il faut de retenue pour que l'émotion transpire à chacun de ses regards. Venue chercher l'espoir, son désenchantement sera à la hauteur de la désillusion qu'elle rencontrera et nous l'accompagnons dans sa descente aux enfers, en totale empathie avec le sort qui lui est réservé.

Face à elle, l'immense Joaquin Phoenix, qui réussit la performance ahurissante de nous faire aimer un salaud, tout à sa dualité entre proxénète cynique et amoureux désespéré. Au milieu d'eux deux, Jérémy Renner, petite lumière dans cette grisaille, se met à leur diapason sans jamais empiéter sur le jeu plein de grâce de la malheureuse héroïne essayant vainement de se soustraire de l'emprise de son bourreau au grand coeur. Bouleversant de bout en bout, James Gray nous livre un chef-d'oeuvre de noirceur et redonne ses lettres de noblesse à un genre ayant trop souvent tendance, ces derniers temps, à enfanter des oeuvres larmoyantes, aux antipodes de l'envoutement permanent dans lequel nous sommes plongés jusqu'à la dernière seconde de ce film.

Je n'avais pas eu le temps de voir The Immigrant, mais voilà qu'il passe enfin dans mon petit cinéma de ville préféré. J'ai donc enfin sauté sur l'occasion, d'autant plus qu'il est projeté en VO. J'ai trouvé Marion Cotillard tout à fait crédible dans son rôle, son petit accent polonais est parfait. Très belle interprétation, et pourtant, ce n'est pas une actrice que j'ai tendance à admirer. Joaquin Phoenix est, comme souvent (toujours ?), éblouissant. Il campe un personnage ambigu, et nous livre une prestation intense. Jeremy Renner s'en sort très bien également, mais j'ai trouvé son jeu moins saisissant que les autres protagonistes. Une époque très bien reconstituée, un film qui nous plonge dans un univers plutôt glauque, le tout servi par d'excellents acteurs. Un très beau mélodrame à voir !

Tout d'abord niveau visuel, le film est très très beau, le New York des années 20-30 est remarquablement fait. Au niveau réalisme aussi le film est bien peut être un peu trop réaliste du coup, à certains moments je m'ennuyais et sortais complètement du film, c'est dommage... Petit plus pour PHOENIX qui pour moi surclasse tout le monde dans ce film !