The edukators

« The edukators » est un film qui ne peut laisser de marbre. Ce métrage signé du jeune réalisateur allemand Hans Weingartner dénonce le modèle économique capitaliste à travers les agissements de Jan, Jule et Peter, une bande de jeunes utopistes. Ces derniers partent en guerre de manière originale contre le système en visitant de luxueuses résidences dans lesquels ils arrangent l’aménagement et la décoration à leur convenance pour prouver symboliquement leur mépris de ce genre de mode vie. Emmené par le talentueux Daniel Brühl dans le rôle de Jan « The edukators » s’affranchit volontairement du politiquement correct. La scène où celui-ci défend un vieillard alpagué par une bande de voyous dans un bus ou encore celle où Jule égratigne sérieusement la carrosserie de la berline de son patron arrogant avec ses clefs sont à l’image de l’ambiance générale d’un métrage constamment sur le fil du rasoir. On pourrait longtemps débattre de la moralité idéologique de Jan, Jule et Peter, toujours est-il qu’un soir, ils se retrouvent forcés d’enlever un homme d’affaire fortuné qui les surprend chez lui. Cet événement malencontreux amène le trio à se réfugier dans un chalet en montagne avec leur otage. Au fil des conversations, chacun va exposer ses arguments, préciser ses motivations, faire part de ses convictions. Les trois jeunes adultes sont révoltés contre un système qui exploite les plus faibles pour enrichir toujours un peu plus une élite aisée. De son côté, le riche homme d’affaires précise qu’il est un ancien soixante-huitard assagi qui est rentré dans le moule voulu par la société de consommation. Les répliques demeurent convenues voire stéréotypées et n’apportent rien à un débat sans issue véritable mais le but du film n'est pas de convaincre mais de dénoncer, d'interpeller, même si cela est fait de manière un peu timide. Après moult rebondissements, « The edukators » semble se faire l’écho d’un certain espoir qui est que chacune des parties ait mis de l’eau dans son vin. La conclusion déroutante est à découvrir dans un final qui mélange brillamment culot et ironie.