Titre VO : The Brave One
Un film de Neil Jordan avec Terrence Dashon Howard (Terrence Howard) , Naveen Andrews , Nicky Katt , Larry Fessenden , Brian Delate
Genre : thriller - Durée : 2h02 - Année de production : 2007
Date de sortie cinéma : 26 Septembre 2007
Distributeur :
Une femme tente de se remettre d'une violente agression. Dans son esprit germe peu à peu l'idée de vengeance...
Les bonnes actrices ne sont plus ce qu'elles étaient. A une époque, les grandes actrices tournaient dans de grands films et ne se vautraient quasiment jamais, tournant classique sur classique (bon, oui, le classique devient un classique avec le temps, mais quand même...). Aujourd'hui, une actrice multi-oscarisée peut tourner dans une purge improbable ; une autre peut avoir tourné avec Scorsese, Alan Parker, Jeunet, Fincher, Demme, Allen et se vautrer dans un vigilante flick aux doux relents nauséeux fascisants. Un accident ? peut-être si l'on est juste l'actrice principale ; pas sûre du tout si l'on a un QI de renommée internationale et qu'en plus on co-produit le film. Jodie Foster au banc des accusés ; objet du délit : A Vif.
Passons rapidement sur les affaires courantes : la mise en scène de Neil Jordan, l'auteur du très inspiré The Crying game, passe complètement à côté de la plaque, jouant de décadrages gratuits en iconisation débilisante de Jodie Bronson, incapable d'insuffler le moindre rythme et le moindre rebondissement à un scénario qui enchaîne les meurtres froids et gratuits sur un ton idouane. Jodie joue tour à tour la femme amoureuse, la femme fragile, la femme triste, la femme vengeresse, regard d'acier, sans émotion, la certitude d'être dans son droit rivée au revolver.
Tout cela ne ferait qu'un film médiocre de plus, une tentative ratée de revival du genre qui a donné ses lettres de 'noblesse' à Charles Bronson, s'il n'y avait pas ce final qui accrédite la loi du talion. Là où d'autres oeuvres récentes surfant sur ce retour du vigilante, comme Death sentence, questionnent la légitimité de l'auto-justice, A Vif balaie en un mouvement toute vélléité de réflexion, répond sans ambage (certains diront que ça a le mérite de l'honnêteté) et envoie son crachat de haine bête et crasse à la figure du spectateur qui n'en demandait pas tant. On en reste stupéfait, interdit, d'autant que le générique vient défiler rapidement, n'autorisant pas le dialogue avec le film. Rentrez chez vous, et oh! si quelqu'un vous a embêté : descendez-le. C'est aussi simple que ça, et il ne fallait certainement pas 2H de médiocrité pour nous l'asséner ainsi.
Très maladroit ou très dangereux, A Vif ne se permet pas le luxe de l'ambiguité et s'affiche d'emblée comme une bombe à retardement à lâcher dans toute bonne société sous implosion. En pensant certainement contenter les classes supérieures de la société, Jordan et Foster ne font que conforter ceux qui applique déjà la loi du talion. Hors cela, le film est mauvais. Mais c'est anecdotique.
Les films dont le héros fait justice lui-même sont souvent d'un goût douteux. Pas besoin d'être prix Nobel de la Paix pour s'en rendre compte. Se classant dans cette catégorie, À vif n'échappe pas à la règle : la morale est des plus douteuses, la loi du talion sortant presque grandie de ces deux heures de film. Dans le genre, on a pourtant fait bien pire ces dernières années. De Joel Schumacher à Bill Paxton, les cinéastes à la dérive ont multiplié les efforts pour promouvoir le fameux «oeil pour oeil, dent pour dent». En fait, si À vif choque bel et bien, ce n'est pas tant par son propos que par la médiocrité latente de l'ensemble. Le nouveau film de Neil Jordan se distingue d'abord par un scénario qui bat régulièrement des records de stupidité, alignant scènes ridicules et graves erreurs de logique. Étonnant de voir que madame Jodie Foster, dont on a tant vanté le quotient intellectuel et l'exigence, ait pu se laisser entraîner dans cet imrobable marasme. Sur une base pas plus bête que la moyenne (une veuve en colère a des envies de vengeance), les scénaristes ont écrit la suite avec les pieds : après s'être procuré une arme pour se sentir plus en sécurité, l'héroïne va se trouver à maintes reprises en position de faire feu sur de gros méchants. Ce qu'elle fera sans vergogne, scène après scène, dans un déferlement d'hémoglobine plus toc que choc. Et ce n'est que le début d'un long délitement programmé. La grosse surprise, c'est qu'un cinéaste aussi fin que Neil Jordan n'ait pas su choisir entre drame humain et polar tape-à -l'oeil. Il tente vainement de faire cohabiter une atmosphère réaliste avec des rebondissements à peine dignes d'un téléfilm du samedi soir. S'ensuit une incohérence frappante entre fond et forme, défaut assez inattendu chez un réalisateur chevronné. Sa direction d'acteurs n'est d'ailleurs pas plus reluisante, mais à au moins le mérite de prouver enfin au monde entier que Jodie Foster est une très mauvaise actrice. Intonations forcées, expressivité limitée : sa prestation est une véritable catastrophe, d'autant qu'on l'a déjà vue mille fois dans ce sempiternel rôle de femme-courage franchement lassant. Il y a cependant un élément dans À vif qui mérite le coup d'oeil : la patte de Philippe Rousselot, excellent directeur de la photo, qui compose ses plans comme d'autres peignent des toiles, maniant les couleurs et les angles avec une subtilité pour le moins prodigieuse. L'idéal serait donc de se boucher les oreilles et d'entourer son cerveau de sparadrap, pour absorber ces belles images sans pour autant être contaminé par le reste. C'est cette réussite visuelle, et elle seule, qui différencie À vif des moins bons films de Charles Bronson.
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