Titre VO : The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford
Un film de Andrew Dominik avec Brad Pitt , Casey Affleck , Sam Shepard , Sam Rockwell , Paul Schneider
Genre : western - Durée : 2h39 - Année de production : 2007
Date de sortie cinéma : 10 Octobre 2007
Distributeur :
Tout en préparant son prochain hold-up, le charismatique et imprévisible desperado Jesse James se lance dans une guerre sans merci contre ceux qui se sont mis en tête de se couvrir d'argent - et de gloire - en lui trouant la peau. Mais la vraie menace pourrait bien venir de ses propres rangs, plus précisément de ce jeune flingueur qui vient de rejoindre son gang et dont l'admiration se teinte de jalousie...
Jesse James est un dieu du grand banditisme. Il a fait sauter des banques, détourné des locomotives, braqué des diligences, « refroidi » une vingtaine d’hommes et sa légende est demeurée égale à elle-même, aussi décriée qu’adulée dans toute l’Amérique. Mais le chemin s’arrête pour Jesse James. En engageant dans son gang Robert Ford, un jeune en adoration devant lui, il vient de signer son arrêt de mort. La lente avancée dans un couloir de la mort aux contours brumeux débute alors. Andrew Dominik fait voyager le spectateur à travers de sublimes paysages, accompagnés d’un filet mélodique et d’une voix off annonciatrice de la dégénérescence de notre héros. L’assassinat de Jesse James est tout aussi capable d’hyptnotiser que de vous perdre d’épuisement au beau mileu de la route. En effet, le titre comme le film sont à rallonge : 2h35 ! Cependant survivre à la mise en place laborieuse au début du film, c’est se rapporcher (peut être) du cœur de Jesse James. Derrière le regard glacé de Brad Pitt, il y a les crises de démence furieuse, le délabrement psychologique d’un desperado à bout de souffle. En effet, ce grand acteur en impose, sans pour autant écraser Casey Affleck, qui se défend comme un chef dans les bottes du minot à l’admiration maladroite qui cherche à s’imposer. Quand sonne la dernière heure du film, la relation du mentor au digne successeur, de l’idole au fanatique prêt à tout, prend enfin tout son sens. Il y aura plus d’intensité ici que dans tout ce qui aura précédé. Patience, donc…
Dans l'histoire méricaine, Jesse James est une légende, sorte de Robin des Bois, bandit des grands chemins version conquête de l'Ouest. Autant que sa vie, c'est sa mort qui fait partie de la culture locale, lui qui fût lachement assasiné ( comme l'indique le titre du film, kilométrique) par un certain Robert Ford, petit jeune engagé dans son gang. Pour rendre justice à ce héros, le réalisateur Andrew Dominik remarqué en 2001 pour son très sanglant Chopper, à décidé de tourner le dos aux canons en vigueur dans le genre ultracodé qu'est le western. Pas de duels au soleil, de héros solitaire ou de colts tapageurs. Non, ici, les héros sont fatigués, peureux, lâches, le ciel est gris, les paysages (sublimes) froids et enneigés. La caméra préfère s'attarder sur les relations notamment celle, particulière, forte et étrange, qui lie Jesse James et son futur meurtrier, mélange d'attirance et de répulsion. Bercée par la superbe musique composée par Nick Cave, la caméra prend tout son temps (2H40!) pour filmer langouresement l'immensité de la nature et la petitesse des hommes . En découle une ambiance unique et hypnotique, sorte de rêve éveillé régulièrement souligné par le flou qui envahit les quatre coins de l'écran. Une véritable expérience.
Voir ce film et mourir. Prenez les cinquante meilleurs réalisateurs du monde, les cinquante meilleurs écrivains, les cinquante meilleurs peintres, photographes, compositeurs de l'univers ; ne gardez que le summum de l'optimal du talent de chacun et mélangez doucement. Alors il est possible d'envisager que l'oeuvre obtenue arrive à la cheville de L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, le meilleur titre de l'année pour le chef d'oeuvre de la décennie. Une oeuvre puissante et belle à pleurer, modèle d'épure et d'innovation, anti-western doublé d'une contre-tragédie. Étonnant de constater que le réalisateur du rustaud Chopper s'est métamorphosé en six ans en un cinéaste fin et racé. L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford (il est impératif de citer ce titre en entier, tant il est partie intégrante du film) a beau durer près de 2h40, il n'y a là -dedans rien à jeter, pas le moindre plan superflu, rien que du très beau et du très grand cinéma. Celui qui procure des frissons (plaisir, chagrin, sensation consciente d'être face à un film phare des années 2000) du prologue à l'épilogue, et qui aura entretemps arraché quelques litres de larmes à ses spectateurs. Dominik a su trouver le contrepoint parfait entre une énergie de tous les instants et une mise en scène très travaillée, découpée au scalpel, jamais bêtement contemplative. Beaucoup se seraient appliqués à faire de L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford un western volontairement lent et clinique, pour faire se pâmer les taupes des cinémas et faire fuir les autres. Le metteur en scène, lui, ne rejette personne (même si, au final, son film est particulièrement exigeant) et crée son propre style et son propre rythme. Il se passe parfois peu de choses, mais on sent alors que le monde entier vacille sur les pas de James, Ford et les autres. Sensation étrange et délicieuse, le sceau des grands cinéastes. Dominik s'impose comme une sorte de nouveau Terrence Malick ; mais un Malick qui aurait cessé de se la jouer artiste maudit pour Nature et découvertes au profit d'un fond dense, incontestable, et en lien très étroit avec la forme. Difficile de résumer un tel objet : tout tourne en tout cas autour de l'évènement cité dans le titre, stupéfiante conséquence de tous les évènements précédents. Mais cet assassinat ne sonne pas vraiment comme une fin ; plutôt comme un instant hors du temps au cours duquel le petit monde de Robert Ford aurait atteint une dimension parallèle. Ford est d'ailleurs le personnage principal du film, incarnant la cause de ces hommes de second plan, frustrés de vivre dans l'ombre, et si admiratifs de leurs héros qu'ils finissent par les haïr cordialement. Raconté par Dominik, c'est évidemment beaucoup plus complexe que cela. Au beau milieu de cette épopée intérieure, les acteurs n'apparaissent que comme des pions déplacés à loisir par le metteur en scène. Mais quels pions! Brad Pitt trouve une résonance inédite, faisant de son jeu minimaliste un plus-produit inattendu ; quant à Casey Affleck, petite pépite toute frêle, il est juste déchirant. On ne regardera plus jamais un tableau poussiéreux de la même façon, pas plus qu'on ne lira la une du journal local en diagonale. Méfions-nous de l'eau qui dort : après L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, la vie n'aura plus jamais le même goût.
Annoncé comme un western contemplatif, les critiques ne sont pas beaucoup trompé. Andrew Dominik qui reapparait après le sublime Chopper. Et pas n'importe comment, puisque le voila au commande d'un western sur la légende de Jesse James avec Brad Pitt et Cassey Affleck. Bien sur on s'attendait à un western classique avec des duels et des fussilades d'enfer. Mais c'est que l'assassinat de Jesse James se détache, loin des clichés du genre, ici tout est construit comme un tableau, les plans de nature sont magnifiques, l'action est lente et mesuré, les dialogues glissent sur le tout, réfléchis, sans aucun artifice ni rien d'inutile. Mais loin d'ennuyer le specateur, c'est bel et bien une immerson totale dans le quotidien d'homme, dont la légende colle à la peau. Et c'est là que Dominik réussit son plus gros exploit : la psychologie. Esquissé en 2h40 la complexité des hommes et les tourments de personnages comme l'illustre Jesse James. Les acteurs y sont aussi pour beaucoup, Brad Pitt est subjugeant dans le rôle de ce brigand vieillisant et tourmenté. Mais Cassey Affleck vient lui voler la vedette, en livrant une de plus belle interprétation qu'on est faite, tout en subtilité et en complexité, qui réussit à émouvoir avec sa voix chevrottante tout en révulsant par ses actes. Le tout aidé par des seconds rôle prestigieux, comme Sam Rockwell qui apporte aussi sa pierre à l'édifice, mais aussi Sam Shepard et Jeremy Renner. Un film sompteux donc, sans artifice, et tout en subtilité, qui coule comme une longue poésie, et qui reste un des plus beaux portraits d'homme qu'on ait fait.
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