Titre VO : On The Road
Un film de Walter Salles avec Garrett Hedlund , Sam Riley , Tom Sturridge , Viggo Mortensen , Danny Morgan
Genre : Drame - Durée : 2h20 - Année de production : 2012
Date de sortie cinéma : 23 Mai 2012
Distributeur :
Au lendemain de la mort de son père, Sal Paradise, écrivain new-yorkais débutant, rencontre Dean Moriarty, jeune voyou dangereusement séduisant. Ils accrochent immédiatement. Déterminés à ne pas se laisser piéger dans une vie médiocre, Sal et Dean prennent la route : assoiffés de liberté, ils découvrent le monde et partent à la rencontre des autres et d'eux-mêmes.
La décision de confier à Walter Salles le soin d’adapter sur grand écran le roman culte de toute une génération, Sur la Route (1957) de Jack Kerouac, apparaissait de l'ordre de l'évidence. Or, depuis l’association ratée entre Burton et son Alice des merveilles, qu’on croyait pourtant idéale, on sait qu’il faut se méfier grandement des évidences. Et hélas, ce n’est pas ce road-movie qui tourne très vite en rond qui va y apporter un démenti.
Dans les cartons depuis des années (après que Kerouac lui-même ait voulu l’adapter avec Marlon Brando et James Dean, c’est Coppola qui détient les droits du livre depuis … 1968 !), c’est finalement à Walter Salles qu’échoit cette adaptation jugée impossible. Il a pour l’occasion fait appel aux mêmes scénariste (José Rivera), directeur de la photographie (Eric Gautier) et compositeur (Gustavo Santaolalla) que pour ses Carnets de Voyage. Et force est de constater que l’attente autour du film était telle qu’il aurait sans doute mieux fallu ne pas assumer le lourd héritage et peut être juste écrire un scénario original autour de la beat-generation.
Pourtant le film commence de façon prometteuse : le jeune Sal Paradise (alter égo que s’état choisi Kerouac qui avait donné des noms d’emprunt à tous ses proches) part sur les routes au lendemain de la mort de son père. Il monte à bord d’un camion transportant des saisonniers tout droit sorti des Raisins de la colère et l’on sent alors que l’on va peut-être se laisser embarquer dans la quête de sens de Sal – un précurseur en quelque sorte qui a engendré bien des vocations, à l’image du héros d’Into the Wild (à ce propos, c’est en l’ayant vu dans le film de Sean Penn que Walter Salles a pensé à confier à Kristen Stewart le rôle de Marylou).
Hélas, Sur la route se résume vite en une succession de scénettes avec Sal et ses potes (Sal fait du stop, Sal est saoul, Sal ne trouve pas l’inspiration,…) semblant toutes sortir des livres pour enfant « les aventures de Martine » tant l’ensemble reste sage et lisse (oui, bien sûr, on couche, on se défonce la tête mais l’image est bien trop propre, jamais on est saisi ou choqué ou ému par le destin de ces hommes à peine sorties de l’enfance et qui se rêvent en artistes maudits) et peine à transmettre l’esprit de révolte, de liberté et de bouillonnement intellectuel de la beat-génération, marqué par les excès en tous genres et les irruptions spontanées de créativité. Même Howl, un portrait d’Allen Ginsberg, pourtant pas franchement réussi et sorti en toute confidentialité sur les écrans en début d’année, rendait beaucoup mieux hommage à ces années folles de débauche rock’n’roll et de nihilisme poétique.Â
Autour d’un Sam Riley qui déçoit rarement (souvenez-vous de Control où il avait impressionné par son interprétation de Ian Curtis, le leader de Joy Division), le reste du cast assure l’essentiel, de Garret Hedlund, sourire ultra-brite, en tombeur de ces dames immature à Tom Sturridge en timide Ginsberg en passant par Kirsten Dunst avec son rôle de femme au foyer délaissée.
Au moins le film donne la furieuse envie de plonger dans le roman (aveu : je n’ai jamais eu l’occasion de lire). Un long-métrage qui donne envie de lire, c’est toujours mieux que rien !
Emmanuel Pujol
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