Titre VO : Somewhere
Un film avec Stephen Dorff , Chris Pontius , Alden Ehrenreich , Aurélien Wiik , Maurizio Nichetti
Genre : Comédie dramatique - Durée : 1h38 - Année de production : 2010
Date de sortie cinéma : 05 Janvier 2011
Distributeur :
Johnny Marco, auteur à la réputation sulfureuse vit à l'hôtel du Château Marmont à Los Angeles. Il va recevoir une visite inattendue : sa fille de 11 ans.
Johnny Marco est perdu: acteur célèbre mais plus à ranger dans la catégorie people que potentiellement oscarisable, il se consume lentement mais surement entre son appartement au mythique hôtel Château Marmont de Los Angeles et des soirées où, désœuvré, il boit souvent trop et rentre saoul au volant de sa rutilante Ferrari. En permanence entouré mais, en réalité toujours seul, collectionnant les conquêtes d'un soir, il va recevoir une visite inattendue qui pourrait bien le sortir de sa torpeur léthargique, celle de sa fille Cleo, 11 ans, avec qui il va devoir cohabiter quelque temps... Et si Cleo parvenait à donnait un sens à la vie de son père?
Bienvenue à Hollywood, son miroir aux alouettes, sa ronde épuisante de fausses vedettes et de média avides: Sofia Coppola connait par cœur cet univers dans lequel elle baigne depuis sa tendre enfance, parenté oblige! Et, pour son 4eme film en tant que réalisatrice, elle continue de creuser son sillon très personnel sur le thème de la solitude d'êtres pourtant très entourés. Mais, la mécanique assez maniérée de Coppola fille semble ici soudain tourner à vide. Car si Somewhere est incontestablement chic, les tics de la réalisatrice sont beaucoup plus voyants que dans ses précédents opus. De la musique éthérée – par des groupes français, c'est plus glam... Hier, Air, aujourd'hui Phoenix, le groupe de Thomas Mars, compagnon de madame à la ville, et Sébastien Tellier so hype -, des longs plans fixes où presque ne rien se passe (c'est évidemment ce «presque » qui est important rendant presque palpable le vide et l'ennui), une rencontre qui donne du sens,...
Mais, Somewhere ne va malheureusement jamais plus loin que ce l'on attend de lui. Il réserve toutefois quelques scènes hypnotiques – ah, les pôle-dances des jumelles blondes -, de jolis moments de complicité père-fille dont une escapade en Italie, des caméos improbables (de celui de Benecio Del Toro dans l'ascenceur de l'hôtel à celui du frenchie Aurélien Wiik), le tout servi avec une grâce et une délicatesse aérienne propre à la réalisatrice. Il a aussi le mérite de révéler le talent et le naturel désarmant d'Elle Fanning, la petite sœur de Dakota, désarmante de candeur et effrayante de maturité. Et comment ne pas noter le troublant parallèle entre Johnny Marco et son interprète, Stephen Dorff, révélé par son rôle du 5eme Beatles dans Backbeat en 1994 et quasiment porté disparu depuis... Jouer le rôle d'un homme qui passe consciencieusement à côté de sa vie, c'est presque un exercice de psychanalyse grandeur nature (et rémunéré qui plus est) pour un acteur avec une carrière aussi étrange. Il y a aussi évidemment une parenté entre Johnny Marco et le Bob Harris de Lost in Translation – même si ce dernier avait pour lui un masque d'ironie désabusée que le premier, vivant au premier degré, ne semble pas encore s'être forgé.
Couronné à Venise, Somewhere fait entendre la petite musique personnelle - certes pas désagréable mais finalement presque aussi vaine que son scénario - du cinéma très identifiable de Sofia Coppola. Dire qu'on a très envie de la voir changer de registre pour son prochain film est un euphémisme tant elle semble avoir fait le tour de son sujet de prédilection. La fin de Somewhere, instant suspendu mais trop attendu, laisse presque espérer qu'en abandonnant Johnny Marco à sa possible rédemption, Sofia Coppola laisse aussi derrière elle ses thématiques de jeunesse et offre enfin prochainement une oeuvre plus adulte qu'éternellement adolescente.
Emmanuel Pujol
Fan de Cinéma est enregistré à la C.N.I.L. sous le n° 1143859 - Copyright © 2005-2023 LS Project Tous droits réservés. Scruteweb - community management. Voyance sérieuse .