Sex Friends

Sex Friends, Natalie, c’est où tu veux, quand tu veux !

Question qui agite actuellement le microcosme hollywoodien : Sex Friends, comédie romantique assez navrante sera-t-elle le Norbit de Natalie Portman ? Petit rappel des faits : en 2007, Eddie Murphy est nominé (et même favori puisqu’il a remporté le Golden Globe) aux Oscars dans la catégorie Meilleur acteur dans un second rôle  pour sa participation dans Dreamgirls. Sauf qu’entre temps sort l’inénarrable Norbit qui va doucher les espoirs de Murphy de remporter la statuette dorée. Toutefois, le rôle de Natalie Portman dans Black Swan est autrement plus marquant (et la transformation physique d’une actrice est toujours appréciée chez les votants de l’Académie, remember Charlize Theron) que celui de l’acteur dans la comédie musicale de Bill Condon. Et surtout la charmante comédienne a trouvé un plan de com’ assez imparable : apparaitre enceinte et rayonnante à l’avant-première de Sex Friends. Le film est oublié aussi sec et on ne retient que le sourire, le charme et le bonheur apparent de l’actrice… Bien vu !

Pour en revenir au film en question, il n’y a pas grand-chose à en dire tant c’est un produit calibré, lisse et sans surprise. Ou pour être tout à fait honnête, voilà un film qui surprendrait presque agréablement par sa saine franchise sur les rapports affectifs et sexuels ayant cours en 2011 s’il ne se prenait pas rapidement les pieds dans le tapis d’un sentimentalisme à l’eau de rose et d’un romantisme forcené pour rassurer les âmes sensibles et bien-pensantes. Ajoutez à cela une écriture assez faiblarde – avec des répliques jamais drôles et souvent gratuitement vulgaires (la toute première scène en est un exemple criant), des seconds rôles caricaturaux (même si Greta Gerwig et Lake Bell ont un abattage certain… On ne peut pas en dire autant de Kevin Kline qui, même s’il semble beaucoup s’amuser dans ce rôle de vieux beau, fait un peu peine à voir) et vous avez là une n-ième comédie romantique ratée. Le plus ennuyeux dans l’affaire restant le manque d’alchimie flagrant entre les deux acteurs principaux : c’est bien simple, on ne comprend jamais pourquoi Natalie Portman, à tomber par terre (c’est bien simple, elle sourit, vous avez envie de lui décrocher la lune) et qui incarne Emma, une brillante étudiante en médecine tombe amoureuse d’Ashton Kutcher. Mesdames, je vous vois déjà me dire qu’Ashton est beau ! Peut être mais son personnage d’Adam est tellement immature et benêt que malgré son immense gentillesse, on a du mal à imaginer qu’Emma puisse l’envisager autrement que comme un très efficace Sex Friends… Dernier point, signe de l’époque car ce n’est pas la première fois qu’on peut le constater dans une romcom, il y a un vrai renversement des rôles car c’est l’homme qui s’attache et qui tombe amoureux face à une femme plus individualiste et carrieriste. 

Quand au titre du film, il donne un nouvel exemple d’opportunisme des distributeurs français qui aiment décidément rajouter le mot sexe dans les titres : Sex Friends s’appelle en version originale No Strings Attached. Sans commentaire évidemment. Dernière anecdote – assez édifiante sur le degré d’originalité qui règne chez les scénaristes à Hollywood actuellement: Mila Kunis, qui partage l’affiche de Black Swan avec Natalie Portman, va elle aussi se retrouver dans un lit avec un pote (Justin Timberlake en l’occurrence) dans Friends with Benefits qui était à l’origine le titre de travail de … Sex Friends ! Voilà voilà

Emmanuel Pujol
 

 le 15 Février 2015 par jojio