Titre VO : Scream 2
Un film de Wes Craven avec David Arquette , Jamie Kennedy , Liev Schreiber , Timothy Olyphant , Duane Martin
Genre : épouvante - Durée : 2h02 - Année de production : 1997
Date de sortie cinéma : 08 Juillet 1998
Distributeur :
Un jeune couple se rend à la première du film Stab, inspiré de l'horrible série de crimes qui ensanglanta Woodsboro. Soudain, une fois de plus, la réalité contamine la fiction. Un nouveau tueur se cache dans la salle. Les apparences sont trompeuses, et personne n'est au-dessus de tout soupçon. Bienvenus dans le monde de Scream 2...
Malgré les critiques visant le cynisme de l'entreprise, Scream aura été sacrément efficace et surtout très rentable. Succès oblige, les Wenstein Bros. réinvestissent la même équipe pour ce qui sera une trilogie. Problème, personne ne prend le temps de digérer la réussite du film et la suite est lancée dans l'urgence. Le résultat s'en ressent et s'avère plus que décevant, livrant une espèce de vrai-faux remake qui tente de répondre au cahier des charges inhérent à toute suite : better, stronger, faster.
Deux bonnes idées toutefois permettaient d'envisager Scream 2 autrement, d'autant qu'elles sont mises en place dès l'entame. D'abord Craven approfondit sa mise an abîme du premier opus en situant l'action de son prologue au sein d'une salle de ciné projetant Stab...l'adaptation à l'écran de la tragédie de Woodsboro, soit Scream 1 ! A l'intérieur, des centaines de fans ont endossé la tenue münchéenne du tueur, parmi lesquels un vrai meurtrier, fondu dans la masse, et pour un peu on pourrait croire que Craven stigmatise l'influence de la fiction sur le comportement humain et celle de la violence cinématographique sur la psychologie adolescente. Non seulement ce n'est pas nouveau (Tueurs Nés) mais en plus Craven n'apporte rien et abandonne une éthique au spectacle de la mort, mis en scène ludiquement et donc sans la distance nécessaire. L'autre bonne idée, pareillement gâchée, est à mettre au crédit du scénariste Kevin Williamson qui disserte sur la place des noirs dans le cinéma d'épouvante. Effet de distanciation au goût tarantinien, l'excellence du dialogue en moins, dont le dénouement - la mort effective desdits noirs - souligne le caractère fictionne lde ce que l'on voit. Clairement, on est au cinéma et on nous le démontre en ironisant sur le genre. Au moins les auteurs ont le mérite de la logique dans leur entreprise de démolition de leur art.
Scream 2 fait déjà état du désintérêt croissant de Wes Craven pour une franchise dont il se sent prisonnier (mais grâce à laquelle il pourra tourner La Musique de mon Coeur) : la réalisation est fainéante, recycle les motifs du premier jusqu'à la bande son, systématique et caractérisante - au mieux sont-ils prolongés sans aller jusqu'à leur aboutissement. Comme le dit Randy, une suite, c'est le même, avec plus de sang, de victimes, de suspects. Plus de poudre aux yeux donc. Car non content d'enfoncer les portes ouvertes par Scream premier du nom, la suite se contente de citer, au sein d'une séquence forcée, quelques suites célèbres afin de déterminer qu'en général, les n°2 sont ratés. Williamson pense certainement être au service d'une oeuvre comme L'Empire Contre-Attaque ou Le Parrain 2, mais sa paresse combinée à l'automatisme de la mise en scène du père de Freddy empêchent le métrage de n'être autre chose que la parodie de sa parodie. Si la réédition fonctionne pendant une petite moitié, l'impression de déjà vu l'emporte jusqu'à un final cappilo-tracté où une fausse réflexion sur la violence artistique laisse un goût amer de gâchis. En plus de la sensation que n'importe quel personnage, le plus improbable soit-il, peut devenir tueur, et ce ad aeternam (l'intrigue du dernier volet l'atteste violemment).
Scream, en tant que trilogie, entérine avec cet opus 2 le coup de fusil dans le pied que se donnent avec suffisance ses auteurs. Craven fait montre d'une efficacité toute relative, s'appuyant sur des acquis forts mais vieillissants ; Williamson tourne déjà en rond ; les acteurs se singent. Parfaitement raté en tant que pièce centrale d'un triptyque, Scream 2 peut à la rigueur faire illusion isolé, mais toujours en faisant abstraction de motivations douteuses.
Scream 2 n'est peut être pas aussi fort et effrayant que l'original, l'effet surprise ne jouant plus. Mais ce que le film perd en efficacité, il le gagne en subtilité. Scream 2 est véritablement un film de Wes Craven, contrairement au premier qui était plus un film de Kevin Williamson (le scénariste). On y trouve ainsi une réflexion sur la violence et une critique virulente sur la possible influence des films violents sur la jeunesse. Thèmes chers au metteur en scène qui s'est constamment battu au cours de sa carrière contre la censure. Wes Craven n'oublie pas pour autant d'agrémenter son film de scènes chocs. La scène d'ouverture ne souffre ainsi pas trop de la comparaison avec celle du premier film. La sortie de la voiture de police accidentée est un modèle du genre. Cardiaques s'abstenir. Bref, Scream 2 est à la hauteur de son prédecesseur.
Fan de Cinéma est enregistré à la C.N.I.L. sous le n° 1143859 - Copyright © 2005-2022 LS Project Tous droits réservés. Scruteweb - community management. Voyance sérieuse .