Safari

Pour commencer permettez-moi de faire une digression. Je ne peux que soutenir Olivier Baroux, étant un fan ultra inconditionnel du Kamoulox (j’avance de deux citrouilles et je prends une carte follicule, mince je n’ai plus de wizz pour passer le donjon, je double mes points banane…). Dans le même esprit, pour moi « qui a tué Pamela Rose » est un chef d’œuvre. Donc si vous percevez une once d’affect dans mes propos c’est normal. En plus ce mec là est un type en or, qui a fait des pieds et des mains pour monter un projet ambitieux. Voilà ça c’est dit !

Maintenant pour en revenir aux pures qualités cinématographiques on se doit de mentionner qu’on s’attendait, vu les moyens et les effets d’annonces employés, à un résultat autrement plus impressionnant que celui de sa première réalisation « ce soir je dors chez toi », déjà avec son inséparable Kad. Sur le coup le contrat est rempli tant la démesure répond à l’intimiste et sentimental premier opus. Mais on dira qu’il aurait pu être bien plus férocement drôle. On sent qu’Olivier apprend petit à petit son métier (qui j’en suis sûr le mettra un jour au niveau d’un Zidi) mais qu’il ne possède pas encore complètement la fameuse science du rire de cinéma. Cette science que possèdent à coup sûr des artisans comme Veber. Celle qui permet d’obtenir un ensemble fluide et décapant sans qu’on ne puisse voir les coutures. Ici c’est parfois trop attendu et on se surprend à observer une suite de sketches, certes réussis, mais qui ne viennent que par saccade au détriment de la trame.

Il n’en reste pas moins que cette fois Olivier nous en met plein les yeux. Et vas y que je te montre de magnifiques paysages d’Afrique du Sud, de savane baignée dans le soleil couchant, de désert de sable, ou encore de cascades gigantesques. On y ajoute mygale, lion, rhinocéros, gorille, zèbre, antilope, boa, éléphant, et on en prend encore plein les yeux. Ce grand spectacle, qu’on a plutôt l’habitude de voir sur Discovery, fait mentir ceux qui s’attendaient à une simple cavalcade de gags. Reste à inventer un nouveau genre aventuro-comique ? Oui mais dans ce cas Mr Baroux il faudra remettre l’ouvrage sur le métier et trouver le rythme juste pour captiver le spectateur tout au long du film et pas seulement par moments. Peut être en nous aidant à nous identifier davantage aux personnages.

Pour le rire, substantifique moelle attendue par les prédateurs de l’humour que nous sommes, on trouve certes sa part mais ce n’est pas celle du lion. Il y a pas mal de sourires, et chaque acteur semble y mettre du sien, mais le génie d’Olivier n’apparaît que par instants, comme dans le passage mettant en scène Omar Sy, tout simplement hilarant. Et pourtant en vrai baroudeur de la farce il fait preuve de sa connaissance du sujet. Comique de répétition avec Frédérique Bel, comique de situation avec Lionel Abelanski, et comique clownesque avec Kad, tout y passe. Mais il faut l’avouer les adultes verront arriver la chute beaucoup trop souvent à des kilomètres, comme un troupeau de buffles qui chargent en faisant paraître un énorme nuage de fumée.

En conclusion, Olivier a osé, il nous semble qu’il a beaucoup appris, et comme à un bon étudiant qui fait des progrès on va lui mettre les encouragements, tout en sachant qu’il doit viser les félicitations. Safari ça fait rire et ça fait rien si, tout comme le vrai Safari, la réalisation n’est pas une ballade de routine. Elle est faite d’embûches mais on arrive quand même à destination.