Rango

Rango, un caméléon qui ne lézarde pas…

Gore Verbinski et Johnny Depp se connaissent bien, le premier ayant dirigé le second dans les trois premiers épisodes de la saga Pirates des Caraïbes. C’est donc presque logiquement que le réalisateur américain a demandé à l’acteur de prêter sa voix au héros de son premier film d’animation, Rango, un caméléon en chemise hawaïenne (!!!) et en plein crise identitaire qui se rêve acteur… Suite à un accident de voiture, Rango va se voir éjecter de son petit monde délimité par le bocal en verre dans lequel il vit. Il se retrouve en plein désert de l’Ouest américain et échoue dans l’étrange ville de Poussière où il va devoir prouver sa bravoure et son courage.
 

Western crépusculaire, quête de soi, réflexions écologiques (notamment avec une référence à la folie Las Vegas qui pompe les réserves d’eau de la région de façon totalement inconséquente), le film multiplie les thèmes même si le scénario reste assez linéaire et basique, film familial oblige. Mais, autant dans le fond que sur la forme, ce film d’animation produit par une jeune boite de production, GK Film, n’a vraiment pas grand-chose à envier à ceux de Pixar, maitre du genre. Le vrai point fort de Rango est qu’il plaira autant aux enfants – héros attachant, humour visuel -  qu’à leurs parents grâce à plusieurs degrés de lecture et à une foule de références cinéphiliques.  Des rôles marquants de Johnny Depp (on reconnait Raoul Duke de Las Vegas Parano, le poisson fait penser à Arizona Dream, ...) aux hommages au western (qu’il soit purement américain avec une chevauchée digne des 7 mercenaires ou spaghetti avec des résonnances à la Ennio Morricone dans la partition d’Hans Zimmer à l’apparition de l’Homme sans nom, le personnage mythique d’Eastwood dans la trilogie du dollar – joué ici par Timothy Olyphant), tout y passe pendant les 100 minutes du film.

Si le film démarre sur les chapeaux de roue – c’est le cas de le dire ! –, le film peine légèrement à trouver son second souffle et enchaine des péripéties plus classiques de films d’aventure dans sa dernière demi-heure. Cela ne gâche pas pour autant le plaisir devant ce Rango ambitieux et drôle, à l’humour assez ravageur et aux personnages aux trognes toutes plus improbables les unes que les autres (l’arrivée de Rango dans la petite ville désolée de Poussière est un grand moment, la galerie des habitants dans le bar est aussi réjouissante qu’elle pourra peut être faire peur aux plus jeunes spectateurs), le tout narré en chansons par des oiseaux mariachis de bien funeste augure.

Dernier point, loin d’être anecdotique, Rango a été pensé et réalisé en … 2D ! Et quel argument en creux formidable que ce film pour prouver encore une fois l’inutilité du relief, gadget totalement superfétatoire s’il en est. Car, même à plat, l’image fourmille de détails et la profondeur de champ est parfaitement utilisée sans avoir besoin de recourir à l’artifice de la 3D.

Rango, avec lui, pas de lézard, c’est vraiment le panard !

Emmanuel Pujol
 

 le 03 Juillet 2014 par thedid1