Titre VO : Project X
Un film de Nima Nourizadeh avec Thomas Mann (II) , Oliver Cooper , Jonathan Daniel Brown , Dax Flame , Brady Hender
Genre : Comédie - Durée : 1h27 - Année de production : 2012
Date de sortie cinéma : 14 Mars 2012
Distributeur :
Pour le 17ème anniversaire de l'un d'entre eux, 3 adolescents considérés comme des loosers décident de faire une fête mais tout dégénère rapidement...
Project X, c'est l'histoire magnifique de trois loosers qui deviennent héros, de la fin d'un monde à l'échelle d'une rue, ou comment le hasard transforme une soirée en émeute. Si le film n'est pas exempt de défauts, de mémoire de cinéphile, jamais je n'avais vu une telle intensité, une telle anarchie contrôlée dans un "film de biture", le principal étant qu'on sort du film avec une banane à s'en mordre les oreilles.
Project X, ou la description (par le biais d'un film d'anniversaire informel) d'une fête organisée par 3 jeunes impopulaires, dans l'espoir un peu fou de la faire ressembler à une fiesta de cinéma, de sa conception à sa préparation jusqu'à la soirée proprement dite, qui, par un enchaînement de hasards et d'événements incongrus, dépassera largement leurs espérances et leurs prévisions, jusqu'à échapper petit à petit à tout contrôle. Une des grandes forces du film, c'est d'ailleurs de ne jamais jouer la demi-mesure, et d'accumuler graduellement les péripéties et détails, au choix, hilarants, absurdes, ou de chaos généralisé, laissant monter la sauce jusqu'à un climax dantesque qui se permet tout et va très très loin. Pas dans la vulgarité, les tabous ou la bêtise, mais dans l'intensité des idées et des événements.
Et à ce compte là , autant dire que le film de ce total inconnu qu'est Nima Nourizadeh en donne pour son argent. Pour être clair, Project X, c'est un peu le générique de fin des Very Bad Trip étalé sur 1h20 (Todd Philips oblige), même si le début fait un peu peur, laissant présager d'un sous-Supergrave un peu tiède (les personnages n'auraient d'ailleurs pas démérité dans une production Appatow). Bien sûr il n'en est rien, non seulement les personnages sont choupis, mais en plus ils s'avèrent joliment croqués, ni insipides, ni trop stéréotypés (d'ailleurs là encore, on retrouve un petit air de Superbad, et ils auront aussi leur scène de "déclaration d'amour virile").
Bien sûr, une fois l'histoire entrée dans le vif du sujet, le film a régulièrement des airs de clip de house, mais ce n'est jamais gênant puisque justement, d'une part c'est le désir de nos héros de coller à une imagerie particulière de la jeunesse américaine, et d'autre part le film dynamite bien cette conception "David Guetta approved" lissée de la fête lycéenne au cinéma. Un peu comme My Super Psycho Sweet 16, Project X semble prendre une émission niaise façon MTV (effectivement ici ça renvoit à "Mon incroyable anniversaire", même si personne ne l'avait voulu aussi incroyable) pour la démantibuler, en dévoiler la débauche et l'anarchie, jusqu'à l'envoyer (littéralement) en enfer.
Du coup, le film accumule les morceaux de bravoure insensés (dans quel film avez-vous déjà vu un nain se faire enfermer dans un four, puis en sortir furieux pour repartir en donnant un coup de poing dans les parties de chaque personne qu'il rencontre ?), les personnages cultes (dans quel film avez-vous déjà vu un service de sécurité de gamins de 12 ans qui attaquent les voisins au taser et jouent les ninjas pour prévenir de l'arrivée de la police ?), et les péripéties hilarantes (l'arrivée des flics est déjà entré au panthéon).
L'utilisation du found-footage (et c'est là le plus grand défaut qu'on puisse trouver au film) dessert par contre gravement le propos, même si elle garde un sens par rapport au sujet, en cela qu'elle est soit trop mise en avant, soit pas assez assumée.
Comme Chronicle récemment (et bien plus efficacement), le film commence avec le point de vue du lycéen-caméraman (Dax, un personnage à part entière discret mais tordant), et ajoute ensuite divers visions de téléphone, caméra, news et voiture de police au gré de l'avancement de la fête. Un concept qui aurait pu permettre une quasi étude anthropologique sur la jeunesse américaine et la manière dont se crée ce genre de soirée, si le réal ne s'était pas laissé aller à la facilité. Que le film soit monté à partir de différentes images, on peut le comprendre, c'est un film d'anniversaire, mais quand certaines scènes apparaissent clairement tournées en plusieurs fois ou à plusieurs caméra, le concept devient caduc et apparait comme une manière artificielle de raconter une histoire qui ennuie plus le réal qu'autre chose. Ce qui est fort dommage tant, à d'autres moment, le côté "instantanés d'une soirée de beuverie" est bien rendu et judicieux.
À mon sens, le film aurait grandement gagné a être raconté de manière classique, avec une caméra extra-diégétique, tout en intégrant de temps en temps (et de plus en plus au fur et à mesure du film) des images des caméras et autres Iphone utilisées dans le film, jusqu'au moment de bravoure final uniquement vu à travers le prisme des différents appareils vidéos (ce qui est le cas dans le film en l'état)
Mais si ce travers est globalement assez dommageable, Nourizadeh tient tellement ses personnages et son ambiance à bras le corps qu'on peut passer outre, pris dans le maelström de catastrophes, de moments de gloire et de gags vraiment très drôles.
C'est ce qui ressort principalement de Project X, ce rythme parfaitement maitrisé qui s'emballe de manière exponentielle, sans devenir frénétique avant le bon moment, qui s'autorise des moments de calme, et qui surtout n'oublie jamais de raconter une histoire et des relations entre personnages à travers la description de cette soirée d'anthologie.
J'évite de vous parler de la fin, pour conserver la surprise au cas où vous seriez motivés, mais là encore c'est plein d'idées et dans la continuité du rythme, avec un logique retour au calme, qui utilise le found footage de manière judicieuse, et plutôt intelligente, pour un état des lieux pas forcément si joyeux de la société lycéenne américaine.
Reste que le film dure 5 minutes de trop, c'est vrai. Il y avait une scène et un plan final parfait, pas foncièrement original mais très touchant, collant parfaitement et au sujet, et au parti pris formel, et le réal pèche par excès en ajoutant une sorte d'épilogue au récit. Un peu dommage, mais on lui pardonnera d'autant plus que cet épilogue contient certaines des meilleurs vannes du film.
Bref, contre toute attente, Project X, c'est un film qui tient des promesses qu'on ne lui demandait même pas, qui va au bout de son histoire, et qui vous laisse avec un grand sourire et des souvenirs pleins la tête à raconter aux copains pour les convaincre de vous accompagner le revoir
Corvis
Â
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