Titre VO : También la lluvia
Un film avec Gael Garcia Bernal , Luis Tosar , Carlos Aduviri , Carlos Santos ( IV ) , Raúl Arévalo
Genre : Drame - Durée : 1h43 - Année de production : 2010
Date de sortie cinéma : 05 Janvier 2011
Distributeur :
Sebastian, jeune réalisateur passionné et son producteur arrivent dans le décor somptueux des montagnes boliviennes pour entamer le tournage d'un film. Les budgets de production sont serrés et Costa, le producteur, se félicite de pouvoir employer des comédiens et des figurants locaux à moindre coût. Mais bientôt le tournage est interrompu par la révolte menée par l'un des principaux figurants contre le pouvoir en place qui souhaite privatiser l'accès à l'eau courante. Costa et Sebastian se trouvent malgré eux emportés dans cette lutte pour la survie d'un peuple démuni. Ils devront choisir entre soutenir la cause de la population et la poursuite de leur propre entreprise sur laquelle ils ont tout misé. Ce combat pour la justice va bouleverser leur existence.
Paul Laverty fait une infidélité à son réalisateur fétiche, Ken Loach pour lequel il a écrit 10 scénarios, pour offrir ce Même la pluie à sa femme, Iciar Bollain. Et l’on retrouve ici le goût du scénariste pour les grands combats humanistes.
La grande réussite de Même la pluie est de mêler trois histoires en une avec une grande habileté : le tournage d’un film en Bolivie sur la colonisation amérindienne par les conquistadors espagnols au 16eme siècle se voit perturbé par la guerre de l’eau – le gouvernement voulant privatiser l’accès à l’eau courante - qui a véritablement secoué la Bolivie en l’an 2000. Trois histoires qui s’imbriquent parfaitement grâce au talent conjugué d’un récit maitrisé et d’une réalisation au diapason. Le décor bolivien est assez époustouflant et la photographie particulièrement soignée. La première scène est assez révélatrice de cette réussite : dans la longue file d’attente des boliviens venus pour auditionner pour un rôle dans le film, un homme s’insurge et veut faire respecter la promesse des producteurs de faire passer tout le monde. Soudain, le silence se fait quand un hélicoptère apparait, transportant sous lui une immense croix en bois comme surgi du passé. Le ton est donné, les époques vont se mêler pour une vraie prise de position humaniste et politique.
Le vrai point faible du film, c’est malheureusement son côté boy-scout du cinéma équitable. La démonstration politique se fait trop appuyée à mesure que le film avance : le parallèle entre l’exploitation des amérindiens par les espagnols et la main mise d’entreprises privées sur l’eau au détriment de la population locale est évident pour ne pas être souligné aussi lourdement. La dénonciation de la mondialisation galopante en le rapprochant de la colonisation n’est pas inintéressante, juste trop explicitée. L’évolution des différents personnages n’est pas non plus d’une grande finesse psychologique, l’inversion des rôles entre le jeune réalisateur Sébastian de plus en plus obsédé par son projet (on pense évidemment à Fitzcarraldo et son projet mégalomane d’opéra) et Costa, son producteur d’abord obsédé par la maitrise du budget et limite raciste puis touché par le combat des boliviens, est aussi trop manichéenne. Ce schématisme certain des différents protagonistes empêchent d’ailleurs une réelle empathie du spectateur vis-à -vis de leurs.
Mais le film emporte tout de même l’adhésion grâce à son sujet original, à son traitement ambitieux et à des acteurs particulièrement convaincants. Plus que Gael Garcia Bernal, le plus connu, c’est surtout Luis Tosar – déjà impressionnant dans Cellule 211 – et le débutant bolivien Carlos Aduviri qui marquent la pellicule. Ne tombant jamais dans le pathos inutile, d’une grande intensité, Même la pluie, qui représentera l’Espagne aux Oscars, convainc malgré des maladresses surtout causées par un excès de bonnes intentions…
Emmanuel Pujol
Â
Fan de Cinéma est enregistré à la C.N.I.L. sous le n° 1143859 - Copyright © 2005-2022 LS Project Tous droits réservés. Scruteweb - community management. Voyance sérieuse .