Titre VO : M
Un film de Fritz Lang avec Peter Lorre , Otto Wernicke , Gustaf Gründgens , Theodor Loos , Friedrich Gnass
Genre : drame - Durée : 1h52 - Année de production : 1931
Date de sortie cinéma : 08 Avril 1932
Ce film est à l'affiche de 1 cinémas
Un meurtrier inconnu sème la terreur dans la ville en assassinant sauvagement des petites filles. La police harcèle la pègre qui décide de faire elle-même justice. Inspiré d'un fait divers : Le vampire de Dusseldorf, ce film a la particularité d'avoir de vrais gangsters comme figurants.
"M le maudit" est le premier film parlant de Fritz Lang. Il le réalise en 1931 et en fait son avant dernier film réalisé en Allemagne ( le dernier étant "Le Docteur Mabuse" ). Ce sont les premières années du cinéma parlant, qui débutent selon beaucoup en 1927, par la comédie musicale appelée "Le Chanteur de Jazz", réalisée par Alan Crosland. Fritz Lang dira que son film "M le maudit" est celui qu'il préfère de sa propre filmographie. Il traite de la dualité de l'âme humaine, représentatif du côté sombre présent en chacun d'entre nous. Il y a un travail sur la répulsion et sur la fascination du spectateur. Le film est divié en trois parties : l'enquête de la police, celle de la pègre, et le voyage de M. Il s'agit d'une triple alternance. Le film se construit en trois, on a donc un état des lieux, les enquêtes parallèles, et le moment où M est rattrapé. Au début de son film, Lang utilise un montage alterné entre le parcours d'Elsie Beckman et l'attente de la mère pour le retour de sa fille. On nous montre différents lieux de parcours de la fillette comme l'école, ou les escaliers par exemple. L'attente est représentée par la continuité des plans vides comme le couvert déjà mis en place par la mère, ou encore les plaines vides, mais également par le son avec le bruit du coucou, la sonnerie de l'école, ou le klaxon de la voiture. Le plan fixe sur le coucou ( aussi appelé "insert" ) nous montre le temps qui passe. Plus tard, nous aurons la première apparition de M sous la forme d'une ombre menaçante représentée sur une affiche qui montre la récompense offerte pour sa capture. Plus tard nous le verrons de dos, ce qui renforce son côté anonyme. Puis viendront le timbre de sa voix et son sifflement. Cette répétition du sifflement caractérisera d'ailleurs le personnage. Il y a un travail de contrepoint ici entre l'image et le son. M est également évoqué dès le départ par la comptine que les enfants chantent tout en jouant alors qu'une des mamans les réprimendent pour cet acte. Lors de cette comptine, les enfants forment un rond, qui se conférera au ballon d'Elsie Beckman, et au scénario avec la police qui tourne en rond dans l'avancement de leur enquête. Les enfants sont filmés en plongée, comme si la menace pesait sur eux, et les plans sur la petite Elsie le sont également, et elle ne sera pas toujours au centre du cadre ce qui renforce le côté menaçant de la scène. Lang s'attardera sur l'aveugle qui fera chuter M alors que les deutéragonistes ne seront plus dans le plan. Cette accentuation montre que le rôle de cet aveugle aura une importance considérable pour la suite du film. Lors de la recherche de M, Lang nous montre différentes couches sociales qui s'opposent mais qui ont des réactions similaires. Il y a des liaisons visuelles et sonores. Lang en profite à cet instant pour installer un climat de paranoïa au sein de la population. "...Le tueur peut-être n'importe qui...", à ce moment il y a un cut, et alors que les voix continuent de parler, la caméra s'arrête sur le visage d'un vieil homme. La première apparition de M se fait au travers le reflet d'un miroir, à la suite d'explications d'un graphologue qui expliquait les bizarreries de son comportement qui se sont finalement avérrées. Lang utilisera par la suite une elipse temporelle lors de l'explication de la découverte du bonbon, du détourage de la carte pour la battue, et du questionnement des commerçants. Les réunions de la police et de la pègre qui ont pour but d'arrêter M, se passent via l'utilisation d'un montage en parallèle, avec une fumée de cigares qui propose une ambiance particulière avec un certain brouillard devant les visages. Il y a un raccord de regard entre la police et la pègre, mais également dans le dialogue. L'un pose la question alors que c'est l'autre groupe qui répond à la question sans être dans la même salle. On retrouve également des raccords de geste, de son, de mouvement, et visuel. La discontinuité parallèle créee un rapprochement autour du personnage de M qui est à l'intersection entre deux ordres : celui de la loi supérieure, et celui des truands et des mères qui est inférieur. M sert de moteur narratif alors qu'il n'est pas présent dans la séquence. Il s'agit ici d'une critique de la société car Lang montre les rapprochements entre les deux ordres. Le comissaire Lohmann restera en hors champ lorsqu'il déclarera vouloir vérifier les hopitaux, pour voir si M avait des antécédants. C'est un rappel à l'ombre de M, des truands, mais également de la non présentation directe. M n'est pas présenté directement lorsque l'on parle de lui, afin d'insister sur le fait qu'il n'a pas de vie sociale. M est présenté comme un être n'étant pas sorti de l'enfance, victime de régression orale. Selon Freud, il y a trois stades à passer pour sortir de ce stade d'enfance : le stade oral qui correspond à se nourrir au sein de la mère, le stade anal qui correspond au fait d'être propre, et le complexe d'Oedipe. M s'identifie aux enfants qu'il tuent, il a des pulsions auxquelles il doit répondre. Il représente ce que la société allemande devient sans pour autant s'y intégrer. Les pulsions de M réveillent les pulsions de la société ( des truands et des mères ). Il y a donc une remise en cause de la société civile. La société est selon Freud, un régulateur du surmoi. La folie singulière de M devient collective : "...Mais vous êtes fous !" ou encore "...c'est une histoire de fous...". Par la suite, le spectateur deviendra même voyeur avec un M qui est caché par des buissons lorsqu'il commandera des cognacs. Il y a une utilisation de plusieurs plans qui semblent subjectifs alors qu'ils ne le sont pas. Lang veut instaurer un effet de déstabilisation. Cependant, Lang donne une touche d'humanisation à son personnage de M, car lui et le comissaire Lohmann ont tous deux des points communs. M se gratte la main lorsqu'il loupe la fillette, et le comissaire, lui, se met de l'eau sur le visage lorsque le cambrioleur avoue qu'ils avaient capturé M. Lors de la scène de fin, on retrouve la main de l'aveugle qui est récurrente dans le film. Il y a une insistance sur la parodie du procès de M, avec un véritable procès qui ne sera d'ailleurs nullement représenté. Plus tard, en Mai 1960, "M ton meurtrier te regarde" sortira. N'oublions pas que Fritz Lang est le réalisateur de "Metropolis", un film en avance sur son temps pour les chambre à gaz nazies allemandes. Dans M, il y a aussi une touche de ce phénomène avec la marque M, marqué dans le dos du personnage, comme les juifs marqués de l'étoile jaune.
Dis donc, Febu, tu ferais pas tes études à Lille III en Etudes Cinématographgiques, niveau DEUG ou Licence avec Mme Pisano ??? Parce que j'ai l'impression de voir son cours régurgité mot pour mot !!
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