Titre VO : Like Someone in Love
Un film de Abbas Kiarostami avec Tadashi Okuno , Ryo Kase , Denden , Mihoko Suzuki , Hiroyuki Kishi
Genre : Drame - Durée : 1h49 - Année de production : 2012
Date de sortie cinéma : 10 Octobre 2012
Distributeur :
Un vieil homme et une jeune femme se rencontrent à Tokyo. Elle ne sait rien de lui, lui croit la connaître. Il lui ouvre sa maison, elle lui propose son corps. Mais rien de ce qui se tisse entre eux en l’espace de vingt-quatre heures ne tient aux circonstances de leur rencontre.
Rengaine oblige, je me vois dans l’obligation de vous rappeler qu’Abbas Kiarostami avait permis à Juliette Binoche de remporter le prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes en 2010 avec Copie Conforme. Il parait peu probable que la charmante actrice japonaise Rin Takanashi de Like someone in love reparte avec la même récompense. Ou que le réalisateur iranien (apparemment désormais complètement extérieur à la situation politique de son pays où la censure artistique y est pourtant absolument terrifiante – il tourne ici au Japon un film dénué de tout sous-texte politique) décroche sa 2eme palme d’Or après le Goût de la Cerise en 1997.
Pourquoi ? Parce que pendant près de 2 heures (109 minutes pour être précis), son film fait l’apologie du vide, du néant scénaristique avec un aplomb qui confine à la séance d’hypnotisme. L’argument (car parler d’histoire serait exagéré) ? Une jeune et jolie japonaise au copain plus que jaloux loue ses services à des hommes plus âgés pour arrondir ses fins de mois. Elle va terminer une soirée chez un traducteur et ancien professeur d’université avec qui elle va lier une relation presque amicale, comme celle d’une petite fille avec son grand-père. Mais le petit ami ne l’entend pas de cette oreille.
On pourrait croire à la lecture de ce synopsis qu’il va se passer plein de choses. Mais non, rien ou presque ce qui rend d’ailleurs le film assez fascinant en tant qu’objet cinématographique pur. Kiarostami a le chic pour à peine esquisser ses personnages, les placer dans des situations parfois dramatiques sans jamais créer un quelconque climat d’angoisse ou d’urgence chez son spectateur, sans provoquer la moindre empathie. Rien n’a réellement d’importance. A ce niveau d’ennui, c’est de l’art ! Bien sûr, Kiarostami sait tenir une caméra et offre des plans intéressants, notamment au niveau des jeux de miroir et de reflet. Il confirme également son obsession pour les scènes de voiture : après avoir promené Juliette Binoche dans la campagne toscane, il « enferme » la jeune femme et son retraité dans la voiture de ce dernier pendant plus d’une heure !
Même si l’on comprend très bien l’intention du réalisateur d’illustrer de différents points de vue – la jeune femme, son copain jaloux, son client âgé - le titre (qui vient de la très belle chanson de Franck Sinatra reprise ici par Bjork) de son film, que tout cela reste désespérément vain…
Emmanuel Pujol
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