Titre VO : The Smurfs
Un film de Raja Gosnell avec Neil Patrick Harris , Hank Azaria , Tim Gunn , Mark Doherty , Roger Clark
Genre : animation - Durée : 1h44 - Année de production : 2011
Date de sortie cinéma : 03 Août 2011
Distributeur :
Gargamel, un magicien maléfique chasse les Schtroumps, de petites créatures bleues, de leur village et de leur monde magique. Ils se retrouvent alors en plein Central Park à New York. Hauts comme trois pommes, les Schtroumps vont devoir trouver un moyen de se sortir de cette énorme ville afin de retrouver leur village.
On ne va pas voir les Schtroumpfs comme on va voir l’événement de l’été. On ne l’attend pas comme un Super 8 ou un Captain America. Au mieux, on s’y égare, poussé par une curiosité délictueuse, tant le résultat semble couru d’avance. Et pour cause : Raja Gosnell (les deux Scooby Doo) à la réalisation, des Schtroumpfs en images de synthèse et une escapade dans le New-York contemporain, tout s’apparente, bandes-annonces et affiches à l’appui, comme une démarcation des Chipmunks profanant sans remord la tombe de Peyo.
Et pourtant… Pourtant c’est oublier trop tôt que c’est Sony Animation, dont le réjouissant Tempête de boulettes géantes avait créé la surprise, qui est en charge de l’adaptation. Et aussi bizarre que cela paraisse, attiré au cinéma par des critiques étrangement élogieuses d’internautes, j’ai été contraint d’accepter l’effarante vérité : Les Schtroumpfs est un bon film. C’est même un très bon film pour petits et grands. Entendons-nous bien, le film n’est pas exempt de défauts, loin de là , et l’intérêt que vous y trouverez dépendra aussi de votre capacité à privilégier les qualités du métrage plutôt que d’accabler les fautes de goûts. Car des fautes de goût, il y en a, quelques unes, comme une ombre mercantile bas-du-front qui semble tout droit dictée par quelques producteurs insensibles. Même si rares, ces défauts prennent surtout la forme d’un amoncellement voyant de publicités, et en deux scènes qui, ne manquant pourtant pas d’humour ou de gags, tiennent surtout du placement de produits et du coup de coude à l’attention des « djeuns » (notamment une séance de Guitar Hero, courte, mais qui devient franchement gênante). À côté de ça, Gargamel, qui ressemble à un Jacouille bis joué par Hank Azaria hystérique, est également une déception alors que le personnage a un vrai côté décalé qui ne revient que trop ponctuellement (le voir s’arrêter en pleine poursuite pour émerger mystérieusement de la vapeur d’une bouche d’aération est franchement drôle). Du coup la paire de scènes qui constituent sa sous-histoire se révèle d’une rare inutilité. Consolation, Azraël est là , et ce mélange d’animal réel et de CGI fait un contrepoint hilarant au grotesque sorcier, tant il se réserve, par son charisme et son humour, les scènes les plus drôles du film (jusque dans le générique de fin, celui-ci précisant in fine « aucun animal digital n’a été blessé durant ce tournage »).
Alors le film, une hérésie (les Schtroumpfs à New York, vraiment ?) ? Même pas, le scénariste poussant la logique de ce concept jusqu’au bout grâce à une pirouette géniale, et même incroyablement touchante pour qui a grandi avec les aventures de gnomes bleus. Un prétexte pour que le héros change du tout au tout à leur contact ? Non plus. Les Schtroumpfs est une vraie aventure de nos lutins préférés chez les hommes, comme pouvait l’être La flûte à 6 Schtroumpfs, mais dans le monde contemporain. Et si évolution du héros il y a, ce sera poussé par l’aventure qui les lie aux Schtroumpfs, mêlé à celle-ci, et Neil Patrick Harris, puisque c’est de lui qu’il s’agit, ne passera pas non plus du publicitaire sans cœur bossant pour une compagnie de cosmétique au gentil herboriste militant pour les droits des animaux. Voilà une des grandes réussites du film face à la concurrence actuelle, une certaine subtilité qu’on ne lui devinait pas, et une véritable aventure qui fera évoluer les personnages en douceur.
Mais quelle aventure me direz-vous ? Une aventure digne des Schtroumpfs ! Alors que les préparatifs de la fête de la lune bleue battent leur plein, Gargamel et Azrael découvrent le village à cause de la maladresse du Schtroumpf du même nom, et sèment la panique parmi ses congénères, forçant un petit groupe (constitué du grand Schtroumpf, de la Schtroumpfette, des Schtroumpfs à lunette, grognon, maladroit et téméraire, ce dernier écossais et créé pour l’occasion) à se réfugier dans la caverne interdite. Sauf qu’à cette époque de l’année, celle-ci ouvre un passage vers un autre univers, et tout le groupe, suivi par Gargamel et son chat, seront propulsés vers un monde inconnu, où ils n’auront de cesse de rouvrir le passage, aidés par un publicitaire futur papa dépassé par son travail.
S’en suit un déluge de slapstick à base de coups et de chutes (et finalement très peu d’humour pipi-caca comme le laissait craindre la bande-annonce) pour les enfants, et de références beaucoup plus pointues (les Schtroumpfs prenant un taxi devant une publicité pour le Blue Man Group) voire carrément trash pour les adultes. De multiples péripéties qui rappellent Toy Story (ironie quand on pense que l’évolution du Schtroumpf maladroit en héros est ô combien plus pertinente et touchante que celle de Martin dans le raté Cars 2), des thèmes simples mais bien amenés (la peur d’être papa, le besoin de faire ce qui nous semble bien, la foi en l’autre plutôt qu’en ses craintes), et même une fin carrément épique qui lorgne généreusement du côté de Braveheart, citation à l’appui. Plus encore que tout ça, et alors que le concept même augurait du pire, Les Schtroumpfs réussit là où la plupart (si ce n’est toutes) des adaptations de BD franco-belges ont échoués : il est d’un respect et d’une fidélité à l’œuvre de Peyo absolue, qui finit par émouvoir profondément. Tout y est, de la présentation du village et de tous ses occupants dans une ouverture vertigineuse à la création de la Schtroumpfette, d’Azrael et la révélation sur son oreille trouée à l’héritage de Peyo, au risque même de tomber dans la didactique explicative au détour d’une scène. Le générique bleu pousse l’hommage jusqu’au bout, le parsemant de dessins originaux de Peyo père & fils. Et le « Je te schtroumpfe » final s’avère l’un des plus beau « je t’aime » cinématographique de ces dernières années.
Morale de l’histoire: allez vite schtroumpfer ce film, nom d’un Schtroumpf !
Corvis
Â
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