Titre VO : Les Neiges du Kilimandjaro
Un film de Robert Guédiguian avec Jean-Pierre Darroussin , Gérard Meylan , Grégoire Leprince-Ringuet , Adrien Jolivet , Robinson Stévenin
Genre : Drame - Durée : 1h47 - Année de production : 2011
Date de sortie cinéma : 16 Novembre 2011
Distributeur :
Bien qu'ayant perdu son travail, Michel vit heureux avec Marie-Claire. Ces deux-là s'aiment depuis trente ans Leurs enfants et leurs petits-enfants les comblent Ils ont des amis très proches Ils sont fiers de leurs combats syndicaux et politiques Leurs consciences sont aussi transparentes que leurs regards. Ce bonheur va voler en éclats avec leur porte-fenêtre devant deux jeunes hommes armés et masqués qui les frappent, les attachent, leur arrachent leurs alliances, et s'enfuient avec leurs cartes de crédit Leur désarroi sera d'autant plus violent lorsqu'ils apprennent que cette brutale agression a été organisée par l'un des jeunes ouvriers licenciés avec Michel.
Jean-Pierre Darroussin, la crise, il connait ! Après avoir été viré en octobre dans De Bon Matin, le voilà de nouveau au chômage dans le nouveau film de Robert Guédiguian, Les Neiges du Kilimandjaro (en référence à la fameuse chanson d’un artiste tombé dans l’oubli, Pascal Danel). Mais, contrairement à ce que le titre pourrait faire croire, le film ne se déroule pas dans le froid d’un pays lointain mais dans un endroit que le réalisateur connait bien et affectionne tout particulièrement pour y avoir grandi et déjà tourné plusieurs films : le quartier populaire de l’Estaque à Marseille où Michel, syndicaliste et venant de perdre son travail, vit heureux avec sa femme Marie-Claire, entouré par sa famille et ses amis. Son quotidien va être bouleversé lorsqu’un soir le couple se fera agresser chez lui par deux jeunes cambrioleurs en quête d’argent…
D’abord intitulé Les Pauvres Gens (en référence au poème de Victor Hugo qui est en lien direct avec le scénario), ces Neiges permettent à Guédiguian de renouer avec sa veine sociale et politique. Le réalisateur marseillais signe avec cette fable ensoleillée et utopiste son meilleur film depuis bien longtemps. Toujours entouré de ses fidèles acteurs (en plus de Darroussin qui tourne avec lui pour la 13ième fois, il retrouve pour la 16ième fois sa compagne Ariane Ascaride et pour la 15ième son complice Gérard Meylan), il livre un long-métrage certes teinté de naïveté mais tellement empreint de sincérité et d’humanisme que, malgré certaines trop grosses ficelles (notamment à la fin où le réalisateur ne parvient à se rattraper que de justesse grâce à l’intervention de la jeune génération – avec des comédiens moins convaincants, seule Anaïs Demoustier tire son épingle du jeu contrairement à Adrien Jolivet au décidément mauvais Grégoire Leprince-Ringuet - plus individualiste et pragmatique certes mais aussi moins idéaliste), le spectateur se laisse emporter par une vague (ou plutôt une avalanche !) de bons sentiments. C’est rare mais là on aurait vraiment envie de croire à un autre monde possible, à une autre organisation de la société, de suivre ces gens dans leurs combats politiques au quotidien contre la fatalité et la désespérance.
Dans Les Neiges du Kilimandjaro, on mange (Guédiguian lui-même le dit en riant : « Ici, il y a beaucoup de côtelettes, de sardines, de saucisses… C'est certainement le film de l’histoire du cinéma où il y a le plus de barbecues ! »), on boit, on rit, on pleure un peu aussi, on parle beaucoup (parce que la lutte se fait surtout par les mots et non pas par la violence physique) mais jamais on ne baisse les bras, jamais on n’abandonne. Il y a une solution à tout, il n’y a jamais de situation désespérée. Oui, le film est engagé, militant, démonstratif même parfois mais il a une petite musique populaire (et pas populiste) et généreuse qui finit par balayer les réticences et emporter l’adhésion.
En début d’année, sur un sujet proche, Klapisch avait livré sa Part du Gâteau indigeste et manichéenne. Guédiguian, lui, surfe sur des Neiges beaucoup plus aériennes et légères qui devraient faire fondre plus d’un spectateur. Et si Robert avait atteint son Nirvana ?
Emmanuel Pujol
Â
Fan de Cinéma est enregistré à la C.N.I.L. sous le n° 1143859 - Copyright © 2005-2023 LS Project Tous droits réservés. Scruteweb - community management. Voyance sérieuse .