Titre VO : Las Acacias
Un film de Pablo Giorgelli avec Germán De Silva
Genre : Drame - Durée : 1h25 - Année de production : 2011
Date de sortie cinéma : 04 Janvier 2012
Distributeur :
Ruben est un routier solitaire qui transporte du bois depuis des années d'Asuncion à Buenos Aires. Mais un matin, sur une aire d'autoroute, il rencontre Jacinta qui fait du stop. Acceptant de la prendre dans son camion, il découvre en route qu'elle a avec elle un bébé, Anahi. Une relation va naitre entre ses deux personnes sur la route de Buenos Aires.
Un homme, une femme et son nourrisson. Un camion et sa cargaison de bois (je vous laisse deviner l’espèce des arbres transportés !). 1500 kilomètre de route à parcourir entre Asunción à Buenos Aires. Et c’est tout…
Raconté comme cela, le premier long-métrage de Pablo Giorgelli qui a fait ses armes dans le montage et dans la réalisation de documentaires télévisés peut laisser craindre un ennui abyssal, impression que laisse planer le début de ce road-movie effectivement très lent malgré une photographie sublime. Mais, même s’il ne s’y passe effectivement pas grand-chose, Les Acacias, récompensé de la prestigieuse Caméra d’Or à Cannes (qui récompense le meilleur premier film toutes sections confondues), trouve peu à peu son rythme et devient un formidable condensé d’humanité où, avec peu de mots mais une sensibilité extrême, va se tisser une romance improbable et qui n’ose pas dire son nom entre Ruben (German De Silva, un comédien expérimenté de théâtre dont le visage buriné exprime déjà beaucoup), le routier bourru et Jacinta (Hebe Duarte, regard et sourire d’une douceur rare, formidable débutante qui n’a aucune formation d’actrice et pour cause, elle était assistante de la directrice du casting au Paraguay), la jeune femme qu’il doit accepter à son bord sur la recommandation de son patron.
Et ce qui va rapprocher ces deux êtres apparemment blessés par la vie, ce qui va briser la glace entre eux et rompre ce silence assourdissant, c’est celle qui n’a pas justement pas encore l’usage de la parole, l’adorable Anahi, un bébé absolument craquant (pour l’anecdote, elle s’appelle Nayra Calle Mamani) qui a d’ailleurs imposé son rythme au tournage du film – car il est évidemment impossible d’exiger d’un nourrisson qu’il mange, pleure ou dorme sur commande ! Ajoutez à cela la difficulté de réaliser un film en perpétuel mouvement et se déroulant presque exclusivement dans l’espace confiné de la cabine du poids lourd, force est de reconnaitre que Pablo Giorgelli ne s’est pas particulièrement facilité la tâche pour un premier long.
Sans jamais rien imposer à son spectateur à qui il n’explique volontairement pas tout (la seule chose qui compte, c’est ce qui se passe dans le moment présent, le passé des personnages n’est qu’esquissé, charge à chacun de compléter les blancs avec sa propre imagination) avec un sens de la précision aussi bien dans l’écriture que dans la mise en scène (la scène finale, émouvante au possible, est chorégraphiée à la seconde près – ni trop courte ni trop longue), le réalisateur argentin signe un film minimaliste aussi pudique que poétique et raconte la rencontre de deux solitudes avec une finesse bouleversante. Après 1h25 de voyage, quand il est déjà temps de dire au revoir, la première envie serait de refaire le chemin inverse pour aller chercher un nouveau chargement d’Acacias.
Emmanuel Pujol
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