Le tambour

Lorsque l’on évoque la palme d’or du festival de cannes 1979, on y associe instantanément le film de francis ford Coppola, Apocalypse Now et l’on oublie que cette année-là il y eu deux palmes d’or. L’autre est Le tambour. Il s’agit d’une adaptation du roman de Gûnter Grass. Le film est à l’image de son affiche, c'est-à-dire qu’il associe la fantaisie aux images choquantes. L’histoire est celle d’un petit garçon Oskar Metzerah joué par David Bennent qui se voit offrir lors de ses trois ans un tambour et à partir de ce jour, le petit oskar décide de ne plus grandir. Le film montre à travers la vie du petit garçon la montée du nazisme et l’arrivée du troisième Reich. Oskar possède une particularité grâce à laquelle il ne se séparera jamais de son tambour, en effet il parvient à briser le verre à chaque fois qu’il crie. Ces particularités associées à sa petite taille le réduisent à être une attraction foraine. De multiples scènes provocantes alimentent le film, ainsi l’on découvre des anguilles se glissant hors de la tête tranchée d’un cheval, le rassemblement nazi se termine sur une valse et le petit oskar adolescent dans un corps de petit garçon fait l’amour à sa belle-mère. Ces scènes sont assez bien maitrisées pour que le film ne tombe pas dans l’horreur ou le trash. Ce film se rapproche du conte ponctué de scènes inattendues.

Réalisé par Volker Schlöndorff, « Le tambour » restitue sur grand écran une vision originale de la folie des hommes. En effet, à travers le regard d’un enfant, Oscar, petit garçon qui, dégoûté par le comportement des adultes, a soudain décidé d’arrêter de grandir à l’âge de trois ans, le cinéaste propose une photographie édifiante du délabrement de la société allemande tandis que le nazisme éclot Outre-Rhin. Par sa petite taille et son physique ingrat, Oscar effraie, dérange et intrigue le spectateur. De plus, sa capacité de briser le verre avec sa voix, sa manie de tapoter ardemment son tambour, sa façon de regarder ou de voir le monde, imprègnent le film d’une ambiance malsaine et inédite. Le petit homme raconte en voix off et images à l’appui sa propre existence en même temps qu’il est témoin de l’Histoire. Il ne comprend pas toujours ce monde où il ne sera jamais traité ni considéré comme un être humain ordinaire. Centré sur son énigmatique personnage, le film révèle un acteur épatant de justesse en la personne de David Bennent, acteur sur lequel repose entièrement le film. Choisi pour sa constitution singulière et la particularité troublante de son visage, il se révèle particulièrement convaincant de bout en bout du film jusque dans des scènes osées et amorales. Entre sexe, violence et idéologie hitlérienne, « Le tambour » dresse un portrait au vitriol de la société d’alors. On y sent la population décomplexée et séduite par le discours fasciste, haineux et supposé salutaire prôné par le Führer en même temps que le vice règne sévit dans tous les contextes inimaginables. Qu’elle fascine ou qu’elle dégoûte, cette œuvre singulière, riche et difficile récompensée à Cannes en 1979 ne manquera en tous cas pas d’interpeller tout spectateur qui saura aller à son terme.