Titre VO : Le Syndrome de Stendhal
Un film
Genre : fantastique - Durée : 0h07 - Année de production : 1990
Date de sortie en salle : inconnue
Distributeur :
Anna est victime d'un évanouissement alors qu'elle visite un musée et est recueillie par un mystérieux jeune homme : Alfredo. Anna est inspectrice à la brigade anti-viol et enquête sur un serial-killer responsable de viols et de meurtres. Une lutte mystérieuse et sans merci s'engage entre Anna et le tueur, qui n'est autre qu'Alfredo.
Autant prévenir tout de suite le lecteur, je ne suis pas particulièrement amateur du travail d’Argento, restant plutôt froid à son esthétisme quelque peu outrancier. Le syndrome de Stendhal me conforte donc dans mon opinion, mais reste quand même une agréable surprise. Pour commencer le pitch n’a rien de bien emballant, une inspectrice pourchasse un violeur en série qui ne va pas tarder à s’attaquer à elle. Mais le scénario n’est jamais vraiment le fort des films d’Argento. L’intrigue est donc soit confuse, les premières scènes sont décousus et peu lisible, soit très classiques : l’intrigue se déroule comme dans un bon film policier avec quand même en prime quelques rebondissements et une fin assez peu conventionnelle. Côté personnage, la psychologie y est, surtout sur l’héroïne, policière torturée et pas forcement saine d’esprit. Mais malheureusement l’interprétation d’Asia Argento, la fille du réalisateur (pour ceux qui ne le sauraient pas), vient quelque peu gâcher ce personnage pourtant attachant. Mais la performance de la fille à son papa est aussi inégale que le film, commençant assez platement par une quasi-absence d’expression et finissant à l’aise dans le rôle et marquant plutôt bien la métamorphose du personnage. Mais l’interprétation d’Asia Argento est heureusement relevé par la présence de Thomas Kretschmann, subjuguant dans son rôle de tueur psychopathe et passionné. Malgré un scénario inégal et des dialogues convenus, le spectateur se laisse prendre à l’intrigue et les rebondissements finals réussissent quand même à faire leur effet. Mais c’est bien connu Argento est un virtuose de l’image, c’est là que ça coince pour moi. Bien que je comprenne qu’il préfère jouer avec la forme plutôt qu’avec le fond, je suis quand mal à l’aise devant ces étalages de couleur et de lumière dans des films comme Inferno ou Suspiria. Ici le réalisateur est resté plus modéré, basant surtout l’impact de ses images sur les œuvres d’art de grands noms italiens. Je ne peux rien reprocher de ce côté-là , les œuvres deviennent derrière la caméra Argento des personnages à part entière. Illustrer le syndrome de Stendhal n’était pas forcement un pari facile, mais Argento remporte le défi avec brio, plongeant le spectateur en même temps que l’héroïne dans le vertige de l’art florentin. La musique y est aussi pour beaucoup dans l’atmosphère que le réalisateur tend à instaurer, et qui d’autre qu’Ennio Morricone pouvait apporter une touche musicale à cet univers paranoïaque et artistique. Mais malgré cette virtuosité, on a quand même l’impression qu’Argento en panne d’inspiration s’est servis des tableaux de grands maîtres pour donner de l’impact à son film plutôt qui d’y mettre sa patte. Autre ombre au tableau, la présence de quelques effets spéciaux raté qui, de plus, n’était pas réellement indispensable au film, je pense à la balle dans la joue d’une des victimes, filmé au ralenti, et qui sera fatal à la dite victime ! Mais l’ensemble est rattrapé par quelques scènes d’angoisse et un rythme plutôt relevé marqué par des scènes violentes qui viennent pimenter le tout. Sans être un chef-d’oeuvre du genre, Argento réussit à faire un bon film policier, inégale sur bien des points, mais qui arrive à certains équilibre. Important dans l’œuvre du réalisateur italien, parce qu’il est semble-t-il une sorte de retour au source pour lui, empêtré dans des films plus ou moins mauvais selon les goûts. En un mot : de l’Argento.
Nous sommes en 1996. Il est déjà de notoriété publique que Dario Argento, le maître d'oeuvre de «Profondo rosso» et de «Suspiria» n'est plus que l'ombre de ce qu'il a été. Ses derniers films sont des flops artistiques. Les studios le boudent. Son «Syndrôme de Stendhal» ne sortira même pas en salles en France. C'est pourtant une petite résurrection pour lui : l'espace d'un film, ce film, les amateurs du cinéaste italien vont être aux anges. Toujours aussi impliqué dans le thriller, mais sans les ornements du giallo, Argento annonce la couleur dès l'angoissant générique : le danger dans cet opus viendra de l'art. Les toiles de maître défilent sur une musique angoissante (un de ses meilleurs «score») d'Ennio Morricone. Les premiers plans du film nous montre l'écrasante supériorité des statues, la folie qui se dégage des tableaux. C'est qu'Anna Manni (campée sans grand brio par la fille de Dario, Asia), jeune flic de la brigade anti-viol, se découvre atteinte d'une forme d'hypersensibilité bien particulière, l'hypersensibilité aux oeuvres d'art. Qu'elle contemple un peu trop longtemps «la chute d'Icare» de Bruegel et la voici qui pénètre littéralement la toile. Qu'elle soit exposée à des tags angoissants dans une cave sordide, et ces dessins l'assaillent aussitôt. La première partie du film est un tour de force visuel permanent : Argento donne à vivre et à ressentir les oeuvres d'art comme jamais un film ne l'a permis. La deuxième partie, plus conventionnelle, presque un second film, perd de cette densité. Pourtant, imperciptiblement, Argento y convoque Dali, les pietà , Renoir. Seule la photo, un peu faiblarde (et parfois très proche de l'image «écrasée» des téléfilms), nuance l'incroyable bilan visuel du «Syndrôme de Stendhal». Quant à l'histoire, si le spectateur ne tarde pas à devancer d'une station chaque rebondissement, il appréciera tout de même le refus de la morale et l'ambiguïté délicieuse des 20 dernières minutes. Alors, certes comme souvent chez Argento les acteurs sont faiblards, certes le film souffre des contraintes techniques d'un tournage faiblement argenté, certes la structure en deux parties peut déconcerter... Mais ce film signe l'éphémère retour du grand Dario Argento, et rien que pour cela, il mérite qu'on l'expose en bonne place au musée de ses réussites.
Fan de Cinéma est enregistré à la C.N.I.L. sous le n° 1143859 - Copyright © 2005-2023 LS Project Tous droits réservés. Scruteweb - community management. Voyance sérieuse .