Le Premier jour du reste de ta vie

Un très bon film français sur la famille et le temps qui passe. On suit chacun des personnages lors d'un évènement clé de leur vie. Même si le sujet a déjà été traité plusieurs fois au cinéma, les différents acteurs apportent de la fraîcheur à ce film qui traite de sujets graves.

C?est l?histoire d?une famille, des plus classiques, avec ses moments de joies et de peines, de complicités et de séparations, ses espoirs et ses désillusions. Et comme fil conducteur le temps qui inexorablement passe? Et seul les souvenirs restent.

Sortir un film français modeste en plein milieu de l'été, face à la rafale de blockbusters annuels, ça peut s'apparenter à du suicide artistique. Sauf si le film en question joue justement de sa modestie pour mettre une claque de fraîcheur sur les mastodontes (parfois réellement préhistoriques) ricains. Le cas du Premier jour du reste de ta vie en est un bel exemple, lui qui a bénéficié d'un bouche à oreille fulgurant qui en a fait le coup de coeur français 2008.

Il faut dire que tout s'y prête, du casting impeccable, d'abord : Jacques Gamblin fidèle à lui-même, Zabou Breitman, la caution 'sujet du quotidien traité avec délicatesse', Mélanie François, la souffrance adolescente à fleur de peau, Marc-André Grondin et Pio Marmai en frères complices séparés par les aléas de la vie. Tous sont caractérisés avec un naturel confondant, même si ici ou là, Rémi Bezançon, le metteur en scène, appuie un peu trop.

Naturel aussi, le scénario l'est, épousant le déroulement de la vie d'une famille, depuis le départ de l'aîné jusqu'à... (pas de spoiler). Mais alors qu'il aurait été simple (voire simpliste) et certainement chiant de suivre chronologiquement cette chronique du quotidien, Bezançon choisit de fragmenter son récit, par des flashbacks, par chapitrage à la Tarantino (et la comparaison s'arrête là !), en illustrant la lecture d'un journal intime par une mise en scène pertinente et 'ludique' (formidable séquence qui évite le pathos avec une infinie douceur).

De la douceur, c'est ce qu'on retrouve à chaque coin de plan, comme si Proust avait pris une caméra et s'était mis en tête de faire s'élever les senteurs de sa madeleine à tout instant. Le spectateur ne peut que s'identifier, ne serait-ce qu'au détour d'une scène, d'un caractère de personnage, d'un tic, qui le renvoie à son vécu plus ou moins proche. Chacun y trouvera son compte, de la petite soeur à Mémé, en passant par papa et maman - c'est ce qu'on appelle un film familial.

Si l'on devait s'en tenir à la stricte qualité cinématographique du Premier jour..., on trouverait bien des défauts, des maladresses qui font vaciller le film et ses personnages dans la caricature, le déjà-vu, mais l'incroyable énergie communicative de toute l'équipe, et celle d'une BO ravageuse, emporte tout sur son passage, et délivre au final un sentiment de bonheur rare. Au point d'apprécier, pour une fois, une chanson d'Etienne Daho. Le cinéma est comme ça, plein de miracles.

"Le Premier jour du reste de ta vie", c'est LA bonne surprise de l'été 2008, une bobine de tendresse qui nous change des super héros vert, noir ou en métal.

Le 2eme film de Rémy Bezançon nous raconte en toute simplicité et avec un talent narratif rare l'histoire d'une famille à travers 5 dates clés de leur histoire commune. De la relation difficile du père (formidable Jacques Gamblin) avec son propre géniteur au mariage du fils prodigue et rebelle (pour son premier rôle, bluffant Pio Marmai dont la ressemblance avec Vincent Elbaz est troublante) en passant par un inoubliable concours d'AirGuitar du cadet (le Québéquois Marc-André Grondin qui permet de faire un trait d'union évident entre "ce premier jour" et "C.R.A.Z.Y.", autre belle réussite de chronique familiale), la palette d'émotions - du rire aux larmes - est complète et chacun de se reconnaitre forcément à un moment ou à un autre dans les différents personnages.

Il serait injuste d'oublier les femmes du casting: Zabou Breitman en mère exemplaire qui a du mal à voir ses enfants s'envoler du nid et qui souffre de vieillir et Déborah François en ado rebelle et fragile sont toutes les deux impeccables.

Rarement le quotidien et l'ordinaire ont été aussi bien filmés. Il sait d'ailleurs fort bien manier la caméra, le Rémi, utilisant pour chaque segment, et sans avoir l'air d'y toucher, une technique particulière correspondant aux états d'âmes du personnage mis en valeur.

Pour ne rien gâcher, la bande son, rock à souhait, colle parfaitement à l'ambiance générale. Et si ce "premier jour" pouvait réconcilier le public avec un cinéma français certes populaire mais aussi intelligent et émouvant, ça ne serait que justice.

Et en sortant de la salle, je ne serais pas étonné que "le reste de ta vie" commence avec une boule dans la gorge ou quelques larmes au coin des yeux après 1h54 avec cette famille vraiment formidable!

Si l’on s’en tient aux archétypes, la famille était autrefois composée d’un père autoritaire, d’une mère aimante, d’un fils qui partait à l’armée, d’un fils qui intégrait le clergé et d’une fille qui se mariait avec un beau parti. Aujourd’hui, la famille s’accommode encore de statuts bien déterminés quoi que légèrement différents car agrémentés de sentiments : le père est plus aimant et plus sensible, la mère se sent plus forte et plus coupable, l’un des fils a le sens des responsabilités, l’autre est rêveur, et la dernière est révoltée. C’est de ce prototype de famille que Rémi Bezançon nous raconte la vie, au travers de 5 journées et de moult retours dans le passé qui nous montrent avec un tendre réalisme comment le temps a passé et comment ces 5 héros ordinaires ont évolué. Avec son ingénieuse mise en scène et sa magnifique BO, Le Premier jour du reste de ta vie est sans doute une des comédies familiales les plus réussies qui soit : évocatrice, intelligente et touchante. Ne pas parler des acteurs (principaux ou secondaires) serait crime de lèse-majesté alors, parlons-en : ils sont juste impressionnants de justesse et incroyablement présents. A défaut d’être des nôtres, on a envie d’être des leurs…