Titre VO : Le Concert
Un film de Radu Mihaileanu avec Aleksei Guskov , Dimitry Nazarov , François Berléand , Valeri Barinov , Lionel Abelanski
Genre : drame - Durée : 2h00 - Année de production : 2009
Date de sortie cinéma : 04 Novembre 2009
Distributeur :
A l'époque de Brejnev, Andrei Filipov était le plus grand chef d'orchestre d'Union soviétique et dirigeait le célèbre Orchestre du Bolchoï. Mais après avoir refusé de se séparer de ses musiciens juifs, dont son meilleur ami Sacha, il a été licencié en pleine gloire. Trente ans plus tard, il travaille toujours au Bolchoï mais... comme homme de ménage.
Un soir, alors qu'Andrei est resté très tard pour astiquer le bureau du maître des lieux, il tombe sur un fax adressé au directeur : il s'agit d'une invitation du Théâtre du Châtelet conviant l'orchestre du Bolchoï à venir jouer à Paris... Soudain, Andrei a une idée de folie : pourquoi ne pas réunir ses anciens copains musiciens, qui vivent aujourd'hui de petits boulots, et les emmener à Paris, en les faisant passer pour le Bolchoï ? L'occasion tant attendue de prendre enfin leur revanche...
Après Trahir, Train de vie et Va,Vis et Deviens, Radu Mihaileanu confirme son penchant pour les histoires humaines simples et fortes dans un Concert touchant malgré quelques maladresses qui viennent perturber inutilement un récit presque aussi fluide que la sublime musique de Tchaikovsky.
C’est d’ailleurs là un des plus grands mérites du film : donner envie de (re)découvrir la musique classique, intemporelle, envoûtante, poignante. Le dernier quart d’heure de ce Concert emporte l’adhésion sur fond de concerto pour violon op.35 en ré majeur, brillamment interprété par le faux Bolchoï et une jeune violoniste virtuose (la toujours charmante et plutôt juste et sobre Mélanie Laurent) qui va découvrir la vérité sur son identité et son histoire personnelle. Tout est dit sans un mot, la musique emporte tout et même si deux ou trois flash-forward maladroits et vulgaires viennent perturber l’ensemble, l’émotion est réelle, palpable. L’harmonie tant recherchée par Andrei Filipov, le chef d’orchestre déchu à la tête d’un orchestre de bric et de broc, de ce Bolchoï clandestin et tellement improbable, est enfin trouvée après 100 minutes initiales moins convaincantes.
On retrouve aussi et surtout dans ce film les thèmes de prédilection du réalisateur français d’origine roumaine : la dénonciation de l’oppression et de toute forme de dictature (ici celle du régime soviétique de Brejnev contre les Juifs), les faux-semblants comme unique échappatoire (des juifs qui s’auto-déportaient pour se sauver dans Train de vie, le héros éthiopien de Va, Vis et Deviens qui passe pour juif pour simplement survivre, des marginaux qui se font passer pour l’orchestre du Bolchoï dans le Concert pour retrouver une dignité), l’espoir – la foi presque – de réussir l’impossible avec comme seul richesse la solidarité. Le message de tolérance s’accompagne toujours chez Radu d’un voyage à la fois réel et initiatique : pour accomplir un rêve impossible, pour rencontrer leur destin, les laissés-pour-compte russes vont voyager jusqu’à Paris et au cœur même de la capitale française, chaque membre de l’orchestre vivant une expérience personnelle d’abord égoïste pour mieux se retrouver autour d’un tragique passé commun.
Alors, oui, le scénario emprunte parfois des raccourcis un peu faciles, les clichés malheureux abondent, la mise en scène manque d’ampleur et l’humour se fait pataud. Le film aurait aussi gagné en intensité en sacrifiant quelques scènes répétitives. Mais le rythme est assez bon pour qu’on ne s’ennuie jamais et surtout les comédiens russes qui portent le film sont tous formidables, de Aleksei Guskov en chef d’orchestre mythique déclassé en homme de ménage à Valeriy Barinov, inconsolable nostalgique du communisme parlant un français précieusement ridicule. Côté casting français, c’est nettement moins convaincant, chacun faisant son numéro habituel, de Berléand, cabotineur en directeur du Châtelet à Ramzy, vanneur en patron de restaurant maroco-normand.
Brassant beaucoup de thèmes (trop ?), voulant à la fois jouer la carte de l’humour et de l’émotion, ce Concert ambitieux n’évite pas de grossières fausses notes mais emporte l’adhésion grâce à un final juste et convaincant. Il était temps, maestro.
Emmanuel Pujol
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