Titre VO : Clash of the Titans
Un film de Louis Leterrier avec Sam Worthington , Liam Neeson , Ralph Fiennes , Jason Flemyng , Mads Mikkelsen
Genre : fantastique - Durée : 1h46 - Année de production : 2010
Date de sortie cinéma : 07 Avril 2010
Distributeur :
La dernière bataille pour le pouvoir met en scène des hommes contre des rois et des rois contre des dieux. Mais la guerre entre les dieux eux-mêmes peut détruire le monde. Né d'un dieu mais élevé comme un homme, Persée ne peut sauver sa famille des griffes de Hadès, dieu vengeur du monde des Enfers. N'ayant plus rien à perdre, Persée se porte volontaire pour conduire une mission dangereuse et porter un coup fatal à Hadès avant que celui-ci ne s'empare du pouvoir de Zeus et fasse régner l'enfer sur terre. A la tête d'une troupe de guerriers courageux, Persée entreprend un périlleux voyage dans les profondeurs des mondes interdits. Luttant contre des démons impies et des bêtes redoutables, il ne survivra que s'il accepte son pouvoir en tant que dieu, qu'il défie son destin et crée sa propre destinée.
Une belle déception entourée par des bourdes scénaristiques et de mise en scène. Des étourderies qui mélangent les styles des périodes historiques si vous y faîtes attention. Je suis tatillon mais réaliser un film ne se fait pas n'importe comment. Ce film fut une expérience incroyablement atroce.
Le film mythologique est un genre en soi, proche du péplum (les personnages arpentent cités et déserts ancestraux en jupette), qui a connu son heure de gloire à une époque où les effets spéciaux, indispensables, étaient très limités. Un homme aura permis la réalisation de séquences spectaculaires dont les hellénistes et latinistes n'auront connu jusqu'alors qu'en rêve : il s'agit de Ray Harryhausen, qui va donner ses lettres de noblesse à la stop-motion, une technique d'animation image par image incluse dans des scènes "live". On lui doit les exploits de Jason et les Argonautes notamment, la plus fameuse réussite se démarquant sans peine des séries B transalpines qui profitaient de leur héritage culturel avec les adaptations des aventures d'Hercule et son ersatz Maciste. Le Choc des Titans, l'un des derniers ouvrages du maître, s'avère complètement anachronique alors que Star Wars vient de révolutionner les SFX et l'aventure au cinéma. Véritable chant du cygne du genre, le film, en réunissant un casting prestigieux (Laurence Olivier, Ursula Andress,...Méduse, le Kraken, Calibos), s'est creusé un statut d'oeuvre culte, pour certains usurpé. Pas étonnant qu'en ces temps de remakes tout azimuts, des producteurs peu enclins à l'originalité, s'essaient à un dépoussiérage en règle.
Sorti de l'excellent L'Incroyable Hulk, Louis Leterrier semblait avoir les épaules pour supporter un nouveau blockbuster. Continuant sur sa lancée, le frenchie traite avec réalisme une histoire éminemment fantastique où les hommes défient les dieux qui les punissent en retour. Un noble intention qui fait la part belle à la psychologie de son héros, Persée, qui prend les traits de Sam Worthington dans son rôle habituel de bouseux confronté à des situations qui le dépassent. Mais sa volonté de s'affranchir de l'aide de son Zeus de père, après un trauma familial maladroit et dénué d'émotion, restreint la portée mythologique de ses actes, traduisant un certain dédain du réalisateur pour cet univers. Comme pour Hulk, les scènes d'action ne sont pas à la hauteur, et ce ne sont pas les temps faibles qui réhaussent le niveau : on s'ennuie, d'abord parce que l'histoire est connue, ensuite parce que les pérégrinations de Persée sont sans rythme. On attend, entre deux séquences où Leterrier piétine et répète les enjeux humains, les climax vendus dans la bande-annonce, l'attaque des scorpions géants, la chasse à la Gorgone, le face à face avec Calibos.
Et en somme, c'est tout ce qu'il reste de l'original, certes désuet et limite ringard, mais manifestement bien plus magique. Le gigantisme et la modernité des effets spéciaux ne suffisent pas pour surpasser le film de Desmond Davis les combats titanesques tombant à plat sans souffle épique, sans dramaturgie ni implication pour chaque temps fort dont l'issue est sans conséquences pour la suite, et l'impression gênante de regarder son petit frère passer des niveaux sur sa console de jeux avec détachement étreint le spectateur.
D'autant qu'à force de mettre au devant de la scène Persée, les autres personnages n'ont aucune épaisseur, réduits qu'ils sont à n'être que des compagnons d'armes, potentielles victimes nécessaires pour valoriser à la fois le monstre et le héros. A vrai dire, on ne se souviendra d'aucun d'eux, sinon du duo de nubiens qui installe une décontraction comique dispensable destiné à élargir le public. Et que dire du duel Zeus (Liam Neeson) - Hadès (Ralph Fiennes) dans une auto-parodie involontaire où Voldemort rencontre Schindler. Tous deux sont improbables dans un Olympe de pacotille qui subit le peu d'imagination de ses concepteurs.
Les rares satisfactions sont à mettre au crédit des designers de Calibos (vraiment laid, mais simple Kickboxer), de Charon (une vraie oeuvre d'art !) et du Kraken, malheureusement trop statique dans un final impressionnant mais peu engageant. Méduse n'a droit qu'à une croute séquence où son aura maléfique ne perce jamais, la faute entre autres à des effets désastreux. Un comble pour un film qui en a fait une priorité, de par son sujet, de par la ponctuation calculée des climax où ils apparaissent. On reste donc en dehors d'un mythe célèbre qui n'arrive jamais à surprendre et à impliquer le public, et ce malgré une 3D plaquée en post-production alors que Leterrier ne travaille pratiquement pas la profondeur de champ. Les efforts de réalisme du metteur en scène ne pèsent pas lourd dans la balance, sacrifiés par l'appât du gain.
Un film bicéphale, maigre consolation de l'absence remarquée de Cerbère, une réelle déception qui contentera les moins rigoureux.
Fan de Cinéma est enregistré à la C.N.I.L. sous le n° 1143859 - Copyright © 2005-2023 LS Project Tous droits réservés. Scruteweb - community management. Voyance sérieuse .