Titre VO : Le Café du pont
Un film de Manuel Poirier avec Bernard Campan , Thomas Durastel , Sergi Lopez , Sacha Bourdo , Julien Demarty
Genre : comédie dramatique - Durée : 1h35 - Année de production : 2009
Date de sortie cinéma : 04 Août 2010
Distributeur :
Printemps 1947, dans le sud-ouest de la France, Pierrot, une douzaine d'années, pêche avec joie des petits goujons dans un canal. Fier de sa pêche, il rentre chez lui, et retrouve ses parents qui consacrent beaucoup de leur temps et toute leur énergie à leur café, " Le Café du pont ", où viennent ouvriers et mariniers.
Pierrot et son petit frère grandissent dans le contexte du café, avec ses habitués, dans une famille modeste, unie et heureuse qui a connu les restrictions de la guerre et l'occupation allemande. Malgré les traites à payer et tout le travail que demande le café à ses parents, son père rêve de faire construire une grande salle de bal. Mais un jour, chez le docteur, le père de Pierrot va apprendre que sa femme, qui s'est trop usée au travail, doit se reposer. Et même si le café du pont est toute leur vie, la mère de Pierrot doit s'arrêter de travailler...
Depuis Western, prix du Jury à Cannes en 1997, les films de Manuel Poirier ont l’art de passer totalement inaperçu. Et ce n’est pas avec ce café du pont qui sort dans l’anonymat du mois d’août – tout comme La Maison il y a 3 ans d’ailleurs, à croire que ses distributeurs ne croient pas vraiment au potentiel commercial de ses films – qu’il risque de refaire parler de lui. Et pourtant, adapter les mémoires de Pierre Perret, chanteur populaire par excellence à la gouaille légendaire était plutôt une bonne idée pour donner un tournant plus grand public à sa carrière.
Las, faire du Jean Becker n’est apparemment pas donné à tout le monde. Pire encore quand Manuel Poirier décide d’y mêler des tics de cinéma d’auteur avec plans fixes, silences interminables et comédiens amateurs qu’on laisse improviser sans direction aucune. Bien sur, le café du pont exhale les effluves de la douce nostalgie d’une vie simple faite de petits bonheurs, de la joie retrouvée après la guerre éprouvante. L’amour immense des parents Perret pour leurs deux enfants explique aisément le sourire malicieux du visage toujours enfantin malgré l’âge - et les rides - du facétieux Pierre Perret.
Mais où est donc passé la verve du chanteur ? Pourquoi Manuel Poirier ne profite-t-il pas de la truculence de l’autobiographie dont s’inspire bien trop librement le film ? Pourquoi avoir choisi de faire un film aussi plat, avec aussi peu de saveur sauvé simplement par la justesse des deux acteurs principaux, Bernard Campan – décidément formidable - et Cécile Rebboah ? Il ne se passe rien ou presque dans ce café du pont et, même si parfois un film tendre et doux peut faire du bien, c’est tout de même l’ennui poli qui gagne petit à petit le spectateur. Parfois, pour faire «populo », Manuel Poirier tente des brèves de comptoir qui tombent systématiquement à plat non seulement car elles se révèlent totalement hors contexte dans ce film sans aspérités mais aussi parce que les acteurs ne semblent jamais croire à ce qu’ils disent. L’apparition de Sergi Lopez, fidèle parmi les fidèles du réalisateur, est symptomatique de ce film sans réel scénario : aussi sympathique qu’inutile.
Alors, oui, la reconstitution d’un village à la fin des années 40 et au début des années 50 est très jolie mais cela ne suffit pas à justifier un film fade dont on attendait tellement plus qu’une simple nouvelle version de la rengaine « c’était tellement mieux avant » d’un certain cinéma français, très chromo et sentant dangereusement la naphtaline. Ce qu’il y a de plus réussi dans le film, c’est sans doute la bande originale signée Bernardo Sandoval, c’est tout dire… Pierret Perret s’est déclaré très déçu de l’adaptation de ses mémoires et on le comprend !
Emmanuel Pujol
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