Titre VO : La Solitudine Dei Numeri Primi
Un film de Saverio Costanzo avec Luca Marinelli , Tommaso Neri , Vittorio Lomartire , Maurizio Donadoni , Roberto Sbaratto
Genre : Drame - Durée : 1h58 - Année de production : 2010
Date de sortie cinéma : 04 Mai 2011
Distributeur :
1984, 1991, 1998, 2007. Autant d'années qui séparent la vie de Mattia et d'Alice. Deux enfances difficiles, bouleversées par un terrible événement qui marquera à jamais leur existence. Entre leurs amis, leur famille et leur travail, Mattia et Alice sont malgré eux rattrapés par leur passé. La conscience d'être différent des autres ne fait qu'augmenter les barrières qui les séparent du monde, les menant à un isolement inévitable, mais conscient.
D’un côté, il y a Mattia, un surdoué des maths renfermé sur lui-même, à la limite de l’autisme. De l’autre, Alice, jeune femme timide et complexée. Leur point commun ? Un terrible évènement qui a marqué leur jeunesse et qui va conditionner toute leur vie d’adulte !
Voilà deux solitudes, deux êtres blessés qui vont se reconnaitre, s’apprivoiser, se frôler, se construire sur leurs fêlures respectives. A travers quatre dates clés de leur existence (1984, 1991, 1998 et 2004) – chaque décennie étant rythmée par un genre musical bien précis, son d’un synthétiseur typique de films d’horreur pour les années 80, techno basique pour les années 90, pop pour les années 2000 pour finir, dans la dernière partie, sur un silence assourdissant – le film raconte leurs parcours tortueux de vie.
Tiré du roman du même nom de l’écrivain italien Paolo Giordano – plus jeune lauréat à 26 ans du prestigieux prix Strega, équivalent italien du Goncourt -, La solitude des nombres premiers aurait pu être un film bouleversant. Malheureusement, son réalisateur, Saverio Costanzo, se regarde beaucoup trop filmer et tombe presque en permanence dans le piège d’une mise en scène maniérée et complaisante, surlignant les émotions plutôt que de simplement les laisser affleurer. C’est d’autant plus dommage que les personnages sont d’une vraie justesse psychologique. Ils se suffisaient amplement à eux-mêmes, véritables héros tragiques ordinaires, sans en rajouter dans les effets de style aussi inutiles que prétentieux.
La dernière partie reflète ces choix artistiques pour le moins malencontreux : plutôt que d’être véritablement ému, on est agacé par le surjeu des acteurs (Alba Rohrwacher que l’on sent particulièrement investi mais assez mal dirigé et Luca Marinelli, acteur de théâtre dont c’est le premier rôle au cinéma et qui semble avoir tellement peur d’en faire trop qu’il finit par ne pas en faire assez) et l’esthétique assez toc imprimé par Costanzo.
Malgré un récit au potentiel indéniable, cette solitude des nombres premiers reste une déception formelle qui donne surtout envie de se plonger dans le roman et de se faire son propre film autour de ces deux destins tragiquement brisés par l’injustice de la vie, le poids des remords, le chagrin, la culpabilité et les non-dits meurtriers.
Emmanuel Pujol
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