Titre VO : We Own the Night
Un film de James Gray avec Joaquin Phoenix , Mark Wahlberg , Robert Duvall , Tony Musante , Antoni Corone
Genre : policier - Durée : 1h54 - Année de production : 2007
Date de sortie cinéma : 28 Novembre 2007
Distributeur :
New York, fin des années 80. Bobby est le jeune patron d'une boite de nuit branchée appartenant aux Russes. Avec l'explosion du trafic de drogue, la mafia russe étend son influence sur le monde de la nuit. Pour continuer son ascension, Bobby doit cacher ses liens avec sa famille. Seule sa petite amie, Amanda est au courant : son frère, Joseph, et son père, Burt, sont des membres éminents de la police new-yorkaise... Chaque jour, l'affrontement entre la mafia russe et la police est de plus en plus violent, et face aux menaces qui pèsent contre sa famille Bobby va devoir choisir son camp...
Pour son troisième film  (après Little Odessa et The Yards), James Gray signe un drame criminel sur une famille piégée dans la guerre de la drogue qui fit des ravages à New York à la fin des années 80.
Le scénario fait s’imbriquer un conflit familial intime dans un contexte public de lutte policière contre les trafiquants. Que ce soit par sa beauté plastique, son jeu d’acteurs ou par son intensité dramatique et son suspens, ce nouveau film de James Gray est sur de nombreux points exceptionnel.Â
En confiant la photo à Joaquin Baca-Asay il obtient une image aux tons jaunes et ocres qui donne aux scènes des allures de crépuscule. Grâce à sa caméra expressive et à son sens artistique, James Gray plonge le spectateur dans l’atmosphère du film noir. Le réalisateur, à la manière d’un Kubrick, se passionne aussi pour la musique. Il fait des choix judicieux en ce domaine pour donner de l’ampleur émotionnelle à son film. La musique disco particulièrement bien choisie évoque les années 80 et rythme le film en lui donnant du souffle. Pour les émotions plus intimes, il utilise avec brio des musiques plus classiques. L’entière qualité du scénario donne donc à l’intrigue policière un relief particulier. Nous évoluons dans une atmosphère dense accompagnée d’un suspens qui pétrifie le spectateur jusqu’au bout.
Son cheminement, effectivement, est singulier. Entre le premier et le dernier plan du film, il a opéré un changement de vie, une radicale conversion du cœur. Ce chemin passe par l’épreuve de la violence, de la mort et de la vengeance mais débouche sur un l’amour agape (fraternel) et sur une pacification, images de l’amour divin. Deux scènes se répondent comme en écho : la première, qui ouvre le film, montre l’amour charnel et frivole de Bobby avec Amada ; la deuxième, qui clôt magistralement le film, montre un Bobby capable de dire « je t’aime » à son frère. Entre ses deux instants on suit l’itinéraire de conversion du personnage. Au départ mauvais fils, il veut ensuite regagner l’estime et l’amour du père, venger son frère blessé. Comme le fil prodigue de la bible, il revient dans le giron familial après avoir mené une vie dissolue, prêt à donner sa vie en étant un infiltré dans le réseau des trafiquants. Après avoir affronté la mort, vengé sa famille et racheté sa faute, il opère une purification du cœur qui le rend capable d’aimer d’un amour fraternel.
Cette émotion dont parle ici le cinéaste n’a rien de superficiel ni d’exagérée. James Gray a laissé monter en lui un sentiment mystique (une émotion quasi-religieuse) qui éclate littéralement tout au long du film à travers sa maîtrise du cinéma et saisit le spectateur au plus profond.
Un film éblouissant de profondeur spirituelle, tourné vers les racines sacrées de notre humanité…
Pierre Vaccaro
La Nuit nous appartient réunit tous les ingrédients d'un excellent polar : des scènes d'action spectaculaires, une lutte fratricide en fil rouge, une réalisation tonitruante, un casting d'enfer. James Gray nous embarque littéralement dans ce New-York sombre des années 80 où la mafia s'affiche en toute impunité dans les boîtes de nuit et fait régner sa loi dans la rue n’ayant crainte de la police. La réalisation est à la fois exceptionnelle de subtilité et de sobriété dans les moments où les deux frères apparaissent côte à côte et d'une qualité et d'une nervosité géniale dans les scènes d'actions comme la fameuse course-poursuite sur l’autoroute. Les acteurs sont tous (fait rare) au sommet de leur art et donnent un supplément d'âme au film. Joaquim Phoenix fait preuve d'un charisme exceptionnel et irradie le film de sa présence physique et rend compte parfaitement de la dualité de son personnage Bobby tiraillé entre sa famille composée de flics et la mafia qui l'a fait roi. Face à lui, Mark Wahlberg (Joseph) flic courageux, brillant et intègre soutient la comparaison. De même pour le vétéran Robert Duvall, convaincant en patriarche patron de la police qui a une préférence apparente pour son fils Joseph sans pour autant détester Bobby bien que ce dernier ne soit pas devenu flic lui aussi. Eva Mendes trouve elle un rôle où elle peut exprimer son talent et forme un couple magnifique avec Joaquim Phoenix. Un mot également sur la bande originale somptueuse signée Wojciech Kilar (Le Pianiste) composée de morceaux délicats et tragiques qui accompagnent bien la montée en puissance du film de James Gray. Porté par une prestation unique de Joaquim Phoenix dont on ne peut que regretter qu'amèrement sa décision d'arrêter le cinéma et par une réalisation juste et rythmée, La Nuit nous appartient est ce genre de films qui redonne toutes ses lettres de noblesse au polar.
Sept années après l’excellent The Yards, James Gray revient avec un nouveau film noir se déroulant dans le New-York des années 80. Pour mener son histoire, le cinéaste a confié à Joaquin Phoenix, son acteur vedette, un rôle fort et complexe puisqu’il joue un gérant de night-club tiraillé entre une famille travaillant dans la police et une bande de copains dont il sait qu’ils sont de dangereux mafieux russes. Grâce à un jeu très intériorisé, le comédien transcende ce polar et traduit la dualité qui anime ce bad-boy d’abord rebelle mais finalement attachant. Il semble si habité par son personnage qu’il nous emporte avec lui dans sa décision difficile à choisir son camp. Avant que cela ne soit, James Gray raconte son histoire de façon magistrale et livre une intrigue rythmée par des séquences admirables de tension et d’émotion. Formidables en modèles de moralité, Robet Duvall et Mark Wahlberg donnent une sincérité évidente au drame. Quant à la bomba Eva Mendès, elle trouve enfin ici un beau rôle de femme fatale où elle peut exprimer tout son talent de comédienne. A la fois profond, triste et excitant, La Nuit nous appartient est petit chef d’œuvre concentrant à lui seul une large palette d’émotions. Il faut applaudir chaudement James Gray pour ce petit bijou cinématographique et attendre maintenant avec une impatience non dissimulée son prochain long-métrage.
Rien à ajouter sur la critique de Rob si ce n'est que la bande originale du film frôle la perfection et contribue à donner une réelle intensité à certaines scènes pourtant parfois confondante de simplicité. Avec une mise en scène incomparable (la poursuite en voiture sous la pluie fera date dans l'histoire du cinéma, mais la descente de police au Caribé est également sublime même si elle est moins souvent citée) et un scénario qui ne cesse de surprendre sans jamais prendre le spectateur à revers, James Gray nous livre ici une nouvelle perle. Quant à Joaquin Phoenix, il a désormais le devoir d'être éternellement reconnaissant à Monsieur de lui avoir fourni le rôle de sa vie !
L'histoire en elle même est assez originale, le casting est très bon lui aussi avec des acteurs qui jouent merveilleusement bien, l'action est au rendez vous, cependant le film a du mal à décoller, durant un long moment on s'attend à ce qu'il y ait un retournement qui ferait que ce film deviendrait très bien, mais ce retournement n'arrive pas. Vraiment dommage, mais le jeu des acteurs vaut vraiment le coup de voir le film.
»We own the night» : c'est ce qu'on peut lire sur l'écusson qui orne les uniformes de la police new yorkaise. En vérité, le seul et unique homme à qui la nuit appartient, c'est James Gray, metteur en scène rare et précieux dont les drames polardeux mêlent sans cesse le sang et les larmes. Trois films en 12 ans, trois façons différentes (mais un peu cousines quand même) de filmer la nuit, d'utiliser l'obscurité comme un théâtre à ciel pas si ouvert. Les films de Gray devraient être projetés aux achluophobes (les gens qui ont peur du noir, bande d'ignares) : après ça, on n'a plus jamais envie que la lumière revienne, que le soleil refasse surface. C'est peut-être le premier défaut de Gray, et en particulier celui de La Nuit nous appartient : le jour y est beaucoup moins bien filmé que la nuit. Non pas que les séquences diurnes soient spécialement moches (au contraire), mais elles sont immédiatement moins magiques que les autres. Si La Nuit nous appartient se distingue par rapport à Little Odessa ou The yards, c'est par les micro accidents qui émaillent le récit. On se croit parti pour une banale affaire de duel entre frères, du genre «gentil flic contre vilain patron de boîte», et puis pas du tout. Sans faire de son film un monument de suspense, Gray parvient à le rendre assez haletant. Petit exploit puisqu'il arrive en même temps à ménager une ambiance baroque et un faux rythme fait de longues plages d'attente et de brusques montées en puissance. Lorsqu'il accélère le tempo, Gray se fait grand, livrant par exemple une poursuite automobile sous la pluie absolument vertigineuse, la plus belle qu'on ait vu depuis... depuis... depuis. La Nuit nous appartient est donc un très beau film, et c'est difficilement contestable. On est cependant en droit de le trouver un brin moins bon que les deux précédents. Parce que la tragédie mise en place n'atteint pas tout à fait les sommets escomptés. Parce que le très joli casting est littéralement écrabouillé par l'abattage d'un seul et unique énergumène, monsieur Joaquin Phoenix, qui effectue une démonstration de puissance, de fragilité et de pur talent. Et parce qu'on s'est sans doute un peu habitué au style Gray, d'une remarquable constance qui deviendrait presque de la routine. Il est vrai que, question routine, on a déjà vu moins agréable.
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