Titre VO : Charlie Wilson's War
Un film de Mike Nichols avec Tom Hanks , Philip Seymour Hoffman , Brian Markinson , Daniel Eric Gold , P.J. Byrne
Genre : drame - Durée : 1h45 - Année de production : 2007
Date de sortie cinéma : 16 Janvier 2008
Distributeur :
Le destin hors norme d'un membre du Congrès texan qui se faisait appeler Good Time Charlie en raison de son penchant pour l'alcool et les femmes. Découvert à Las Vegas en compagnie de deux strip-teaseuses cocaïnomanes, ce dernier vit sa carrière politique malmenée au début des années 80 et se racheta une conduite en contribuant de manière indirecte à la débâcle de l'Armée rouge en Afghanistan.
Charlie Wilson est un politicien comme seuls les Américains savent en fabriquer: iconoclaste, anti-conformiste et coureur de jupons. Gaffeur de première (sa première rencontre avec le président pakistanais est particulièrement savoureuse) mais habile et roublard pour mener à bien ses projets, il est incarné par un Tom Hanks tout en rondeur et en goguenardise. Il est parfaitement secondé par une Julia Roberts à la coiffure improbable, à l'oeil de velours et à la main de fer et par un Philip Seymour Hoffman jamais aussi bon que dans des rôles de grandes gueules marginales dignes de sa (dé)mesure.
Il faut aussi dire que l'histoire de ce «petit» sénateur est si rocambolesque et improbable qu'elle ne peut être que véridique. Jamais des scénaristes n'auraient osé écrire un tel roman d'espionnage même après deux mois de grève. Le facétieux Mike Nichols (77 ans au compteur, respect) signe ici une vraie comédie, irrévérencieuse et jouissive à souhait où les répliques font presque toujours mouche
Mais sous le vernis du rire se cache habilement un cours de géo-politique passionnant doublé d'une leçon terrifiante sur les Etats-Unis et leur politique internationale. Car - et c'est terrifiant - le pays qui se réclame comme la première puissance du monde ne semble jamais apprendre de ses échecs et retenir les leçons du passé.
Alors oui on rit franchement à la vision de La Guerre selon Charlie Wilson et cela serait injuste de bouder son plaisir devant cette franche réussite. Mais en quittant la salle on ne peut s'empecher de frémir en pensant qu'après tout l'Irak d'aujourd'hui ressemble fortement à l'Afghanistan d'hier.
Après tout, n'est ce pas là la marque d'un grand film? Cette capacité de donner à réfléchir tout en faisant rire.
Il est parfois dans l’histoire des hommes au destin passionnant et méconnu. Charlie Wilson est de ceux-là . Interprété par Tom Hanks (qui, soit dit au passage, remonte sacrément dans mon estime grâce à sa brillante interprétation), ce membre du sous-comité de financement de la défense s’est battu corps et âme pour soutenir la résistance afghane lors de la guerre qui opposa l’Afghanistan à la Russie dans les années 80. Toujours caché à l’ombre de ses frasques, Wilson entouré de deux comparses (le cynique Gust Avrakotos et la très résolue Joanne Herring) s’active pour mettre en place une action clandestine aux répercussions planétaires. Ce truculent trio vaut à lui seul le détour ; car dans le fond, ce n’est pas tant la chose politique qui importe ici mais bien plutôt l’irrévérence et l’énergie débordante de chacun des protagonistes. Philipp Seymour Hoffman et Julia Roberts trouvent sous la houlette de Nichols un second souffle des plus réjouissants. Ca fait plaisir.
Alors qu'il a été prouvé scientifiquement que l'humour disparaissait avec l'âge, il est toujours agréable de constater que certains papys n'ont rien perdu de leur potentiel comique. À 77 ans et toutes ses dents, Mike Nichols se montre plus mordant que jamais, lui qui a souvent fait preuve de mollesse par le passé. Si La Guerre selon Charlie Wilson n'a rien d'un monstre de subversion, cette comédie politique souffle un vent de fraîcheur en des temps où les dirigeants du monde sont soit des rois du n'importe quoi, soit de sinistres parangons de vertu. Pas sûr que La Guerre selon Charlie Wilson contribue à éveiller les spectateurs aux joies de la géopolitique : à vrai dire, il y a des moments où l'on ne comprend pas grand chose, voire que dalle. Et pourtant, cela n'a jamais été aussi peu important, tant le film prête à rire, en tout cas à sourire, par le biais de son super politicien aussi roublard que déterminé. Finalement, on n'est pas loin d'OSS 117, même si l'humour est moins effrontément exposé que dans le délicieux petit film de Michel Hazanavicius. Et si Tom Hanks n'est pas Jean Dujardin, c'est pour une fois une bonne nouvelle, tant son côté vieillot et coincé crée un délicieux antagonisme avec la fantaisie de son personnage. Moins fin mais aussi drôle que les précédentes oeuvres (notamment quelques séries en forme de joyau) d'Aaron Sorkin, La Guerre selon Charlie Wilson est un charmant divertissant, loin d'être stupide mais pas vraiment culturel, qui vaut surtout pour ses seconds rôles : une Julia Roberts peu présente mais excellente en femme d'influence sans vergogne, et un Philip Seymour Hoffman toujours meilleur lorsqu'il se lâche plutôt que dans le cadre de prestations Actor's studio certes de qualité mais plus prévisibles qu'ici. On souhaite en tout cas à Mike Nichols de nous livrer encore quelques films de cet acabit avant de prendre sa retraite.
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