Titre VO : La Guerre est déclarée
Un film avec Jérémie Elkaïm , César Desseix , Gabriel Elkaïm , Philippe Laudenbach , Bastien Bouillon
Genre : Comédie dramatique - Durée : 1h40 - Année de production : 2010
Date de sortie cinéma : 31 Août 2011
Distributeur :
Un couple, Roméo et Juliette. Un enfant, Adam. Un combat, la maladie. Et surtout, une grande histoire d'amour, la leur...
Juliette rencontre Roméo à une soirée, ils s’amusent évidemment de la coïncidence de leurs prénoms et surtout ils tombent amoureux, si ce n’est dès le premier regard mais c’est tout comme… D’ailleurs, tout se passe tellement vite que, soudain, magie du cinéma, grâce de l’ellipse – ce ne sera pas la dernière du film - un petit Adam (il ne manque plus qu’ Eve !) fait son apparition. Sauf que le bébé a manifestement un problème, il ne grandit pas normalement. Et pour cause, il a une tumeur au cerveau. La guerre est déclarée…
Sur un tel sujet, difficile d’éviter le pathos et le larmoyant. C’est pourtant l’exploit que réussit Valérie Donzelli dans son second long-métrage (après le remarqué et acidulé La reine des pommes). Jamais elle ne cède à la facilité de l’émotion forcée et fait de son film une odyssée lumineuse de deux parents courageux et optimistes. Premier choix payant : elle évacue immédiatement tout suspense, Adam vivra, il sera sauvé, les premières images du film le prouvent. Autre parti pris, pari osé mais gagnant : mélanger les genres et faire de cette lutte contre la maladie un film éminemment libre qui oscille entre comédie musicale (il faut entendre Roméo et Juliette se déclarer leur flamme en chantant), drame et autobiographie - le film s’inspirant de ce qu’ont réellement vécu Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm, couple à l’écran et anciennement à la ville.
Et c’est peut être d’ailleurs le seul vrai bémol que j’émettrais sur le film (et je me permettrais de parler ici à la première personne du singulier car c’est un avis totalement subjectif et personnel), cette façon de se payer une psychothérapie à moindre frais sur grand écran, à exorciser une douleur et un combat ô combien intimes en l’exposant aux yeux de tous, le concept même de l’autofiction en somme, m’agacent légèrement. Mais Valérie Donzelli parvient à établir un équilibre fragile et difficile qui évite justement l’impudeur et l’anecdotique pour faire de son drame personnel une histoire finalement universelle. Et ça n’en rend le film que plus fort, plus émouvant encore.
Sinon, pour ne pas tomber dans la béatitude critique qui semble entourer la sortie du film et l’accueil unanime qu’il a reçu dans tous les festivals où il est passé (ovationné à Cannes à la Semaine de la Critique, multi-primé à Paris Cinéma où la compétition était taillée pour lui), on pourra aussi, malgré toutes ses nombreuses qualités indéniables, ne pas être totalement convaincu par les 3 voix-off, un dispositif un peu artificiel et redondant par rapport aux images, ni par le côté par moment très bobo des personnages (il faut attendre le dernier tiers du film pour qu’enfin la question financière semble se poser à ses parents dont on ne sait jamais d’où vient leur argent – c’est peut être trivial mais malheureusement, c’est aussi souvent…le nerf de la guerre, le premier souci des familles touchées par un tel combat).
Il n’empêche que, si la guerre est déclarée, à la fin, elle se termine par plusieurs victoires : celle de la vie sur la mort, celle de l’espoir sur le défaitisme et celle d’une certaine idée du cinéma français avec un souffle frais et décoiffant d’intelligence et de fantaisie… Stratégie osée mais gagnante, générale Donzelli, félicitations !
Emmanuel Pujol
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Pas besoin d'un gros budget, de têtes d'affiche, de décors, d'effets spéciaux; pas besoin d'une histoire délirante avec rebondissements et twist final; même pas besoin d'une caméra. Avec juste son histoire personnelle, un vrai travail d'écriture et beaucoup de talent, Valérie Donzelli réalise un film touchant et donne une leçon de cinéma à tous les fumistes de la profession. L'économie de moyens n'empêche pas quelques bonnes idée de mise en scène, et la sincérité et l'humilité avec lesquelles le film est réalisé font oublier les petites maladresses.
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