Titre VO : The Color of Money
Un film de Martin Scorsese avec Paul Newman , Tom Cruise , John Turturro , Forest Whitaker , Bill Cobbs
Genre : comédie dramatique - Durée : 1h59 - Année de production : 1986
Date de sortie cinéma : 11 Mars 1987
Distributeur :
Vingt-cinq ans apres L'Arnaqueur, Eddie Felson decide de rejouer au billard. Il rencontre un jeune homme doue pour ce jeu. Eddie veut lui apprendre les regles pour gagner beaucoup d'argent. Mais, le jeune homme decide de jouer a sa maniere et un jour, ils se retrouvent face a face en finale d'un tounoi.
J'aimerais bien pouvoir manifester le même enthousiasme allégorique devant «La couleur de l'argent» que Coléoptère mais cela va être difficile. Car ce film a à mes yeux un défaut rhédibitoire : il est ennuyeux. Long, mou, chiant comme la pluie, barrer les mentions inutiles. Faut-il y chercher quelque message subliminal, décoder chaque signe apparaissant à l'écran, quitte à les créer, quitte à surinterpréter ? Car finalement «La couleur de l'argent» ne parle que de billard, et du passage de relais entre deux générations. Pour le deuxième plot, il faut supporter le jeu falôt et le brushing explosif de Tom Cruise, d'une rare médiocrité, les répliques qu'on jurerait tirées d'un dictionnaire des aphorismes, les sotiations sentant le convenu et le recyclé. Quant au billard, là ... Si vous êtes un passionné de la queue et des boules (hum...), vous pouvez vous régaler, si le billard n'évoque pour vous qu'un passe-temps sympa entre amis, vous allez sentir passer chaque seconde, et la sentir passer de façon interminable. Car le billard, filmé en plongée, en travelling, en plan-cut, en panoramique ou en caméra subjective, n'a aucun potentiel cinématographique. Aucun. Il est tellement peu cinégénique que c'en est effrayant. Pourtant, Martin Scorsese ne lésine pas sur les moyens : sa réalisation est toujours aussi imaginative et lêché, ses mises en ambiance restent des modèles du genre et le travail sur la lumière est en tous points remarquable. Techniquement, c'est de la belle ouvrage. Mais la technique ne saurait rattraper l'hyper-spécialisation d'un film qui comporte peut-être quantité de symboliques et de renvois thématiques mais au bout duquel on en revient toujours au même point : 120 minutes de billard. Alors, film soporifique peut-être, film anecdotique certainement, quoiqu'il en soit ce Scorsese en mode (très) mineur a un avantage non négligeable : il met d'autant plus en lumière les nombreuses réussites d'un cinéaste que l'on apprécie de découvrir humain et faillible.
Fausse suite et hommage à l'arnaqueur, où Paul Newman officiait déjà en tant que joueur de billard. On est chez Scorses, et donc il faut sauter le réalisme un peu plombant pour s'immerger dans l'allégorie religieuse que dessine l'auteur de la dernière tentation du Christ. L'élévation passe par l'échec, il faut tomber au plus bas pour pouvoir entrer en rédemption. Newman la cherche dans ce conflit de génération avec Cruise, son alter-ego. Il l'entraîne d'abord au vice de l'argent (corruption du divin) pour mieux l'en guérir. Le véritable péché consiste à faire semblant, à gâcher son don : jouer un rôle revient à se dresser contre les plans de Dieu, et empêcher sa propre élévation. La renaissance du personnage de Newman intervient dans la piscine, dans une eau purificatrice, comme un baptême, comme s'il revenait à un point de départ (»J'étais aveugle, à présent, je vois»). Le billard apparaît donc comme la métaphore d'une religion (cf les croix dessinées par les queues, les rangs de billards à la fin qui nous font croire à une église).
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