Titre VO : Jagten
Un film de Thomas Vinterberg avec Mads Mikkelsen , Thomas Bo Larsen , Lasse Fogelstrom , Lars Ranthe , Ole Dupont
Genre : Drame - Durée : 1h51 - Année de production : 2012
Date de sortie cinéma : 14 Novembre 2012
Distributeur :
Après un divorce difficile, Lucas, quarante ans, a trouvé une nouvelle petite amie, un nouveau travail et il s'applique à reconstruire sa relation avec Marcus, son fils adolescent. Mais quelque chose tourne mal. Presque rien. Une remarque en passant. Un mensonge fortuit. Et alors que la neige commence à tomber et que les lumières de Noël s'illuminent, le mensonge se répand comme un virus invisible. La stupeur et la méfiance se propagent et la petite communauté plonge dans l'hystérie collective, obligeant Lucas à se battre pour sauver sa vie et sa dignité.
Ça s’appellerait un running gag au cinéma. 9eme film en compétition (déjà !) dans ce 65eme Festival de Cannes et c’est encore le retour d’un primé : celui de Thomas Vinterberg qui avait fait sensation en 1998 avec Festen et était reparti avec le Prix du Jury. Après une traversée du désert, le réalisateur danois s’était fait remarqué l’an dernier avec l’étouffant Submarino avant cette Chasse en course pour la Palme d’Or.
Premier constat : enfin un film en compétition qui provoque le débat et des réactions très contrastées. On adhère ou on abhorre. Pourquoi ? Sans doute en partie car le film touche (sans mauvais jeu de mot) à la pédophilie. La chasse, c’est une affaire Outreau au royaume du Danemark ou l’histoire d’un assistant en école maternelle récemment divorcé qui se voit accusé d’attouchements sexuels par la fille de 5 ans de son meilleur ami. Evacuant d’emblée tout suspense malsain (l’homme n’est pas coupable, la fillette a voulu se venger de son rejet – elle se sent bien avec cet homme qui s’occupe mieux d’elle que ses parents et à qui elle a offert un cœur en perles qu’il a refusé, comprenant l’aspect limite de la situation - sans évidemment comprendre les conséquences terribles de sa fausse révélation) et partant du postulat que « de toute façon, les enfants ne mentent pas », La chasse est en réalité moins un film sur la pédophilie que sur la rumeur insidieuse. En effet, très vite, l’homme est coupable aux yeux de tous même si les témoignages des enfants sont truffés de détails farfelus le disculpant. Et même si la justice l’acquitte et le lave de tout soupçon, il reste coupable aux yeux de ses voisins, de ses amis, de la société bien-pensante.
Pour avoir vécu quelques mois au Danemark, la société locale y est très bien dépeinte et totalement crédible. Car derrière le fameux vernis du hygge (intraduisible en français, il désigne un mode de vie typique de ce pays scandinave), il y a beaucoup d’hypocrisie et une vraie difficulté des gens de s’ouvrir réellement aux autres. Vinterberg égratigne sans ménagement ses concitoyens que ce soit cette société catholique qui met Mads Mikkelsen (juste mais presque trop sobre et stoïque) sur le banc des accusés d’office sans lui laisser la moindre chance de se justifier comme son héros qui semble apathique et dépassé par la situation qu’il affronte trop souvent les bras ballants.
Problème, Thomas Vinterberg truffe son scénario d’erreurs qui ne peuvent être des maladresses mais qui s’apparentent plutôt à de la manipulation douteuse. Que ce soit une scène hallucinante avec un pédopsychiatre qui fait son travail avec la délicatesse d’un pachyderme ou des rebondissements plus que convenus pour artificiellement faire monter la pression en passant par le parallèle lourdingue avec la chasse (le chasseur qui tue la belle et innocente biche versus le pervers qui s’attaque à l’innocence enfantine), le film multiplie les fautes de goûts et finit par irriter son spectateur alors même que son analyse de la propagation d’une rumeur et de la mise au ban de sa communauté locale est plutôt intelligente.
Emmanuel Pujol
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