Titre VO : A Espada e a Rosa
Un film de Joao Nicolau avec Manuel Mesquita , Luis Lima Barreto , Nuno Pino Custódio , Pedro Faro , Hugo Leitão
Genre : aventures - Durée : 2h10 - Année de production : 2010
Date de sortie cinéma : 20 Juillet 2011
Distributeur :
Manuel a 31 ans et travaille comme journaliste free-lance. Il habite dans un quartier populaire de Lisbonne, où les maisons - aussi vieilles et décrépies que leurs habitants - sont bien meilleur marché. Son quotidien est solitaire et répétitif, dû aux petits boulots qu'il se voit obligé de faire et dont il s'acquitte sans grande motivation face à l'écran de son ordinateur. Il n'est pas le plus heureux des jeunes hommes mais, malgré tout, n'est pas un sauvage non plus: il a des amis, une petite copine, une femme de ménage et un inspecteur des impôts. Les objets avec lesquels il remplit chaque jour un vieux coffre rouge, la visite éclair à un laboratoire clandestin et son enthousiasme à recevoir certains messages cybernétiques sont les signes d'un plan en marche. Après avoir trouvé un nouveau maître pour son chat et s'être soumis à un insolite test d'épreuves physiques, c'est sans aucun drame ni émotion qu'il annonce à sa famille son départ pour une durée indéterminée. N'emportant que le précité coffre, c'est en taxi qu'il se rend jusqu'à une crique au Nord de Lisbonne où il embarque sur le Vera Cruz, une caravelle océanique portugaise du XVe siècle, c'est avec plaisir qu'il se dédie à la vie en mer selon les seules lois valides à bord et qui ne sont autres que celles de la piraterie
Du paysage cinématographique portugais, l’on connait surtout vu de France deux grandes figures tutélaires, le vétéran Raoul Ruiz et le centenaire Manoel de Oliveira. Et voilà que débarque en plein été et en toute confidentialité le premier long-métrage d’un jeune (enfin, tout est relatif, il est né en 1975) réalisateur lusitanien, João Nicolau, l’épée et la rose, un film de pirates mystérieux et métaphysique.
Tout commence plutôt bien avec la présentation de Manuel (l’inconnu Manuel Mesquita), un lisboète de 31 ans, qui n’a pas une vie des plus dures : un appartement, un boulot, des amis, une chérie et un chat, Maradona… Il a aussi un contrôleur des impôts qui vient un matin lui rappeler en chanson qu’il doit payer son dû à l’état. Cette scène des plus cocasses qui réjouira les amateurs de comédie musicale dont je suis – on se croirait presque dans un film chanté de Jacques Demy – suit une courte introduction beaucoup plus absconse où un hélicoptère télécommandé en plastique (qui resurgira de façon incongru et inquiétante tout au long du film) survole deux scientifiques en train d’étudier une étrange matière inconnue que l’on comprendra être plus tard le Plutex aux vertus apparemment fabuleuses tant il semble attirer la convoitise d’ennemis aussi puissants qu’invisibles.
Tout cela ne vous semble pas bien limpide ? Rassurez-vous (ou pas), ça ne l’est pas plus à la vision du film qui au bout de trente minutes se transforme en un bien étrange film de pirates. Car Manuel va tout abandonner – sauf une malle remplie d’objets hétéroclites – pour embarquer sur une caravelle océanique portugaise du XVème siècle. Vont s’en suivre 90 – interminables - minutes de grand n’importe quoi totalement foutraque et d’un amateurisme émouvant. Un capharnaüm cinématographique sans queue ni tête très déconcertant qui va carrément provoquer un fou rire (nerveux ? de gêne ?) en fin de projection lorsqu’un des personnages déclare, sérieux comme un pape, « Je suis fatigué », sentiment qui avait déjà engourdi une bonne partie de la salle depuis un bon moment. Car même si l’expérience n’est pas totalement déplaisante car totalement originale (on se dirait parfois chez Ossang pour l’argument philosophico-poético-métaphysique, le formalisme et l’expérimentation esthétiques en moins tout de même), l’ensemble est beaucoup trop bancal et poussif pour convaincre. Le scénario impénétrable fera décrocher même les plus courageux amateurs de cinéma décalé et différent.
Le réalisateur, sans doute un brin présomptueux voire carrément prétentieux pour un premier long, a surement voulu faire passer un message sur l’état du monde et sur la vie en société à travers son film mais reste encore à comprendre précisément lequel tant l’ensemble reste profondément hermétique. Reste toujours au spectateur la possibilité de se raccrocher à l’aspect très sensoriel du film et à la curiosité que suscite une telle proposition de cinéma aussi…piquante qu’une épée ou une rose !
Emmanuel Pujol
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