Titre VO : Changeling
Un film de Clint Eastwood avec John Malkovich , Michael Kelly , Jeffrey Donovan , Jason Butler Harner , Devon Conti
Genre : thriller - Durée : 2h21 - Année de production : 2008
Date de sortie cinéma : 12 Novembre 2008
Distributeur :
Los Angeles, 1928. Un matin, Christine dit au revoir à son fils Walter et part au travail. Quand elle rentre à la maison, celui-ci a disparu. Une recherche effrénée s'ensuit et, quelques mois plus tard, un garçon de neuf ans affirmant être Walter lui est restitué. Christine le ramène chez elle mais au fond d'elle, elle sait qu'il n'est pas son fils...
Clint Eastwood est le dernier des Géants, le seul et unique héritier d'un cinéma classique et humaniste dont John Huston apparaît comme la référence. Comme lui, Clint traîne sa grande carcasse vieillissante de film en film, avec l'impression que ce sera toujours son dernier. Thématiquement proches également, le réalisateur d'Impitoyable tente d'affronter la mort pour mieux cerner la vie, à l'instar d'Huston sur un film comme Au-dessous du Volcan, distillant une nostalgie aigre-douce imparable. Même s'il reste derrière la caméra pour L'Echange, Eastwood n'en fait pas moins un film personnel, multiple dans ses thèmes et abordant - presque - tous les genres cinématographiques.
A la fois drame intimiste, film de tribunal, thriller, plaidoyer pour la condition de la femme, contre la corruption politico-policière, traitant également de religion, de psychiatrie, L'Echange court de nombreux lièvres sans jamais perdre son spectateur. Chaque partie, bien que clairement identifiée, se lie aux autres avec un naturel confondant, par la grâce de la mise en scène égale de Clint Eastwood, qui magnifie la reconstitution du Los Angeles des années 30, et surtout son interprète principale, Angelina Jolie, en mère courage, digne et émouvante dans son refus d'abandonner. Personne d'autre ne pouvait incarner Christine Collins mieux qu'elle.
On pourrait être surpris de la richesse d'un tel scénario, des épreuves subies par Christine, mais leur véracité historique révolte et d'une certaine manière effraie, des ponts entre le 'fait divers' d'hier et ceux d'aujourd'hui se créant légitimement. Mais le but d'Eastwood n'est pas tant cette multitude de motifs que leur liant, l'héroïne qui traverse ces épreuves avec un courage, une ténacité, et un instinct maternel qui ne peut que bouleverser, jusque dans un dénouement mêlé de déception (Clint n'est pas du genre à sacrifier au happy-end) et d'espoir, nous laissant en fait définitivement sur notre faim, sachant parfaitement que c'est ce manque qui doit nourrir la réflexion.
Portrait de femme unique, L'Echange tient lieu de film à part dans la carrière de Clint, tout en en étant un maillon fort. La mort, le deuil, le ré-apprentissage de la vie, la redéfinition de ses buts, tels sont les thèmes qui font le cinéma, essentiel, du réalisateur de Gran Torino. Un auteur dont l'approche de son art lui confère une aura rare, qu'il convient d'apprécier dès maintenant, avant que ne disparaisse le dernier des Géants...
Clint Eastwwod a encore frappé. Dire qu'il se bonifie avec le temps n'a plus guère de sens puisque son tour de force consiste désormais à ne jamais nous décevoir. Et grand dieu que la barre est haute ! La perfection formelle de L'Echange est envoutante, à commencer par une photographie magistrale participant d'une atmosphère poignante. De la direction d'acteur, on peut être saisi tant le jeu de l'ensemble des personnages du film est fin et juste. Angelina Jolie, confondante de force et de fragilité mélangées face à l'adversité, fait honneur à cette caméra si bien maniée. Le seul très léger bémol de L'Echange tient peut-être à la consistance de son scénario (dont la légitimité ne saurait pourtant être remise en cause puisqu'il est tiré d'une histoire vraie): tant de batailles menées en si peu de temps peuvent curieusement laisser le spectateur sur sa faim. De l'absence de l'enfant aux méthodes policières en passant par la condition de la femme, la place de la psychiatrie, le deuil et le pouvoir religieux, le spectateur goûte à des mets certes roboratifs mais tellement délicats à la fois qu'il est enclin à vouloir en manger plus... Et Monsieur Eastwood nous épargne l'indigestion à notre corps défendant ! Chapeau. Et au fait, vous ai-je dit qu'une fois de plus c'est lui qui signe l'admirable BO ?
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