Josey Wales hors-la-loi

Ce n'est pas le plus connu des Westerns de Clint Eastwood mais ce film vaut plus qu'une poignée de Dollars. Pour les connaisseurs dont j'espère faire un jour partie, il est même de la trempe des incontournables car Clint dépeint à travers ce film toute une page de l'histoire américaine qui n'est pas forcément connue du grand public, y compris américain. Il s'agit de la période qui vient juste après la guerre de Sécession.

Je vous entend déjà marmonner, pour ceux qui ont vu le film ou un résumé, que c'est encore une histoire de hors-la-loi irréductible et solitaire. Mais cette référence historique donne toute sa profondeur au film et transforme l'essai. Et on se surprend à ne pas regarder le film que pour les évidentes scènes d'action inhérentes à tout bon Western. On se retrouve par exemple saisis par le destin de cet homme que la vengeance a fait choisir d'intégrer une milice sudiste, et qui nous fait découvrir la face cachée du Far West : le choc suscité chez une partie des américains par cette guerre civile fratricide qui les a abasourdis.

Dans "Josey Wales", Clint ne nous cache rien de la décomposition de l'Amérique : la brutalité des milices, les trahisons normalisées par la reddition des vaincus sudistes et l'inévitable violence qu'occasionne la démobilisation des combattants. Tout comme dans "Iwo Jima" de nos jours Eastwood cherche à mettre le projecteur sur ce qui dérange. Et à l'époque il était courageux de dépeindre les Indiens bafoués de leurs droits, et l'environnement violent et peu ragoutant des hameaux de trappeurs des villes frontières. On retrouve également des thèmes éculés comme celui de la cupidité des chasseurs de primes, ou celui de l'inconscience et de l'espoir un peu naïf qui animaient les pionniers à la découverte de l'Ouest. Mais même dans ce qui est le plus attendu on trouve un traitement original , bien plus corrosif, qui amorce un renouveau du style.

En un sens "Josey Wales" est le mieux construit des Eastwood, possédant notamment un scénario très solide pour un western. Il ne laisse notamment pas l'impression d'une linéarité habituelle drame-vengeance que l'on trouve dans beaucoup de films du genre. Le choix des seconds rôles est de qualité et la mise en scène nous placarde des photographies témoin de l'époque en plein visage, sublimées par les décors pour une fois colorés d'Automne.

Finalement il n'y aura que le personnage de Josey Wales qui va demeurer inchangé. Il reste en effet fidèle à la tradition du héros eastwoodien qui se transforme en passant d'un désir de vengeance à celui de protection des quelques opprimés qu'il rencontre. Et on se surprend même à penser que Josey Wales pourrait finir par devenir le fermier paisible du début du film ''Impitoyable". Un détail supplémentaire : voir Clint chiquer sont tabac ne gâche rien à son immense charisme. Sans oublier l'humour qui vient contrebalancer le caractère de son personnage volontairement imprégné de noirceur.