Titre VO : Jean-Michel Basquiat : The Radiant Child
Un film avec Jean-Michel Basquiat , Julian Schnabel , Larry Gagosian , Bruno Bischofberger , Tony Shafrazi
Genre : documentaire - Durée : 1h28 - Année de production : 2009
Date de sortie cinéma : 13 Octobre 2010
Distributeur :
Pionnier de l'art contemporain par sa renommée et l'abondance de son oeuvre, Jean-Michel Basquiat a produit une oeuvre des plus riches en un temps très court. Tamra Davis, rend ici hommage à l'artiste qu'elle a très bien connu grâce à des images et entretiens inédits issus de ses propres archives. Un documentaire incontournable sur l'itinéraire d'un enfant de New York.
Jean-Michel Basquiat aurait fêté ses 50 ans en décembre 2010. Mais sa trajectoire fulgurante s’est achevée un jour d’août 1988. L’artiste peintre américain meurt d’une overdose d’héroïne à seulement 27 ans. En 1986, Basquiat s’était confié dans une longue interview à une amie, Tamra Davies. Celle-ci, devenue réalisatrice, n’avait jamais exploité cet entretien et c’est à la demande d’un musée de Los Angeles qui préparait une rétrospective de l’œuvre de Basquiat qu’elle décide de sortir de son tiroir ces images exclusives et d’en faire un documentaire retraçant l’ensemble de la carrière du peintre.
Passionnant et fascinant presque de bout en bout (petit bémol sur une fin inutilement mélancolique et très américaine accumulant les témoignages actuels sur l’importance d’un Basquiat disparu trop tôt), le film regorge d’images inédites du peintre de génie new-yorkais qui permettent de donner un nouvel éclairage sur sa carrière longue d'à peine 10 ans, de l'underground de Manhattan East Village en 1979 jusqu’à sa mort en 1988 en passant par son amitié avec Andy Warhol ou son art du graffiti sous le pseudonyme de SaMO (same old shit) dont les fulgurances auraient aujourd'hui fait fureur sur Twitter - on a l'époque qu'on mérite. Ponctué d'interviews récentes de proches de Basquiat (notamment Julian Schnabel ou le galeriste Larry Gagosian), le documentaire propose un portrait certes hagiographique de l'artiste mais sans concession de l'homme. Brulé par ses excès, rongé par le racisme ordinaire qu’il subit sans cesse, multimillionnaire sans l’avoir véritablement cherché, Jean-Michel Basquiat était aussi complexe que transparent, aussi brillant qu’irritant. Touche-à -tout curieux et insatiable, il s’essaiera aussi à la musique expérimentale – scène de répétition assez improbable – dans ce creuset underground et foisonnant qu’était le New York de la fin des année 70. Devenu une sorte de clochard céleste par pur choix – alors qu’il est issu d’une middle-class cultivé avec une mère portoricaine l’ayant initié dès son plus jeune âge à la peinture, notamment en l’emmenant régulièrement au MoMa -, il finira dans un loft aux proportions démesurées par maculer de peinture ses costumes Armani avec la complicité d’Andy Warhol dans une ultime provocation contre la bienséance WASP. Son inspiration – et ce documentaire en fait une révélation tout à fait intéressante – se nourrit évidemment de son époque (avec déjà un sens du zapping et de l’urgence assez prégnant) mais également de grands maitres de la peinture classique qui avaient durablement marqué le jeune Basquiat (Picasso, Van Gogh,…).
Mais ce qu’il reste surtout de cet homme pressé et précis, ce sont ses toiles, irradiantes, vibrantes et éclatantes, joyeusement morbides et inquiétantes. Basquiat semblait peindre comme il respirait, seule la drogue lui fera perdre sa créativité et faire ressurgir le démon du doute et de la perte de confiance en soi. Et, le film sortant très à propos, il sera possible de juger de visu du talent de Basquiat puisque le musée d’Art Moderne de la ville de Paris a la bonne idée de lui consacrer une vaste exposition à partir du 15 octobre - et ce jusqu’au 30 janvier. Voilà une excellente occasion de coupler cinéma et sortie culturelle.
Emmanuel Pujol
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