Titre VO : Ich will doch nur, dass ihr mich liebt
Un film de Rainer Werner Fassbinder avec Vitus Zeplichal , Alexander Allerson , Wolfgang Hess , Armin Meier , Axel Ganz
Genre : drame - Durée : 1h50 - Année de production : 1976
Date de sortie cinéma : 20 Avril 2011
Distributeur :
Le jeune Peter purge une peine de dix ans pour le meurtre d'un patron de café. Il raconte son histoire au psychologue de la prison. Peter est attentionné, généreux, serviable, mais timide et écrasé par ses parents. Il ne cesse de vouloir acheter aux autres l'amour qui lui a été refusé dans son enfance. Chaque jour, il couvre ceux qu'il aime de nouveaux cadeaux, malgré les soucis financiers grandissants
Peter est en prison, il purge une peine de 10 ans d'emprisonnement et il raconte son histoire au psychologue de la prison! Dès le début du film, Rainer Werner Fassbinder élimine tout suspense et se concentre sur la psychologie de son personnage principal, sur le cheminement qui va le conduire à commettre l'irréparable, ce meurtre sur un patron de café avec qui il s'était pourtant lié d'amitié...
Après le film d'anticipation Le monde sur le fil il y a 6 mois, c'est un 2eme Fassbinder inédit qui arrive sur les écrans français. Datant de 1976, ce Je veux seulement que vous m'aimiez, originellement produit pour la télé allemande et n'ayant jamais dépassé les frontières allemandes jusqu'à aujourd'hui est toujours, 35 ans après, d'une actualité brûlante.
S'inspirant d'une étude sociologique (Lebenslänglich - Protokolle aus der Haft de Klaus Antes et Christine Ehrhardt), le film souligne avec un regard chirurgical et un ton très distancié assez glaçant le destin tragique d'un homme des plus ordinaires manquant simplement d'amour depuis sa plus tendre enfance – ses parents sont d'une froideur impitoyable, incapables de la moindre tendresse envers leur fils. Dénonciation impitoyable de l'illusion du miracle économique allemand dans les années 70, le film est une réussite scénaristique et cinématographique. Sans rien pouvoir y faire, perdu dans un cercle vicieux infernal, Peter va perdre pied petit à petit, s'enfermer dans ses mensonges et ses illusions et qui en voulant gâter ses proches – la réussite par l'argent – va surtout se couvrir de dettes et être acculé au pire faute de travail suffisant sur les chantiers.
Le film plonge le spectateur dans un profond malaise. La satire sociale est d'une acuité rare et reste toujours aussi vraie aujourd'hui – c'est d'ailleurs sur un sujet similaire qu'avait récemment échoué Amos Gitaï avec son adaptation de Roses à crédit d'Elsa Triolet (privé d'ailleurs de sortie cinéma car trop proche du téléfilm initial). Il est vrai que Vitus Zeplichal donne aussi au personnage de Peter une intensité forte, avec son regard (é)perdu et son physique certes passe partout mais qui semble porter toute la misère du monde sur son dos au fur et à mesure que se resserre l'étau autour de lui.
Sans concession, Je veux seulement que vous m'aimiez permet de redécouvrir la force du cinéma de Fassbinder qui sans beaucoup d'effets, de façon parfois assez théâtrale mais jamais empesé et avec une bande-son assez anxiogène, vient rappeler d'outrer tombe (il a disparu il y a 20 ans!) quelques vérités cruelles mais toujours bonnes à entendre aujourd'hui.
Emmanuel Pujol
PS: Vous l'aurez compris, pour peu que vous habitiez Paris, Rennes, Lyon, Bordeaux ou Toulon, il serait dommage de passer à côté de ce petit diamant mortifère.
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