Intolérable cruauté

Film sans grand intérêt.

Chacun sait le talent si singulier des célèbres frères Coen quand il s’agit de donner de la gymnastique à nos zygomatiques. Après plusieurs œuvres élevées au rang de films cultes, « Intolérable cruauté » et son casting un peu trop politiquement correct n’avait rien pour rassurer leurs admirateurs de la première heure. Pourtant, la rivalité entre Miles Massey, brillant avocat spécialisé dans les affaires matrimoniales juteuses et Marylin Rexroth, croqueuse d’hommes fortunés et adepte du divorce express est un délice de tous les instants. Brillamment soutenu par l’interprétation remarquable et le charme très BCBG du tandem Clooney - Zeta-Jones ainsi que par l’apparition ô combien délicieuse du trop rare Billy Bob-Thornton, le film enchaîne les situations drôles et saugrenues et multiplie les répliques cinglantes ou acidulées. Véritable jeu du chat et de la souris de l’amour, de l’argent et de la réussite, ce long-métrage des frères Coen se savoure comme un divertissement politiquement incorrect qui lorgne malheureusement au fur et à mesure qu’avance l’intrigue vers le registre de la guimauve mièvre, plate et désolante. Cette maladresse bien dispensable ne fait pas pour autant d’ «Intolérable cruauté » un mauvais film, elle l’installe simplement parmi les bonnes comédies produites au pays de l’Oncle Sam. Une déception qui prend tout son sens quand on a vu les « Frago » ou « The Big Lebowski » mis en boîte par les mêmes auteurs …

Si leur nom est bien inscrit au générique, difficile de reconnaître la patte des réalisateurs d'Arizona junior, Barton Fink, Fargo. Il semblerait que depuis quelques temps les frères Coen aient délaissé la profondeur au profit d'une tentative un peu vaine d'explorer le cinéma de genre, en y ajoutant leur propre humour (voir Ladykiller). Intolérable cruauté apparait donc comme un peu surfait, lisse, et sans véritable identité, sinon au travers de quelques plans rappelant les plus grandes heures du duo responsable du Big Lebowski. On entre dans une histoire romantique aux relents capraiens évidents, qui bénéficie d'un canevas assez intelligent, mais qu isouffre d'une réalisation paresseuse. Heureusement, Zeta-Jones et Clooney sont dans un bon jour, et font passer la pilule un peu moins amère qu'elle ne l'est vraiment.