Titre VO : Hugo
Un film de Martin Scorsese avec Asa Butterfield , Ben Kingsley , Sacha Baron Cohen , Ray Winstone , Jude Law
Genre : aventures - Durée : 2h08 - Année de production : 2011
Date de sortie cinéma : 14 Décembre 2011
Distributeur :
Ce film est à l'affiche de 1 cinémas
Hugo Cabret, 12 ans, est orphelin : son père est mort dans un incendie. Son oncle, qui l'hébergeait dans les combles de la gare parisienne dont il règle les horloges, a disparu. Depuis, Hugo se cache de peur de finir dans un orphelinat. Le jeune garçon n'a qu'un but : finir de réparer l'automate que son père avait rapporté un jour. Il est persuadé que la machine cassée a un important message à lui délivrer Un vieux marchand de jouet qui tient une boutique dans la gare a peut-être la solution. Aidé par sa petite fille, Isabelle, Hugo va tenter de découvrir le secret qui peut lier l'automate au mystérieux passé du vieil homme, qui n'est autre que George Méliès.
Hugo est un jeune orphelin de 12 ans qui vit dans un local oublié de tous d’une grande gare parisienne (censée être l’ancienne gare Montparnasse disparue aujourd’hui mais qui se relève être au final un étrange mélange de la Gare de Lyon, avec son immense beffroi, et de la Gare du Nord et de sa fameuse verrière, qui plus est située au petit bonheur la chance dans la capitale française, sa position semblant même changer à plusieurs reprises pendant le film !). Il veille sur toutes les horloges de la gare, les remontant, les réparant, les bichonnant. Mais il y a un mécanisme qui lui résiste désespérément, celui d’un étrange automate qui, pour fonctionner, a besoin d’être remonté avec une clé en forme de cœur. C’est le seul héritage que son défunt père (Jude Law – un plan semble d’ailleurs tout droit sortir d’A.I. Intelligence Artificielle) a laissé à Hugo, legs qui va entrainer l’enfant à la découverte d’un trésor inattendu et féérique…
Conte de Noël pétri de bons sentiments mais aussi véritable hommage à l’un des plus célèbres pionniers du 7eme art, George Méliès*, Hugo Cabret, adaptation du livre éponyme de Brian Selznick, est un double pari pour Martin Scorsese : premier film pour jeune public et première réalisation en 3D. Concernant cette dernière, il faut reconnaitre au réalisateur américain un vrai talent de mise en scène, sachant jouer de la profondeur de champ pour donner une certaine utilité à la 3D – ce qui confirme, qu’entre de bonnes mains (Wenders, Herzog, Cameron), elle n’est pas complètement vaine. Pour cela, Scorsese a d’ailleurs bénéficié d’un budget beaucoup plus important que d’habitude : Hugo Cabret a coûté 170 millions de dollars quand le réalisateur n’avait jamais encore dépassé la barre des 100 millions !
Pour le reste, ce n’est hélas pas aussi réjouissant. Car le film ne prend une tournure plus passionnante, plus émouvante que dans sa dernière demi-heure, laissant auparavant le spectateur adulte se débrouiller pendant 1h30 avec une intrigue enfantine guère prenante. Ce n’est que lorsque le film se centre sur Méliès (un Ben Kingsley à la ressemblance frappante avec le vrai Georges Méliès) que le film prend tout son sens, que le cinéphile Scorsese déclare sa flamme et son admiration à ces pionniers qui ont montré la voie avec génie et poésie. Mais que le mécanisme met du temps à s’enclencher et que les péripéties d’Hugo (Asa Butterfield, les yeux embués en permanence !) piétinent sans réelle saveur – avec des intrigues secondaires plus qu’anecdotiques.
Avec une photographie par trop chromo (les couleurs rappellent parfois Amélie Poulain et le décor fait étrangement carton-pâte) et une sensation étrange d’artificialité (la scène d’ouverture dans la gare est assez symptomatique : la caméra virevolte dans l’espace de façon impressionnante et nerveuse mais elle ne fait que mettre en lumière des scènes de vie factices, comme si les figurants ne se mettaient en mouvement qu’au passage de la caméra, tels des automates inertes qui ne bougent que sur demande !), le film peine à séduire réellement. Il y a pourtant un sous-texte d’une justesse indéniable, distillé en filigrane tout au long du film, celui d’établir un lien, une filiation entre le cinéma du début du 20ième siècle et celui d’aujourd’hui, entre les trucages d’hier et la technologie moderne qui ne sont toujours et encore qu’au service d’un seul et même objectif : faire rêver son public, lui permettre de s’évader dans des mondes imaginaires…
Hugo Cabret est un conte de Noel très bien mis en scène mais qui, paradoxalement, manque dans son scénario et sa construction de la magie et de l’inventivité géniale dont faisait preuve celui à qui Scorsese rend un hommage aussi sincère que naïf.
Emmanuel Pujol
*NDLR : Méliès est à l’honneur en cette fin 2011 puisque, la même semaine, est sortie, hélas en toute discrétion, une copie restaurée et en couleur du Voyage dans la Lune, l’un de ses chefs-d’œuvre, accompagné d’un passionnant documentaire signé Serge Bromberg (déjà réalisateur d’une formidable enquête sur le film maudit de Clouzot, L’enfer) sur les débuts du cinéma au temps de Méliès et sur la restauration quasi-miraculeuse du Voyage dans la Lune.
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