Titre VO : Happy Feet Two
Un film de George Miller avec Anthony Kavanagh , Max Boublil , Carlos Alazraqui , Robin Williams , Lombardo Boyar
Genre : Animation - Durée : 1h39 - Année de production : 2011
Date de sortie cinéma : 07 Décembre 2011
Distributeur :
Mumble et Gloria ont désormais un fils, Erik, qui se bat pour découvrir ses propres talents dans le monde des manchots empereur. Mais de nouveaux dangers menacent la nation des manchots, et tous vont se rassembler - et danser
Un coup de gueule en préambule de cette critique : alors oui, certes, Happy Feet 2 est un film d’animation pour toute la famille (et donc aussi pour les plus jeunes spectateurs) mais est-ce une raison pour ne le distribuer qu’en version française ? Ce choix aussi incompréhensible qu’assez scandaleux (c’est vrai, ça, quelle drôle d’idée de potentiellement initier les enfants à la langue anglaise via un dessin animé !) prive donc le public français des voix originales de Elijah Wood, Pink (qui remplace Brittany Murphy, décédée fin 2009), Robin Williams, Sofia Vergara, Hugo Weaving et Hank Azaria et surtout de l’irrésistible duo Brad Pitt / Matt Damon pour leur imposer celles d’Anthony Kavanagh, Clovis Cornillac, Amel Bent et Max Boublil. Sans leur manquer de respect, ça a tout de même beaucoup moins de gueule et de coffre que le casting original. Je n’irais pas jusqu’à vous conseiller d’attendre la sortie du DVD pour découvrir cette suite mais presque… Bref !
Un coup de cœur pour poursuivre : le court métrage qu’offre Warner en avant-programme est un pur régal. I Tawt I Taw a Puddy Tat est une aventure certes des plus classiques de Titi et Grosminet dans l’appartement de Grand-Ma mais au rythme trépidant, bercé par la géniale et entêtante chanson qui donne son nom au film (et chanté originellement par le fameux Mel Blanc) et qui utilise avec intelligence et malice les possibilités de la 3D. Un régal !
C’est bien joli tout ça mais Happy Feet 2, ça vaut quoi ? Mumble, le pingouin qui ne savait pas chanter mais qui excellait en claquettes, a bien grandi depuis le premier opus. Le voilà lui-même papa d’un petit Erik qui est lui allergique à la danse. Visuellement, rien à dire, c’est encore plus abouti que l’original (et même la 3D est bien utilisée, c’est pour dire !) : la scène d’introduction où tous les pingouins dansent et chantent plonge directement le spectateur dans le bain (ou plutôt sur la banquise) pour 100 minutes de réussite graphique au réalisme troublant (on retrouve d’ailleurs une scène, déjà vue dans le 1, d’incrustation d’acteurs en chair et en os dans cet univers de pixels).
Et si George Miller persiste dans la fable écolo boy-scout (ah ça, la planète ne va pas mieux qu’en 2005, les pingouins se retrouvent ici prisonniers de la banquise) aux messages très peace and love (les sempiternels refrains sur la force de l’entraide et de la solidarité, l'importance de préserver l’écosystème de la Terre, l’apprentissage de la tolérance et l’acceptation de la différence sont évidemment très nobles mais énoncés avec une naïveté souvent déconcertante et pas d’ une originalité folle), le réalisateur insuffle au moins beaucoup plus de rythme et d’humour dans cette suite. Et notamment grâce à des personnages secondaires hauts-en-couleurs qui relèguent (et c’est tant mieux) en arrière-plan la mission d’Erik et de son père. Et si on retrouve avec plaisir Ramon, le manchot hispanique play-boy, ce sont Sven Puissant, un pingouin volant suédois au bec multicolore, et surtout le duo de krills*, Will et Bill, qui volent littéralement la vedette aux pingouins dansants. Brad Pitt et Matt Damon s’en donnent littéralement à cœur-joie dans la peau de ces crevettes au verbe haut et à la répartie imparable qui tentent à tout prix de s’extraire de la masse de leurs congénères pour enfin exercer leur libre arbitre (savoureux jeu de mot sur « Free Will » en version anglaise parfaitement intraduisible en français). George Miller joue d’ailleurs sur cette opposition macro/microscopique en mettant en œuvre, face aux espèces de l’Antarctique, des forces telluriques mais aussi cosmiques qui nous dépassent – le thème de l’Univers est décidément à la mode en 2011 après Tree of Life, Melancholia, Another Earth et 4 :44 Last Day on Earth.
Côté musique, la bande-son alterne entre le génial (reprise étonnante mais parfaitement adaptée de Rawhide des Blues Brothers lors d’une charge dantesque d’impressionnants éléphants de mer), le convenu (le sempiternel Queen lors d’un final effréné), le déconcertant rigolo (Dragosta Din Tei) et le franchement mauvais (si Erik ne sait pas danser, il croit hélas savoir chanter et entonne des airs qui veulent ressembler aux grands airs classiques de la comédie musicale mais qui sont juste pénibles).
Happy Feet 2 a cette qualité rare d’une suite d’être meilleure que l’original. Et même si les pingouins ne savent toujours pas voler, ils dansent et chantent avec encore plus d’entrain. Alors, s’il faut se les geler, autant que ce soit les pieds heureux !
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Emmanuel Pujol
*NDLR : Les krills sont des petites crevettes bioluminescentes qui vivent en essaims gigantesques et qui servent d’alimentation de base pour de nombreux animaux (baleines, phoques,…). Fun fact : la biomasse des krills atteint plus de 600 millions de tonnes, soit l'une des espèces les plus abondantes de la planète (quand on sait que chaque krill pèse au maximum 2 grammes, ça fait un sacré paquet de krills !).
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