Titre VO : Halloween
Un film de Rob Zombie avec Malcolm McDowell , Brad Dourif , Tyler Mane , Daeg Faerch , William Forsythe
Genre : horreur - Durée : 1h46 - Année de production : 2007
Date de sortie cinéma : 10 Octobre 2007
Distributeur :
Un 31 octobre, soir de la fête de Halloween, le jeune Michael Meyers assassine sauvagement sa famille avant d'être interné en hôpital psychiatrique. Dix-sept ans plus tard, le monstre s'échappe...
Rob Zombie s'attaque à du lourd en réalisant le remake du tout premier Halloween, la nuit des masques de John Carpenter. Pour moi, il a vraiment réussit à tout d'abord remettre le film d'actualité, car le film de Carpenter ne l'était plus vraiment, et il a même réussit à en faire un film plus abouti... Je m'explique, Dans le film de Carpenter, on ne nous explique rien, alors que dans celui de Rob Zombie, on nous explique la psychologie du tueur, on nous montre la vie de merde qui l'a fait devenir psychopathe, on nous montre ce qu'il ressent quand on l'enferme, et on nous montre comment il s'échappe. Rob Zombie a essayé de faire de ce slasher par excellence un film de Serial Killer. Et il réussit et ça fait plaisir. En plus de cela, Rob Zombie nous offre un film plus sanglant forcement, et même si on ne peut pas en vouloir à Carpenter car à son époque, on n'était pas bien avancé en matière de FX, c'est quand même mieux un film bien sanglant où on a pas l'impression que le couteau se plante à coté!!! Adieu les incohérences du film de Carpenter. Genre je me prend 6 balles dans le corps et ca me fait presque rien mais alors un coup de ceintre dans la tête ca ca fait mal!!! Rob Zombie garde tout ce qu'il y a de génial dans le film de Carpenter (sa musique bien sur), vire ce qu'il y a de moins bien, et rajoute que du bon, c'est fabuleux.
Dans l'océan des remakes qui inondent nos écrans depuis plusieurs années, rares sont ceux qui honorent le matériau d'origine. Marcus Nispel, avec sa relecture intelligente et viscérale du Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper, avait ouvert la voie à une pléiade de copiés-collés réalisés avec la certitude que la modernisation par l'image était la clé de la réussite. Pour aller plus loin encore, certains metteurs en scène sont allés au bout du formalisme en refaisant des films à l'identique (Psycho, de VanSant ; Funny Games, d'Haneke), créant une polémique à chaque fois sur l'intérêt d'une telle démarche. La nouvelle version d'Halloween par Rob Zombie a le cul entre deux chaises, entre une refonte du mythe de Michael Myers et un formalisme parfois gênant.
Si ces deux tendances étaient mélangées au sein du métrage, cet Halloween 2007 serait pour le moins médiocre. Ce qui n'est pas le cas, car Zombie distingue deux parties pour deux styles, en quelque sorte, dont la première permet de réévaluer une deuxième empruntée avec insistance au film de Carpenter.
En soi, les 45 première minutes constituent un pur chef-d'oeuvre. Choisissant de raconter comment l'enfant est devenu ce monstrueux mur de silence et de sang, façon prequel, le réalisateur de The Devil's rejects appose sa patte qui a fait son succès : vision d'une Amérique au fond du gouffre, via un foyer composé d'un père alcoolique qui jouerait bien à A-dada-sur-mon-bidet avec sa fille de 15 ans allumeuse, une mère aimante stripteaseuse de son état, et Michael, enfant au physique étrange qui collectionne les animaux morts et les masques ; une violence brutale, sourde, inattendue, souvent filmée légèrement cachée, de loin, ou hors-champ. En ne montrant que les conséquences, les préparatifs, ou quelques plans furtifs de cette violence, Zombie parvient à créer un malaise dénué cet humour noir qui faisait le bonheur de ses précédents opus. En étant toujours sur la corde raide, on ne sait jamais quand va surgir l'éclair de folie qui va faire basculer la situation (incarnation parfaite du gamin, à mi chemin entre le sourire innocent, et l'indifférence devant ses actes perpétrés).
Ce qui pourrait gêner, c'est que le rocker semble vouloir légitimer la violence de l'enfant par la violence qui l'entoure, par toutes ses frustrations. Mais pourtant à aucun moment, le personnage de Michael Myers n'est icônisé, idéalisé, et ses actes sont d'emblée condamnés par la façon de filmer les victimes, en plein calvaire - contrebalancée par les plans sur le visage impassible du tueur. Au final, c'est l'humanité qui est confrontée à une force extérieure, à une animalité incontrôlable, laquelle prend possession définitivement du corps et de l'esprit de Michael dans ses entretiens petit à petit de plus en plus mutiques avec le Dr Loomis (un Malcolm McDowell bien tristounet) : en refusant de dialoguer avec lui, Michael abandonne son humanité pour devenir un chasseur glacial. Son évasion de l'hôpital confirme cette cruauté animale. Fin d'une première partie novatrice, superbement filmée, découpée.
La suite du film est une reprise des scènes d'Halloween 1977, enchaînées sans grande originalité, avec rapidité, et sans idée : preuve en est faite avec la scène du fantôme à lunettes. Il y a bien ici ou là quelques trouvailles mais au final, on regarde tout cela avec une indifférence relativisée par la brutalité des meurtres, une photographie soignée, et une mise en scène énergique. Malgré tout, le rythme, bancal, nous souffle le chaud et le froid constamment, perdu que l'on est entre le point de vue de Loomis, celui de Laurie, celui de Michael. Dès lors, une question se pose : quel est l'intérêt de reprendre textuellement Carpenter après avoir ouvert une voie royale avec une première partie d'enfer ?
Tentative de réponse : chez Carpenter, Myers tue pour tuer, ces teens en chaleur lui rappellant sa soeur lubrique (théorie avérée qui a valu au film quelques critiques sur ce conservatisme primaire mais fondamentale dans le slasher). Rob Zombie, en opposant une Amérique en proie à la misère aussi bien pécuniaire qu'intellectuelle, à la bourgeoisie des beaux quartiers, fait de Michael Myers un monstre à son image, à l'image de la famille Firefly, en rupture avec une société élitiste qu'il jalouse en tant que modèle de beauté et de réussite. Ce qui ne vaut pas dire que Zombie cautionne ses actes, encore une fois, mais pose la question de la violence au sein d'un pays qui compte fréquemment ses morts dans les lycées. Force de l'exclusion sociale, importance de la norme, tout cela vole en éclat sous le couteau de Michael Myers.
En fin de compte, Rob Zombie, en présentant de prime abord la jeunesse du tueur, puis en citant longuement le film originel, permet une réévaluation du pourquoi, et lance une réflexion qui lui est toute personnelle et déjà présente sur ses autres films. On pense voir le même film qu'en 77, les mêmes images, mais celles-ci sont inervées par une autre vision. Comme quand La Fontaine reprend Esope. Même s'il reste imparfait et souffre formellement d'un rythme boiteux, Halloween cru 2007 n'en demeure pas moins passionnant dans sa volonté de redorer l'image d'un mythe bien écorné par une série de navets insondables. Et c'est déjà bien.
On ne compte plus les épisodes d'Halloween, saga horrifique rapidement ornée du sceau de la médiocrité. Après le film de Carpenter, les suites insipides se sont succédées, sans jamais retrouver l'inspiration du premier volet, si bien que face à l'indifférence du public, on a fini par mêler Michael Myers à un jeu de télé-réalité. C'était dans Halloween resurrection en 2002, et s'il ne s'agissait pas du plus mauvais épisode, c'était en tout cas le plus édifiant. Arrive Rob Zombie, nouvelle coqueluche du cinéma morbide, moins spécialiste de l'horreur pure que du malaise insidieux. En deux films (La maison des 1000 morts et surtout The devil's rejects), Zombie s'est imposé comme le successeur indéniable du Wes Craven de la belle époque (celle de La dernière maison sur la gauche et La colline a des yeux). D'où la joie palpable du fan lorsqu'il apprit que le nouveau Halloween lui serait confié. Notez les guillemets : un temps appelé (de façon stupide) Halloween 2007, ce film-là a plus des allures de refonte du film de Carpenter plutôt que d'énième suite pour mangeurs de pop-corn. Idée géniale : transformer un slasher en biographie quasi réaliste, donner un vrai visage à Myers, et humaniser la bête pour la rendre encore plus effrayante. Les amateurs de portes qui grincent et de filles à gros poumons qui courent en hurlant risquent d'en être pour leurs frais : si le sang gicle bel et bien dans Halloween, Zombie se refuse à ajouter un cadavre toutes les dix minutes, préférant une construction crescendo qui suit de façon crédible l'évolution du jeune tueur. Avec le même esprit que dans ses précédents films, l'humour macabre en moins, il livre un portrait glaçant et convaincant presque de part en part. On sursaute finalement assez peu, mais le malaise s'insinue pour longtemps dans les crânes. Et Zombie de s'imposer définitivement comme un maître en la matière, et de faire de ce Halloween un digne successeur du film de Carpenter. En espérant que l'on nous dispense d'une nouvelle flopée de suites inutiles...
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