Gremlins

Gremlins est un excellent film de science fiction, à la limite de l'épouvante/horreur. Sous ses airs de gentil petite peluche, le mignon Gizmo vous fera passer presque 2h inoubliable d'aventure, de stress et de peur. A voir à partir de 12 ans pour éviter trop de cauchemars.

Spielberg, avant d'accepter sa part de noirceur intérieure, livrait à ses ouailles (dont Hooper, avec Poltergeist) des projets incompatibles avec son statut de golden boy enfantin d'Hollywood. Gremlins en est la preuve la plus frappante, puisque le film attaque frontalement quelques valeurs américains réputées intouchables en même temps que Dante fait des concessions commerciales. Gremlins commence comme un conte, jouant sur l'impression référentielle via un narrateur intradiégétique qui s'adresse directement, avec humour parfois, au spectateur. Mais le conte vire en son milieu en Alice au pays des cauchemars : le gentil mogwai donne naissance à de monstrueux Gremlins aussi dangereux que moqueurs. Noël est complètement désacralisé : «pendant que certains ouvrent leurx cadeaux, d'autres s'ouvrent les veines», «c'est là que j'ai compris que le Père Noël n'existait pas». On ne peut pas dire que ces répliques aient leur place dans un film estampillé pour enfants ! D'autant que la troisième partie prend des allures de film guerrier (pas étonnant de la part du réal de Small soldiers) : ruines, feu, morts, retranchement, le final laisse même les monstres s'armer d'arbalète et de tronçonneuse. D'autre part, on reconnaît l'amour de Dante pour un certain cinéma, mêlant cinéma de genre et grands classiques américains (réfs à La vie est belle de Capra, L'invasion des profanateurs de sépultures de Siegel, La machine à voyager dans le temps, Planète interdite, L'éternel retour, Blanche-Neige, E.T., le Magicien d'Oz). Autant de raisons de faire de Gremlins un petit chef-d'oeuvre, donnant à chaue vision le même plaisir inaltérable.