Gnomeo et Juliette

Gnoméo et Juliette, nain...porte quoi!

Shakespeare s'en retournerait probablement dans sa tombe: son classique, Roméo et Juliette, adapté en dessin-animé en 3D et où ses héros se sont transformés en nains de jardin. Il aurait tort: même si ce film d'animation est loin de rivaliser avec les productions Pixar, il conte une jolie histoire d'amour et de tolérance avec malice et second degré bien vu.

S'adressant essentiellement aux plus petits, certains clins d'œil cinématographiques et sous-entendus plus adultes permettront aux plus âgés de ne pas s'ennuyer. Démarrant sur les chapeaux (c'est le cas de le dire avec des nains de jardin) de roue avec une introduction franchement hilarante, ce Gnoméo et Juliette conte donc l'histoire de deux bandes de nains de jardin en porcelaine – une vraie sinécure pour les animer mais Kelly Asbury, déjà réalisateur de Shrek 2, s'en débrouille avec talent, trouvant des astuces pour les rendre humains et attachants – voisins qui ne se supportent pas depuis des générations. Blanc bonnet et bonnet blanc me direz vous? Et bien non car Gnoméo, intrépide Montaigu, portant bonnet bleu, va tomber sous le charme de la belle Juliette Capulet, affublée d'un bonnet rouge... Malheur!

Co-produit par Elton John (qui fait une apparition dans le film... si si!), le chanteur signe la bande-originale avec reprises réussies de certains de ses standards et compositions originales plus mièvres.  Bénéficiant en outre en anglais d'un casting de voix de chic et de choc (Emily Blunt, Maggie Smith, James McAvoy, Michael Caine, Jason Statham) dont la version française est malheureusement dépourvue (le seul nom un peu connue au générique des doubleurs est celui de Michael Gregorio), Gnoméo et Juliette se laisse donc tout à fait agréablement suivre même si toutes les péripéties qui arrivent aux héros de porcelaine ne sont pas toujours passionnantes pour les adultes. Mais les enfants se réjouiront sans doute des courses de tondeuse, se prendront d'affection pour la rigolote confidente de Juliette, une grenouille bavarde et gaffeuse et trembleront jusqu'au bout en espérant que l'amour sera plus fort que la guerre (c'est beau, hein?). Peu importe comment se terminera cette fable car l'honneur est sauf, une statue de Shakespeare expliquera à Gnoméo (et aux spectateurs innocents) comment se termine la vraie tragédie de l'auteur anglais... Ouf, une fois cette vérité rétablie – et pour ne pas trop choquer les enfants – plus rien ne peut empêcher le happy end et l'amour, pour une fois, de triompher.

Emmanuel Pujol

NDLR: Ayant vu le film en 2D, je ne peux rien dire quand à l'utilité ou non de la version 3D!