Faster

Faster, un vigilante aussi nerveux que bas du front

Attention, le Conducteur n’est pas content… Il sort de prison et il a la rage. Le Conducteur, il ne plaisante pas, c’est un dur, un vrai, un tatoué. Il veut venger la mort de son frère, retrouver les véritables meurtriers et leur faire payer de leur vie ce crime pour lequel il a été condamné à tort. A ses trousses, le Flic et le Tueur bien décidés à interrompre sa cavale sanglante coûte que coûte… Action !

Il fallait quand même un sacré culot et un poil de prétention pour choisir de ne pas donner de noms à ces personnages et ne les identifier que comme des figures archétypales du genre (le Tueur à gages aurait pu être le plus intéressant et le plus original des trois s’il avait été un peu mieux écrit et s’il n’était aussi mal joué par le pseudo beau gosse de service, l’inconnu au bataillon Oliver Jackson-Cohen). Cela a le mérite de donner immédiatement le ton du film, un premier degré qui a le mérite de s’assumer tout au long d’un scénar qui ne réserve guère de surprises…

Suivant une trame minimaliste et ultra classique de vigilante avec twist final qui se grille dès la première bobine (pour le suspense, merci de repasser), Faster ressemble à un bon gros défouloir old-school terriblement primaire. Malheureusement, le tout se termine en eau de boudin dans le sempiternel et moralisateur discours rédempteur lourdingue.

De George Tilman Jr, on n’attendait pas non plus forcément grand-chose derrière la caméra. Après le très clinquant et bling-bling biopic consacré à Notorious B.I.G., il pond un film plutôt bien calibré avec quelques séquences intéressantes et une image assez crasseuse aux couleurs saturées pas inintéressante – surtout au début! Du côté des acteurs, c’est la même chose, on fait le boulot en essayant d’y croire : Dwayne Johnson, voix caverneuse, serre la mâchoire et bande les muscles, Billy Bob Thornton a le regard las mais l’œil vif (allez comprendre…) et Carla Gugino est toujours aussi sexy en diable (à pas encore quarante ans, attention toutefois à l’abus de chirurgie esthétique, ca serait dommage de se Meg Ryaniser) même dans sa tenue de femme-flic de choc…

Faster, en fait, c’est l’exemple type du film bien con-con et vaguement bourrin du samedi soir qui se laisse regarder sans peine et sans cerveau mais qui surtout s’oublie…encore plus vite !

Emmanuel Pujol