Titre VO : Escalade
Un film avec Renaud Cestre , Mathieu Simonet , Thomas Sagols , François Berléand
Genre : Drame - Durée : 1h20 - Année de production : 2011
Date de sortie cinéma : 15 Juin 2011
Distributeur :
Armés d'un bouquet et d'un large sourire, quatre élèves de Terminales sonnent chez Alice Nabat, leur proviseur. Ils viennent lui souhaiter bon anniversaire . Surprise mais émue par tant de gentillesse, Alice Nabat invite les adolescents à prendre un verre. Une fois, la porte refermée, une nuit terrible va se dérouler Que veulent-ils ces aimables garnements venus visiblement avec une arrière-pensée : en découdre avec cette figure de l'Autorité qu'est Alice Nabat ? exercer leur pouvoir qu'ils croient incontestable pour arriver à leurs fins ? Tout au long de la nuit, ils distillent les tricheries d'une scolarité pitoyable jusqu'à l'ultime étape du Bac qui va leur échapper, mettant ainsi leur vrai visage à jour.
Jeudi matin, près de 500.000 candidats plancheront sur la redoutée épreuve de philosophie qui donne traditionnellement le coup d’envoi du baccalauréat… Les sujets sont un secret bien gardé et qui suscitent tous les ans hantise et convoitise. Soupçons de fuite, tentatives de vol, nombreux sont les faits divers (et les légendes urbaines) autour de cet examen, marronnier par excellence des média français.
Pas sur que les élèves de terminal qui auraient la mauvaise idée d’aller voir Escalade ce mercredi y trouvent la moindre source d’inspiration et de réconfort. Car dans ce 5eme long-métrage de la très méconnue Charlotte Silvera (il faut dire que son précédent long, Les filles, personne s’en méfie, remonte à 2003 et était sorti en toute confidentialité – moins de 10 copies en plein mois d’août), les lycéens qui vont rendre une petite visite surprise à leur proviseure sont des cancres issus d’une bourgeoisie de nouveaux riches prêts à tout – et évidemment surtout au pire – pour obtenir leur baccalauréat sans effort.
Au-delà du simple fait que le spectateur n’est jamais bien certain de ce que la réalisatrice entend dénoncer (Banalisation de la violence ? Perte des valeurs morales ? Déliquescence du système éducatif ?) et que très vite, il se désintéresse totalement des enjeux du scénario à cause d’une narration décousue et incohérente, on peut surtout se demander du bien-fondé du postulat même de départ alors qu’en 2010, le taux de réussite au bac général – puisque c’est celui là que les protagonistes du film ont passé – était de … 87,2% ! Alors, oui, on veut bien que la jeunesse soit en manque de repères mais on doute quand même sacrément qu’elle soit assez conne (excusez la vulgarité) pour séquestrer une proviseure pour un malheureux examen que tout le monde – ou presque – réussit.
Et encore cette invraisemblance est presque reléguée au rang de détail fâcheux tant le reste de l’entreprise relève du naufrage : scénario invraisemblable qui tombe dans le grand guignol et qui louche ostensiblement du côté de Funny Games mais sans jamais oser sa radicalité et son nihilisme, dialogues abscons qui se voudraient hautement philosophiques et politiques mais qui tombent systématiquement à plat car déclamés avec grandiloquence, jeu d’acteurs dignes des plus mauvaises sitcoms AB et dont on doute que ce soit un choix artistique volontaire (et que dire du casting des « jeunes » acteurs qui ont tous environ 10 ans de trop pour le rôle, la palme revenant à Mathieu Simonet qui interprète donc un adolescent alors qu’il est né en … 1975 !). Plus le film avance, plus le spectateur a envie de rire nerveusement devant une telle accumulation de clichés et de maladresses.
On en vient presque à souffrir pour Carmen Maura, non pas pour ce que les adolescents font subir à son personnage mais pour son choix de jouer en français dans un tel film. Et quand elle empoigne un couteau, on se souvient avec nostalgie de son rôle dans le déjanté film d’Alex de la Iglesia, Mes chers voisins.
Avec une telle copie aussi hors-sujet que prétentieuse, même le correcteur le plus indulgent ne pourra pas donner la moyenne. Escalade porte bien mal son titre, il aurait sans doute été plus honnête de l’appeler Dégringolade.
Emmanuel Pujol
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